Le vice-Premier ministre sortant Uhuru Kenyatta disposait vendredi d'une large avance, à deux doigts de lui assurer une victoire dès le premier tour de l'élection présidentielle au Kenya, dont les résultats définitifs se faisaient toujours attendre en fin d'après-midi.
Confrontée à divers cafouillages et pannes techniques, la Commission électorale (IEBC), sous le feu des critiques, avait annoncé pour vendredi la publication du résultat final du scrutin organisé lundi.
"Nous travaillons 24 heures sur 24 pour pouvoir annoncer le résultat aujourd'hui (vendredi), mais les choses ne se passent pas toujours comme prévues", a commenté vendredi en fin d'après-midi son président, Ahmed Issack Hassan, sans donner plus de détail.
Un tribunal kényan, saisi par des associations kényanes pour faire cesser le décompte, s'était peu avant déclaré incompétent.
Peu après 18H00 (15H00 GMT), plus de 10,3 millions de bulletins, sur 14,3 millions d'inscrits, avaient été dépouillés et donnaient plus de 5,1 millions de voix à M. Kenyatta, fils du premier président du pays, soit près de 650.000 suffrages d'avance sur son adversaire direct, le Premier ministre sortant Raila Odinga, 68 ans.
Ce score plaçait M. Kenyatta, 51 ans, très légèrement en dessous de la barre des 50% des votants requise pour une victoire au premier tour, avec désormais nettement moins d'un quart des circonscriptions restant à comptabiliser.
Quatre jours après le scrutin de lundi, le Kenya attendait toujours dans le calme de savoir si M. Kenyatta, inculpé par la Cour pénale internationale (CPI) pour son rôle présumé dans les violences sur lesquelles avait débouché fin 2007 le précédent scrutin, serait son prochain président ou si un second tour allait l'opposer en avril à M. Odinga.
Arrivé en troisième position, très loin derrière les deux premiers, l'autre vice-Premier ministre sortant Musalia Mudavadi a appelé MM.Kenyatta et Odinga à accepter l'issue du scrutin quelle qu'elle soit.
"J'ai souligné auprès d'eux que le calme actuel était très précaire et qu'il dépendait entièrement de leur capacité à contrôler les émotions de leurs partisans au moment de l'annonce finale" des résultats.
Le camp Odinga a d'ores et déjà dénoncé des "résultats trafiqués", des accusations catégoriquement rejetées par la commission électorale.
M. Odinga avait été battu de justesse fin 2007 par le président sortant Mwai Kibaki, qui à 81 ans ne se représente pas cette année.
De forts soupçons de fraude avaient jeté ses partisans dans la rue et débouché sur de sanglants affrontements politico-ethniques: plus de 1.000 personnes avaient été tuées et des centaines de milliers d'autres déplacées.
Uhuru Kenyatta, qui soutenait alors Mwai Kibaki, est soupçonné par la CPI d'avoir joué un rôle dans l'organisation de ces massacres, ce qu'il nie.
L'ouverture de son procès à La Haye a été reportée du 11 avril au 9 juillet, en raison "d'importantes questions" soulevées par la défense qui invoque de nouveaux éléments au dossier, selon la CPI.
"Il n'y a absolument aucun lien" entre la date d'ouverture du procès de M. Kenyatta et les élections au Kenya, avait indiqué jeudi à l'AFP Fadi el-Abdallah, porte-parole de la Cour.
M. Kenyatta est la première personnalité politique inculpée par la CPI qui pourrait être élue chef de l'Etat avant l'ouverture de son procès, ce qui créerait une situation politique et juridique inédite.
La CPI a déjà inculpé en 2009 un chef d'Etat, le soudanais Omar el-Béchir, accusé de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre au Darfour (ouest du Soudan), mais M. Béchir était alors déjà au pouvoir depuis vingt ans.
Le président soudanais n'a toujours pas été interpellé mais ne peut se rendre dans de nombreux pays au risque d'être arrêté.
M. Kenyatta a assuré que, même élu, il assisterait à La Haye à son procès, qui pourrait durer au moins deux ans, en dépit des difficultés à concilier cette obligation avec ses fonctions.Aucun mandat d'arrêt ne sera réclamé contre lui tant qu'il collaborera avec la CPI, avait expliqué fin 2012 sa procureure, Fatou Bensouda.
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