Tchad: au moins trois morts dans un présumé complot déjoué

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N'DJAMENA (AFP) - (AFP)

Au moins trois personnes ont été tuées mercredi et plusieurs autres, dont deux députés et deux généraux, arrêtées à N'Djamena quand les forces de l'ordre tchadiennes sont intervenues pour déjouer un présumé "complot" contre le régime d'Idriss Déby, apprend-on jeudi de sources concordantes.

"Il y a un groupe d'individus qui préparaient un complot contre les institutions de l'Etat.Mais ce groupe est suivi depuis le mois de décembre par des services de sécurité et hier (mercredi), à l'occasion de l'une de leurs réunions, les forces de l'ordre sont intervenues pour les arrêter", a affirmé jeudi le chef de la diplomatie tchadienne Moussa Faki, à Brazzaville en marge d'un sommet sur la Centrafrique.

Selon lui, les "individus (...) ont réagi en tirant sur les forces de l'ordre".Un policier a été tué, et "en réaction, deux membres de ce groupe ont été abattus.Le reste a été arrêté avec des preuves palpables en leur possession, ils ont tous été remis à la justice", a affirmé M. Faki.

Lors d'une déclaration à la presse jeudi, le procureur Mhamat Saleh a souligné que "des personnalités militaires et civiles ont été mises aux arrêts".Il s'agit, a-t-il précisé, du général Weiding Assi Assoue, du général (David Beadmadji) Gomine, directeur de la justice militaire, ainsi que de Mahamat Mallou Kadre, député du MPS (Mouvement patriotique du salut, parti du président Déby) et du député Salek Makki de la CPDC (Coordination des partis politiques pour la défense de la constitution, principale coalition de l'opposition).

Le général Weiding, qui a été plusieurs fois ministre de la Défense, a aussi été chef d'état-major général des armées.Son dernier poste était celui de gouverneur de Guera (centre), une des 22 régions du pays.Il l'a quitté en 2011.

Le procureur a précisé: "Dans la journée du mercredi, des individus armés ont tenté de déstabiliser les institutions de la République.Grâce à la vigilance des forces de défense, ceux-ci ont été maitrisés et des documents portant sur leur organisation ont été récupérés".

Selon une source policière qui a requis l'anonymat, une fusillade a éclaté entre les présumés conspirateurs et les forces de l'ordre venues les arrêter, mercredi, près d'une église du quartier d'Atrone, dans la banlieue (est) de N'Djamena, faisant "plusieurs morts et une quinzaine de blessés".

Avant la déclaration de M. Faki, certaines sources policières avaient parlé de "six" morts, d'autres de "huit dont trois membres des forces de sécurité".

Mercredi soir, le gouvernement avait annoncé dans un communiqué qu'un "groupuscule d'individus mal intentionnés avait cherché à mener une action de déstabilisation contre les institutions de la République".

Lundi, de nombreuses rumeurs sur l'état de santé du président tchadien Idriss Déby (né en 1952) avaient couru sur internet, certains sites allant même jusqu'à évoquer sa mort.

Arrivé au pouvoir par la force en 1990, le chef de l'Etat a pour habitude de changer régulièrement les personnalités en charge de la sécurité du territoire, craignant de se voir renverser à son tour.

Depuis la nomination d'un nouveau gouvernement en janvier, deux remaniements ont eu lieu, donnant lieu au remplacement, le 25 avril, du ministre de l'Intérieur.

Des "mercenaires" évoqués par le président

La France, ancienne puissance coloniale, a pris "note avec préoccupation des dernières informations en provenance de N'Djamena".Paris a appelé "les autorités tchadiennes et l'opposition à poursuivre un dialogue politique serein et constructif".

Le porte-parole des Affaires étrangères, Philippe Lalliot, a rappelé que "le Tchad est un partenaire important de la France en Afrique"."Ce pays participe activement à la lutte contre le terrorisme au Mali et joue un rôle stabilisateur dans la région, en s'impliquant dans la lutte contre l'insécurité au Sahel et dans le règlement des crises, notamment en République centrafricaine", a-t-il dit.

Les rebelles de l'Union des forces de la résistance (UFR), qui avaient déposé les armes en 2009, avaient annoncé depuis le Qatar, fin mars, vouloir reprendre les hostilités contre le pouvoir.Voulant sans doute profiter d'un affaiblissement présumé de la sécurité intérieure, ils avaient fait cette annonce après l'engagement au Mali de 2.000 soldats tchadiens.Mais ces propos avaient été jugés peu crédibles par de nombreux observateurs.

Sur Radio France international samedi, le président Déby avait déclaré que "beaucoup de mercenaires se promenaient à Benghazi" (est de la Libye), en affirmant qu'il y avait dans cette région un camp où étaient "en train de se regrouper des Tchadiens"."Je connais ceux qui pilotent ces mercenaires", avait insisté M. Déby.

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