La même scène était visible dans la nuit de dimanche à lundi partout au Kenya: des milliers de personnes faisant la queue, attendant pendant des heures l'ouverture des bureaux de vote.Avec l'espoir, cette fois, d'une élection équitable et paisible.
A Kisumu (ouest), fief du Premier ministre sortant Raila Odinga, des sifflets et des vuvuzelas déchirent la nuit pour appeler à la mobilisation civique.
"Nous avons dormi ici pendant la nuit", relève fièrement Susan Morell, 30 ans."Nous voulons le changement, mais nous voulons la paix.Nous accepterons le résultat, parce que nous sommes sûrs de gagner", assure cette inconditionnelle de M. Odinga.
Un pronostic qui révèle toute l'ambiguïté du scrutin, cinq ans après la précédente présidentielle qui avait tourné au bain de sang.Les deux principaux camps -- ceux de M. Odinga et du vice-Premier ministre Uhuru Kenyatta -- assurent être prêts à concéder la défaite, mais ne paraissent pas nourrir le moindre doute sur leur victoire.
A Kibera, le plus grand bidonville du pays, en bordure de la capitale Nairobi, un impressionnant dispositif policier est en place.
Dans l'un des principaux bureaux de vote, la température est montée alors que le vote tardait à débuter."C'est l'heure, c'est l'heure", ont hurlé des habitants, frappant contre l'enceinte du bureau, avant qu'un policier armé ne sorte les calmer.
Plus tard dans un autre centre de vote du bidonville, les électeurs patientaient dans le calme.
"Les choses se passent bien.Au moins nous n'avons pas le chaos des élections de 2007-2008, et nous espérons que tout se passera bien à la fin de la journée", soupire Jacklyne Mulibitsi, 20 ans.
Une confiance mesurée, et pour cause: le même sentiment de sérénité avait dominé l'élection controversée du 27 décembre 2007.Ce n'est qu'à l'annonce des résultats que la violence s'était déchaînée.
Kisumu et Kibera sont des bastions de M. Odinga.Les partisans de M. Kenyatta se recrutent eux plutôt dans le centre du pays et la Vallée du Rift.
Là aussi, les mêmes foules ont patienté dans la nuit."Nous voulons montrer au monde que cette fois notre démocratie a mûri", explique Ann Njeri, 30 ans, devant un bureau de vote de Nakuru, épicentre des violences d'il y a cinq ans (200 morts et 100.000 déplacés), dans cette Vallée du Rift convoitée pour ses terres fertiles.
Ann Njeri est arrivée à 4h00 du matin, avec son petit dernier de onze mois emmailloté dans son dos.
Relevé d'empreintes défaillant
Dans nombre des quelque 30.000 bureaux de vote, les systèmes d'identification biométriques n'ont cependant pas fonctionné, ou alors il n'y avait pas d'électricité pour les alimenter, entraînant parfois jusqu'à deux heures de retard dans l'ouverture des bureaux de vote, prévue à 06h00 (03H00 GMT).
Ce système de vérification d'empreintes digitales permet d'afficher sur l'ordinateur portable du bureau de vote l'identité de l'électeur, une innovation destinée à prévenir la fraude.
Mais quand le système est défaillant, il faut recourir au registre électoral.De quoi retarder encore plus le vote, déjà compliqué par le nombre record de six scrutins simultanés, du président au conseiller d'arrondissement.
Dans plusieurs bureaux de vote, des électeurs ont ainsi eu la mauvaise surprise de ne pas voir leur nom sur les listes.
Le soleil commence maintenant à frapper les milliers d'électeurs devant les locaux de l'école primaire de la rue Kinyanjui, banlieue pauvre de l'ouest de Nairobi.
A la troisième tentative, le système de reconnaissance biométrique identifie correctement le pouce de l'électeur Benson Kuya.A l'autre bout de la file, un agent électoral marque au feutre indélébile l'index d'une jeune femme.La marque "ne peut pas partir pendant longtemps" pour éviter la fraude, se félicite l'assesseur en chef, Caroline Nganga."Je vais le laver tout de suite" rétorque avec un sourire canaille la jeune femme qui s'éclipse sans donner son nom.
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