Les Kenyans votaient en masse mercredi matin sur l'adoption d'une nouvelle Constitution censée rendre leurs institutions plus démocratiques, un scrutin placé sous haute sécurité pour éviter la répétition des violences post-électorales meurtrières de fin 2007-début 2008.
Quelque 12,4 millions d'électeurs sont appelés à se prononcer sur ce texte défendu par le président Mwai Kibaki et le Premier ministre du gouvernement d'union nationale Raila Odinga, et qui, si les sondages de campagne se confirmaient, devrait être approuvé.
"La participation est très impressionnante dans tous les bureaux de vote et nous ne prévoyons aucun problème", a expliqué le président de la Commission électorale intérimaire, Issack Hassan.Selon lui, les résultats devraient être connus d'ici vendredi.
Des files d'attente de plusieurs centaines de personnes s'étaient formées devant les bureaux de vote de Nairobi et en province dès l'ouverture du scrutin à 06H00 (03H00 GMT).
Les électeurs ont jusque 17H00 (14H00 GMT) pour voter pour ou contre ce texte destiné à remplacer la Constitution du pays qui remonte à son indépendance de la Grande-Bretagne en 1963.La campagne a été tendue, marquée par une attaque à la grenade qui a fait six mort lors d'un rassemblement en faveur du "non", le 13 juin à Nairobi.
Quelque 70.000 membres des forces de sécurité étaient déployés dans le pays, notamment dans la très sensible vallée du Rift (ouest), épicentre des violences politico-ethniques qui avaient accompagné la réélection controversée du président Kibaki, le 27 décembre 2007.
Des habitants de plusieurs localités de la Vallée du Rift ont momentanément quitté leur domicile pour se mettre à l'abri, de peur de nouvelles violences, mais des électeurs et des observateurs se montraient plus sereins.
"La Constitution propose de taxer la terre et je suis contre.L'autre problème, c'est l'avortement.Je suis opposé à la légalisation de l'avortement", expliquait à l'AFP à Eldoret (nord-ouest) Stanley Rotich, 21 ans, après avoir coché le "non" sur son bulletin de vote.
"Je ne pense pas qu'il y aura de problème, que le oui ou le non l'emporte.Nous devons accepter le résultat", a-t-il ajouté.
Le texte conserve un régime présidentiel mais le tempère d'importants garde-fous.Il inclut la possibilité de destituer le président.Le projet instaure également une forme de décentralisation, une partie du budget national étant dévolue à un nouvel échelon administratif, le comté.
Une réforme foncière cruciale destinée à rectifier les "injustices historiques" en matière de répartition des terres dans ce pays essentiellement agricole y figure également.
Le camp du non, emmené par les Eglises et les leaders de la communauté kalenjin -- l'ancien président Daniel Arap Moï et le ministre de l'Enseignement supérieur William Ruto -- a dénoncé l'introduction dans le nouveau texte de l'avortement thérapeutique, le maintien de tribunaux islamiques chargés des questions familiales, et agité le spectre de la confiscation de terres par l'Etat.
"Les gens qui ont alimenté la question de la terre appartiennent à l'élite kalenjin, avec à sa tête l'ex-président (Moï).Ces gens possèdent de grandes fermes dont le mode d'acquisition demeure sujet à caution", a souligné Ken Wafula, le directeur du Centre pour les droits de l'Homme et la démocratie, installé à Eldoret.
Devant la Cathédrale de la Sainte-Famille à Nairobi, William Owuoth, "pasteur à temps partiel" protégé de la froidure matinale par un bonnet de laine, vient de voter oui.
"Nous avons besoin de changement.Nous avons souffert ces 40 dernières années.Je pense que la nouvelle Constitution va améliorer nos vies et celles de nos enfants", explique-t-il, ajoutant que selon lui, les autorités religieuses du pays ont "trompé les gens" en descendant dans l'arène politique.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.