Trois personnes ont été tuées et plus de 400 autres blessées dimanche à Port-Saïd dans les graves violences qui secouaient cette ville du nord-est de l'Egypte pour la deuxième journée consécutive, après la condamnation à mort de 21 supporteurs de football locaux.
Les trois personnes, dont un jeune homme de 18 ans atteint à la poitrine par une balle, ont été tuées en marge des funérailles d'une partie des 31 victimes de la veille, selon des sources médicales.Plus de 430 personnes ont également été blessées en marge de ces obsèques qui ont réuni des milliers de personnes.
Des coups de feu d'origine indéterminée ont été entendus pendant que les dépouilles, enveloppées dans des linceuls blancs, étaient transportées d'une mosquée vers le cimetière, provoquant un mouvement de panique dans la foule puis des scènes d'émeute, ont rapporté des témoins.
"Il n'y a de Dieu que Dieu", criait la foule rassemblée pour le cortège dans la rue principale de la ville.
Certains exprimaient aussi leur colère contre le pouvoir islamiste, scandant "A bas le pouvoir du Guide" des Frères musulmans, dont est issu le président Mohamed Morsi.
Le bilan officiel fait état de 31 morts samedi, dont deux policiers pour qui des funérailles militaires ont été organisées au Caire.Le nombre exact des victimes inhumées dimanche à Port-Saïd n'est pas encore connu.
Les violences ont éclaté juste après la condamnation à mort samedi de 21 supporteurs du club de football local Al-Masry, pour leur implication dans des violences ayant fait 74 morts en février 2012, après un match contre une équipe du Caire, Al-Ahly.
Des proches des condamnés à mort ont alors essayé de prendre d'assaut la prison où ces derniers sont détenus.Des habitants de Port-Saïd ont aussi attaqué deux postes de police.
Des médecins ont indiqué à l'AFP que toutes les victimes de samedi avaient été tuées par balles réelles.L'armée pour sa part a démenti avoir utilisé de telles munitions.
Des militaires ont pris position depuis samedi dans la ville portuaire située à l'entrée nord du canal de Suez, pour protéger les bâtiments publics et les sites sensibles.
Beaucoup d'Egyptiens estiment que les violences de l'an dernier à Port-Saïd ont été orchestrées par la police ou par des partisans du président déchu Hosni Moubarak.
Des habitants de Port-Saïd assurent que les condamnations à mort ont été motivées par le souhait d'éviter des troubles plus graves encore avec les supporteurs très organisés d'Al-Ahly, les "Ultras", qui avaient menacé de semer le "chaos" si le verdict n'était pas assez sévère.
"Un verdict politique"
"C'est un verdict politique qui a sacrifié nos enfants pour éviter le chaos.Nos enfants sont des boucs émissaires", a affirmé à l'AFP un habitant, Achraf Sayyed.
Dès vendredi, plusieurs villes d'Egypte, dont Le Caire, ont connu des troubles à l'occasion du deuxième anniversaire du début du soulèvement ayant conduit à la chute de Hosni Moubarak.
Les affrontements lors de cette "Journée de la Révolution" entre forces de l'ordre et opposants au président Morsi ont fait neuf morts et des centaines de blessés, reflétant les profondes divisions politiques dans le pays et les tensions persistantes entre la police et une partie de la population.
Au Caire, des accrochages sporadiques ont continué d'opposer dimanche de petits groupes de jeunes à des policiers près de la place Tahrir, selon la télévision publique.
Les ambassades des Etats-Unis et de Grande-Bretagne, situées à proximité, ont annoncé la suspension dimanche de leurs services au public.
Des affrontements ont également repris à Suez, à l'entrée sud du canal du même nom, où quatre commissariats ont été attaqués dans la nuit, selon une source au sein des services de sécurité.Huit personnes avaient perdu la vie vendredi dans cette ville.
Dans ce climat de vives tensions, l'opposition regroupée au sein du Front du salut national (FSN) a réclamé samedi une "solution globale" à la crise politique incluant notamment un "gouvernement de salut national".
Faute de quoi, a-t-elle prévenu, elle boycotterait les législatives prévues en principe en mars ou avril, et réclamerait une présidentielle anticipée.
L'opposition laïque et le pouvoir sont à couteaux tirés depuis novembre, quand le président Morsi s'est doté temporairement de pouvoirs exceptionnels puis a fait passer lors d'un référendum controversé un projet de Constitution soutenu par les islamistes.
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