Le géant minier Anglo American Platinum (Amplats), durement affecté en 2012 par les grèves en Afrique du Sud, a annoncé mardi un vaste plan de restructuration dans le pays, prévoyant 14.000 suppressions d'emplois.
Officiellement, les conflits sociaux meurtriers de la fin de l'année dernière ne sont pourtant pas la raison de ces coupes claires dans les effectifs, conséquences de la fermeture de quatre puits et de la vente d'une mine dans la "ceinture de platine" de Rustenburg (nord).
Amplats, détenue à 80% par le conglomérat Anglo American, incrimine la chute des cours mondiaux du platine, conjuguée à la hausse des coûts d'exploitation, due en partie à la mauvaise qualité du minerai désormais rencontré.
En novembre, la direction du numéro un mondial du platine avait également dû verser des primes et promettre de substantielles augmentations de salaires pour mettre un terme à une grève de près de deux mois.
"Les grèves ne sont pas la raison de la restructuration de la société", a cependant assuré mardi matin le PDG d'Amplats Chris Griffith: "Nous devons faire face à de difficiles décisions pour rétablir la rentabilité de nos sites."
Selon lui, la restructuration, qui va coûter 244 millions d'euros, était de toute façon inéluctable, certains sites n'étant plus rentables depuis déjà "un certain temps".
Le plan prévoit de réduire la production d'Amplats "d'environ 400.000 onces par an" pour aboutir à une fourchette allant de 2,1 à 2,3 millions d'onces.
Un processus de consultation avec les syndicats a démarré mardi, et doit durer deux mois, mais les salariés d'Amplats ont apparemment été pris par surprise: "Nous sommes vraiment sous le choc", a déclaré Lesiba Seshoka, porte-parole du NUM, le syndicat majoritaire dans les mines.
"C'est un désastre pour l'économie, c'est un désastre pour nous tous."
"Nous appelons tous les travailleurs à se rassembler pour combattre ces suppressions de postes, et à agir ensemble pour sauver les emplois", a-t-il ajouté.
Des mineurs ont entamé un débrayage dès mardi soir, a indiqué l'un de leurs représentants à l'AFP.
"Nous avons décidé d'arrêter les opérations à partir de ce soir" (mardi), a indiqué à l'AFP Kadhafi Mdoda, ancien meneur de la grande grève qui avait paralysé les opérations du groupe entre septembre et novembre, ajoutant que les travailleurs espéraient pouvoir rencontrer la direction rapidement.
"Il n'y aura pas d'équipe de nuit, pas d'équipe du matin, jusqu'à ce que nous parvenions à un accord", a-t-il ajouté.
Poumon économique du pays
La ministre des Mines Susan Shabangu a fait part mardi de sa "grave déception", qualifiant la décision d'Amplats d'"unilatérale", et soupçonnant des irrégularités dans son plan social.
Le secteur des mines, sur lequel s'est bâtie la richesse de l'Afrique du Sud depuis le XIXe siècle, emploie directement un demi-million de personnes, dont plus de 180.000 pour le platine et 160.000 pour l'or.
Les mines sont également le poumon économique du pays.Elles représentent directement près de 9% du PIB, et 19% si l'on inclut les activités annexes.Elles contribuent pour la moitié aux exportations sud-africaines.
Lundi soir, le président Jacob Zuma avait d'ailleurs répété pour la énième fois que les grandes compagnies minières devaient contribuer plus encore à l'effort national d'éradication de la pauvreté.
"Je ne pense pas qu'il soit correct de faire d'énormes profits et de ne pas contribuer à aider le pays", a lancé le chef de l'Etat, sans donner aucun détail sur la façon dont il comptait obtenir la contribution des mines au budget de l'Etat.
"Vous devez savoir que vous traitez un problème qui va exploser un jour ou l'autre", a-t-il ajouté, en référence aux violences sociales de ces derniers mois.
2012 a été une année noire pour les mines, notamment dans le secteur du platine.
Dans la foulée de la grève chez Lonmin, à Marikana, où 34 mineurs ont été abattus par la police en août, les autres grands sites de la ceinture de platine de Rustenburg se sont peu à peu arrêtés en septembre et octobre, les mineurs réclamant quasiment le doublement de leurs salaires.
Les violences liées à ces conflits sociaux ont fait au total entre 50 et 60 morts, dont un certain nombre dans des règlements de comptes entre partisans de syndicats rivaux.
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