Les habitants de l'ancienne cité pharaonique de Louxor craignent que la mort de 19 touristes dans l'explosion d'une montgolfière mardi ne porte un coup majeur à une industrie touristique autrefois florissante, déjà affectée depuis deux ans par l'instabilité qui a suivi la révolte populaire.
"L'accident va avoir un effet dévastateur sur le tourisme", déplore Yasser al-Zambali, propriétaire de Dream Balloon à Louxor, l'une des quelques sociétés organisant des excursions en montgolfière au-dessus de la ville.
"Comment convaincre les autres touristes de payer si ce n'est qu'un dollar pour un tour en montgolfière maintenant?", demande-t-il.
Mardi, l'appareil qui transportait des touristes de Hong Kong, de Grande-Bretagne, de France, du Japon et de Hongrie a explosé en vol, tuant 19 personnes.
Les habitants et professionnels du tourisme à Louxor craignent que l'accident n'éloigne encore plus les touristes, alors que l'Egypte lutte pour relancer ce secteur-clé, source majeure de devises, et que les réserves en devises du pays sont récemment tombées à un "minimum critique" selon la Banque centrale.
"C'est la saison haute, mais il n'y a que quelques dizaines de touristes", dit M. al-Zambali.
Selon Raymond Lhalaf, qui gère les réservations dans un hôtel cinq étoiles situé sur les berges du Nil, le taux d'occupation est de 35%.
"Normalement, à cette époque de l'année, il est de 90%", affirme-t-il.
Au Old Winter Palace, où l'ancien président français Nicolas Sarkozy a séjourné en 2007 avec Carla Bruni, le taux était de 40%.
"La situation n'est pas mauvaise à cause de la révolution, elle est mauvaise à cause de la violence qui a suivi", dit Mohammed Ali, l'un des responsables de l'hôtel.
L'Egypte vit dans la tourmente politique depuis le soulèvement qui a renversé Hosni Moubarak début 2011, mais l'instabilité et l'insécurité ont augmenté depuis novembre dernier, date à laquelle le président Mohamed Morsi s'est arrogé des pouvoirs exceptionnels par décret.
Il a par la suite renoncé à ces pouvoirs, mais le décret a permis de faire passer un projet de Constitution rédigé par une commission dominée par les islamistes et vivement contesté par l'opposition, divisant le pays et provoquant des violences meurtrières.
Selon les habitants, l'accident est le dernier d'une série de problèmes obscurcissant l'avenir immédiat pour Louxor, un véritable musée à ciel ouvert qui accueille la Vallée des Rois et les temples de Louxor et Karnak.
Les affrontements qui ont fait des dizaines de morts en janvier ont ainsi aggravé la situation.
"La violence qui a marqué le deuxième anniversaire de la révolution a provoqué près d'un millier d'annulations dans cet hôtel", a dit M. Ali.
Ahmed Sayyed, un guide touristique, indique qu'avant la révolte, il travaillait avec deux groupes par jour.
"Maintenant c'est un groupe tous les trois jours.Mes revenus ont baissé de 75%", dit-il.
Les habitants disent que la ville a désespérément besoin d'être développée et que de nouvelles infrastructures sont nécessaires pour attirer les touristes.
Parmi les rares touristes visitant les sites antiques, Martin, un Danois, affirme que "la situation est pire que ce que j'avais imaginé, surtout avec le manque d'organisation et le chaos".
Devant les hôtels de luxe, sur la corniche bordée de palmiers qui longe le Nil, des dizaines de carrosses tirés par des chevaux attendent des clients.
En 2010, l'occupation était de 100% et certains établissements ne pouvaient faire face au nombre de réservations, selon un responsable des autorités touristiques.
"Mais maintenant c'est la saison haute et la ville est presque déserte", dit-il.
"Je voudrais juste entendre de bonnes nouvelles qui relanceraient le tourisme", lance un commerçant, Ossama Hamdy.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.