Mali: la traque des jihadistes se poursuit, Paris attend les Africains

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GAO (Mali) (AFP) - (AFP)

L'armée française et des éléments de l'armée tchadienne poursuivaient lundi dans l'extrême nord-est du Mali leur traque des islamistes armés qui s'y sont repliés après leur fuite des grandes villes de Gao, Tombouctou et Kidal, et où ils détiennent probablement sept otages français.

A Paris, le président François Hollande et le vice-président américain Joe Biden se sont mis d'accord lundi pour que la force africaine en cours de déploiement au Mali soit "aussi rapidement que possible placée sous l'autorité de l'ONU", dans le cadre d'une "opération de maintien de la paix".

M. Biden a rendu hommage au "courage" et à la "compétence impressionnante" des soldats français engagés au Mali et a félicité la France pour son "action décisive" dans ce pays, tandis que le chef de l'Etat français a remercié Washington pour son "soutien politique, matériel, logistique".

Tout en poursuivant sa traque des chefs et combattants des groupes islamistes liés à Al-Qaïda dans le massif des Ifoghas, au nord de Kidal (1.500 km de Bamako), tout près de la frontière algérienne, la France espère que ses soldats seront le plus vite possible relayés par des soldats africains.

 "Dans les villes que nous tenons, nous souhaitons être rapidement relayés par les forces africaines de la Misma" (force interafricaine autorisée par l'ONU), a déclaré lundi Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères.

Les forces africaines doivent à terme comprendre quelque 6.000 soldats d'Afrique de l'Ouest et du Tchad, dont de premiers éléments se trouvent à Kidal, aux côtés de l'armée française.

Cette position avait déjà été rappelée samedi lors de sa visite au Mali par le président Hollande, qui a cependant souligné que l'armée française ne quitterait pas le territoire malien tant que les armées africaines n'y seraient pas installées.

"La France restera avec vous le temps qu'il faudra, c'est-à-dire le temps que les Africains eux-mêmes prendront (...) pour nous remplacer, mais jusque-là, nous serons à vos côtés jusqu'au bout, jusqu'au Nord Mali", avait déclaré le chef de l'Etat.

A propos des frappes aériennes menées pendant le week-end sur les Ifoghas, M. Fabius a estimé que les islamistes qui y sont réfugiés "ne peuvent rester là-bas durablement que s'ils ont des moyens de ravitaillement.Donc l'armée, de manière très efficace, est en train de saper cela".

L'Algérie n'avait pas officiellement réagi aux bombardements français à ses portes, mais Mohamed Baba Ali, député de la région de Tamanrasset, ville du sud de l'Algérie proche du Mali, a affirmé que l'armée algérienne avait renforcé sa présence à la frontière, fermée depuis le 14 janvier, afin "d'éviter l'infiltration de groupes terroristes".

C'est dans les Ifoghas, immense zone de montagnes et de grottes, berceau des Touareg, que des chefs et des combattants islamistes se sont réfugiés après leur fuite des grandes villes du nord du Mali, qu'ils y ont aussi caché de l'armement, selon des experts et des sources sécuritaires régionales.

Reprise de l'aide française au développement

C'est aussi là que se trouveraient les sept otages français enlevés au Niger et au Mali en 2011 et 2012 par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et un autre groupe islamiste armé, le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao).

Parmi les dirigeants islamistes supposés réfugiés dans les Ifoghas, on cite l'Algérien Abou Zeïd, un des émirs les plus radicaux d'Aqmi, et Iyad Ag Ghaly, chef d'Ansar Dine (Défenseurs de l'islam), ex-rebelle touareg malien des années 1990, originaire de Kidal, qui connaît parfaitement la région.

Un autre dirigeant, Mohamed Moussa Ag Mouhamed, présenté comme le numéro trois d'Ansar Dine et la "tête pensante" de ce mouvement à Tombouctou où il a ordonné de nombreuses exactions, a été arrêté dimanche au nord de Kidal, selon des sources de sécurité de la région.

 Ces mêmes sources ont affirmé qu'un membre du Mujao, qui occupait Gao, avait également été arrêté.Elles n'ont cependant pas précisé qui avait procédé à ces arrestations, mais les regards se tournent vers le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA).

Kidal a longtemps été le bastion d'Ansar Dine, mais elle était passée sous le contrôle du Mouvement islamique de l'Azawad (MIA, dissidence d'Ansar Dine s'affirmant "modérée") et du MNLA, juste avant l'arrivée de soldats français dans la nuit du 29 au 30 janvier et la fuite des jihadistes.

Parallèlement à l'opération militaire, la France insiste sur la nécessité d'un rétablissement d'institutions démocratiques issues d'élections "justes et transparentes" et la mise en place d'une politique de développement, en particulier pour les régions du Nord, isolées et quasi-désertiques.

Le ministre français chargé du Développement, Pascal Canfin, a dans cette perspective annoncé la reprise progressive de l'aide publique au développement, gelée depuis le coup d'Etat militaire du 22 mars 2012 qui avait précipité la chute du Nord aux mains des islamistes armés.

Signe d'un début de retour à la normale, des écoles ont rouvert à Gao, la plus grande ville du Nord, reprise le 26 janvier par les soldats français et maliens.Et à Genève, le Comité international de la Croix Rouge a fait état d'un "début de retour" de déplacés dans le centre du Mali, concernant environ 7.000 personnes.

Il y a au total près de 150.000 réfugiés maliens à l'étrange et 227.000 déplacés à l'intérieur du Mali, d'après les Nations unies.

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