Quatre jeunes Sud-Africains blancs ont été condamnés vendredi à 2.000 euros d'amende chacun pour avoir porté atteinte à la dignité d'employés noirs de leur ancienne université, qu'ils avaient mis en scène dans une vidéo raciste en 2007.
"C'est un message fort envers tous ceux qui pourraient être tentés de commettre des délits similaires", a déclaré à l'audience le juge Mziwonke Hinxa qui a autorisé le paiement de cette amende en plusieurs versements d'ici fin septembre.
Le tribunal de Bloemfontein, dans le centre du pays, leur avait donné le choix entre payer 20.000 rands (2.000 euros, 2.700 dollars) ou effectuer 12 mois de prison.
Ils les avait reconnus coupables mardi d'avoir porté atteinte à la dignité de cinq employés noirs de leur ancienne université.Les jeunes avaient plaidé coupable et le ministère public avait requis une amende d'environ 1.500 euros.
La principale confédération syndicale du pays, Cosatu, s'est "réjoui" vendredi de cette décision, estimant que ces anciens étudiants avaient "insulté la nation entière et pas seulement les employés".
Mais les déboires judiciaires de Johnny Roberts, Schalk van der Merwe, RC Malherbe et Danie Grobler ne s'arrêtent pas à cette condamnation: les victimes ont par ailleurs introduit une requête au civil, devant le tribunal pour l'équité de Bloemfontein, et réclament un million de rands (105.000 euros) à chacun des auteurs de la vidéo.
Les quatre hommes avaient réalisé en 2007, alors qu'ils étaient encore étudiants à Bloemfontein, un film amateur destiné à mettre en scène leur opposition à la mixité raciale dans les résidences de l'université.
A l'écran, ils humiliaient cinq employés noirs d'âge mûr lors d'une parodie de bizutage, notamment en les faisant boire dans des seaux où l'un d'eux semblait avoir uriné.
Les anciens étudiants, "emplis de remords" selon leur avocat, avaient précisé avoir seulement fait semblant d'uriner dans le seau, en pressant une bouteille de jus d'orange.
Le procureur avait expliqué en début de semaine ne pas demander une peine de prison, conformément au souhait des victimes qui voulaient seulement donner une leçon.Il avait estimé que les jeunes avaient "manipulé les cinq employés en profitant de leur analphabétisme".
La diffusion de la vidéo sur internet, début 2008, avait suscité l'indignation dans le pays, en rappelant que le racisme pouvait exister même dans les générations éduquées après la chute de l'apartheid.
Avec l'avènement de la démocratie multiraciale en 1994, l'Université du Free State s'est ouverte aux étudiants noirs, qui représentent aujourd'hui 65% de ses effectifs, mais chaque groupe racial a continué de vivre séparément.
Pour forcer les étudiants à se connaître, la direction a imposé la mixité raciale dans les résidences universitaires à partir de janvier 2008.Cette décision avait déclenché la furie des auteurs de la vidéo raciste.
Après une vague de condamnations, ses auteurs avaient été suspendus de l'université.Un an plus tard, un nouveau recteur noir, Jonathan Jansen, avait autorisé leur réintégration au nom de la réconciliation raciale.
Sa décision avait ravivé le débat et le parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC), lui avait reproché de faire passer les droits des accusés avant ceux des victimes.
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