Un débat qui n'a cours qu'en France s'immisce depuis quelques temps dans le dossier malien. L'affaire est propagée par des « experts » français, infatigables défenseurs du « peuple touareg ». Le logiciel sur lequel se fondent leurs sentences s'apparente à une véritable campagne désinformation et d'intoxication. Partout, ils véhiculent ce même postulat : le « peuple touareg » �?? aux contours indéterminés �?? soumis depuis la nuit des temps à la discrimination économique et sociale, voit venir l'heure, avec la guerre en cours au Mali, de satisfaire sa « légitime » aspiration à l'autonomie, voire à l'indépendance. Selon les auteurs de ce postulat, détenteurs d'un obscur mandat, indifférents aux conséquences de telles affirmations, le Mouvement de libération de l'Azawad (MNLA) incarnerait cette « légitime revendication » de l'ensemble des Touaregs du Mali. Et, ne reculant devant aucune approximation, ils laissent entendre gaillardement que le Nord du Mali serait une sorte de touareg-land, exclusivement habité par cette seule communauté.Ces dangereuses assertions sont assénées sur les ondes et les écrans de télévision. Dans notre précédente livraison sur ce blog, nous avions déjà relevé la variété des divagations de ces docteurs es Afrique, notamment les tombereaux d'inepties débitées à propos de cet « Azawad » sorti de l'imagination enfiévrée des bandits armés du MNLA. Il n'est donc pas inutile de rappeler encore que la grande majorité des Touaregs se sont très tôt désolidarisés de ces aventuriers du MNLA. Il suffirait d'écouter les citoyens du Mali pour comprendre qu'il n'existe pas d'antagonisme systémique entre les diverses composantes de leur société. Disons-le encore : il n'existe pas de « problème touareg », distinct des préoccupations partagées par l'ensemble des Maliens. Et ceux qui projettent sur le Mali des idées séparatistes, tels des apprentis-sorciers, portent, pour une seconde fois, atteinte à son intégrité et sa cohésion sociale, morale et culturelle.Cette funeste campagne d'intoxication aurait pu être rangée dans le registre des fictions produites par des esprits enfiévrés. Mais l'affaire se complique, dès lors que ces égarements de l'esprit sont relayés, en France, par l'action politique. Fin 2012, quelques mois avant la fin du mandat de Nicolas Sarkozy, un deal cautionné par l'Elysée, fut conclu entre certains fonctionnaires du Quai d'Orsay, et les représentants du MNLA. Un arrangement hallucinant, sur fond de guerre en Lybie : contre la promesse du MNLA de récupérer les otages français en combattant Al Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), la France s'engageait à soutenir les revendications indépendantistes des sombres hérauts de l'Azawad. On se demande toujours comment les acteurs français de ce deal ont pu se laisser convaincre par des individus d'un tel acabit�?� Nous avions averti à l'époque, que ce douteux arrangement serait l'un des dossiers les plus sensibles dont allait hériter le successeur de Nicolas Sarkozy. D'où la question : et si l'action militaire engagée au Mali par François Hollande était comprise comme la réparation d'une erreur française, une faute politique qui aurait pu se révéler éminemment préjudiciable aux relations entre les deux pays ?Début février, le fantasme du « martyr touareg » a ressurgi à quelques jours de la visite de François Hollande au Mali. L'affaire fut alimentée par des politiques, de gauche comme de droite, et aussi les mêmes experts es Afrique. Convaincus d'être habités par la grâce, ils déclinèrent sur tous les tons, « leur » solution miracle pour sortir le Mali de l'ornière, à savoir des « négociations » avec les Touaregs, et plus précisément avec le MNLA ! On a beau leur dire et répéter que le Mali n'est pas en proie à un conflit communautaire, qu'il n'existe pas une confrontation entre la communauté touareg et les autres Maliens, que c'est faire injure aux Touaregs que de les réduire et assimiler aux imposteurs du MNLA, que la guerre en cours n'est pas dirigée contre les Touaregs, mais conduite contre une multinationale du crime organisé, contre les tenants d'une idéologie criminelle dressée contre l'ensemble des populations maliennes�?� Rien n'y fait : nos chantres de la « négociation » avec le MNLA préfèrent continuer à pousser leur couplet à l'infini, emporté dans un songe suspect, en totale rupture avec la réalité malienne. On a beau leur dire�?� mais l'obsession de l'équation de « l'homme bleu » semble dominer la raison et supplanter l'évidence des faits. Une énigme !�?�L'introduction, dans le dossier malien, de la proposition d'une négociation avec le MNLA, allait semer le trouble, à quelques heures du voyage annoncé de François Hollande au Mali, le 2 février 2013. L'angoissante question surgit alors : après le « sans-faute » observé jusque-là dans la conduite de l'intervention militaire au Mali, les autorités françaises allaient-elles commettre la faute ? Allaient-elles succomber aux funestes conseils des messieurs Afrique du Quai d'Orsay affublés du deal conclu fin 2012 avec les coupe-jarrets du MNLA ? Le 29 janvier 2013, à Bamako, les députés rejetaient toute forme de négociation avec le MNLA. Une décision approuvée par l'ensemble de l'opinion à travers le pays. La presse malienne, tout en saluant l'action militaire de la France, mit alors en garde le pouvoir français « contre toutes les entreprises occultes visant à diviser les Maliens ». Mais les craintes d'une probable « faute française » se sont évanouies, telles d'éphémères extravagances, dès l'arrivée sur le sol malien de François Hollande, le 2 février 2013�?� Cependant, si ce voyage du président français, dont la portée historique a été soulignée par l'ensemble des Maliens, a rétabli la juste lecture des événements, il n'a pas encore permis d'évacuer les miasmes des suspectes sentences des Docteur Folamour, missionnaires d'une Afrique fantasmée, propagateurs véhéments de clichés périmés�?�[Retrouvez tous les posts de Francis Laloupo->http://francislaloupo.wordpress.com]
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