Somalie: les islamistes annoncent avoir exécuté l'otage français Denis Allex

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NAIROBI (AFP) - (AFP)

Les islamistes somaliens shebab ont annoncé jeudi avoir exécuté leur otage français Denis Allex, détenu depuis 2009 et donné pour mort par la France depuis un raid infructueux de commandos français visant à le libérer samedi dernier.

"16h30 GMT, mercredi 16 janvier 2013, Denis Allex est exécuté" annonce un message des shebab, posté jeudi sur leur compte tweeter et authentifié au téléphone auprès de l'AFP par un responsable du mouvement islamiste.

L'otage a été exécuté à Bulomarer, localité du sud de la Somalie, a ajouté ce responsable, qui s'exprimait au téléphone sous couvert de l'anonymat.C'est dans cette même localité qu'une cinquantaine de commandos français avaient tenté, en vain, une opération pour libérer l'otage dans la nuit de vendredi à samedi.

"Des documents audio et vidéo sont disponibles et seront rendus publics quand nous le déciderons", a ajouté le responsable islamiste, interrogé par l'AFP sur l'existence de preuves de la réalité de l'exécution annoncée.

Les shebab avaient annoncé mercredi par le même canal avoir "décidé unanimement d'exécuter" leur otage, alors que les autorités françaises les accusent de se livrer depuis plusieurs jours à une "manipulation médiatique".

"Nous soupçonnons, et nous n'avons, je crois, pas tort de le faire, les shebab somaliens de pratiquer de la manipulation médiatique", avait réagi mercredi sur Europe 1 le chef d'état-major des armées françaises, l'amiral Edouard Guillaud, à l'annonce du verdict concernant l'otage.

Le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian a estimé, dès l'annonce samedi de l'opération française infructueuse, que l'otage français avait alors selon toute vraisemblance été "exécuté par ses geôliers".

Denis Allex - très vraisemblablement un pseudonyme - était un agent des services français de renseignement extérieur (DGSE).Il a été enlevé en juillet 2009 dans la capitale Mogadiscio, où il était officiellement en mission pour former des éléments de la police et de la garde présidentielle somaliennes.

Il était marié et père de trois enfants.En juillet, son épouse lui avait adressé un unique et émouvant message public: "je veux te rassurer, te dire que nous allons bien.Les enfants sont solides (...), ils pensent beaucoup à toi". 

Dans leur communiqué publié mercredi, les shebab expliquaient qu'"avec sa tentative de sauvetage, la France (avait) volontairement signé l'arrêt de mort d'Allex", assurant que celui-ci était "encore en vie et à l'abri", samedi à l'issue de l'opération commando ayant échoué à le libérer, qu'ils qualifiaient d'"erreur abyssale".

"Vu la persécution croissante par la France des musulmans à travers le monde, sa politique d'oppression de l'islam sur son sol (et) les opérations militaires françaises dans la guerre contre la charia en Afghanistan et plus récemment au Mali (...) les shebab ont décidé à l'unanimité d'exécuter l'agent français de renseignement Denis Allex", poursuivaient alors les islamistes dans leur communiqué.

La France est intervenue militairement au Mali, avec plus de 800 soldats français d'ores et déjà déployés, pour repousser les insurgés islamistes qui contrôlent depuis l'an dernier le nord du pays.

L'intervention militaire française au Mali a débuté en même temps que la tentative de libération de l'otage en Somalie, mais Paris assure que les deux opérations n'ont aucun lien.

Mardi, les shebab avaient publié sur twitter des photos du cadavre d'un homme blanc, présenté comme le chef du commando français tué dans l'opération ratée pour libérer Denis Allex.

Aucune image de Denis Allex, vivant ou mort, n'a revanche été publiée depuis le raid.

La captivité de Denis Allex était la plus longue d'un otage français à l'étranger, derrière celle de la Franco-colombienne Ingrid Betancourt, détenue plus de six ans par les guérilleros colombiens.

Pendant toute la durée de cette détention dans des conditions très dures, les services français sont restés pleinement mobilisés, déployant dès le printemps 2010 une équipe sur l'aéroport de Mogadiscio, dans une capitale somalienne alors tenue en grande partie par les islamistes. "Cette prise d'otage est la plus difficile à laquelle j'ai jamais été confrontée", expliquait alors à l'AFP un responsable en charge du dossier, précisant que l'otage était aux mains de la fraction la plus extrémiste des shebab.

Le 4 octobre, Denis Allex était apparu, pâle et yeux cernés, dans une vidéo de ses ravisseurs dans laquelle il lisait un texte pour presser M. Hollande d'oeuvrer à sa libération.

Depuis qu'ils ont été chassés de Mogadiscio par une force de l'Union africaine (UA), en août 2011, les shebab ont accumulé les revers militaires face à une coalition d'armées régionales mieux équipées et ont dû abandonner la totalité de leurs bastions. Ils contrôlent néanmoins encore de larges zones rurales du sud et du centre de la Somalie, pays pauvre de la Corne de l'Afrique, privé d'Etat de droit depuis le début de la guerre civile en 1991, et où de nouvelles institutions mises en place en septembre dernier tentent depuis d'affirmer leur autorité.

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