Deux personnes ont été tuées et des dizaines blessées dans un attentat sans précédent perpétré dimanche contre une église d'Arusha, dans le nord de la Tanzanie, un pays jusque là paisible de l'Afrique de l'Est où les tensions religieuses vont croissant depuis plusieurs mois.
"Deux personnes sont mortes", a déclaré à l'AFP Magesa Mulongo, le gouverneur de la province d'Arusha, ajoutant que six personnes - deux Tanzaniens et quatre Saoudiens - ont été arrêtées et étaient actuellement interrogées.Il n'a pas donné de détails sur les faits exacts leur étant reprochés.
Le précédent bilan communiqué dimanche soir par le chef régional de la police faisait état de 30 blessés dont trois dans un état grave.
Alors que les autorités refusaient dimanche soir de se prononcer sur l'origine de l'explosion, le chef de l'Etat, Jakaya Kikwete, a confirmé qu'il s'agissait d'un attentat.C'est la première attaque de ce type contre une église en Tanzanie.
"Il s'agit d'un acte de terrorisme perpétré par (...) des ennemis du pays", a déclaré M. Kikwete, dans un communiqué.Ses auteurs "doivent être traqués sans relâche par nos forces de l'ordre, où qu'ils soient dans le pays ou à l'étranger et traduits en justice", a-t-il poursuivi.
"Nous sommes prêts à nous occuper de tous les criminels, y compris des terroristes et de leurs agents basés dans le pays ou à l'extérieur", a-t-il assuré.
L'attentat a visé dimanche durant la messe l'église St-Joseph Le Travailleur d'Olasiti, un quartier d'Arusha, principale ville du nord de la Tanzanie.
Un engin pour l'heure indéterminé a explosé sur le parvis où de nombreux fidèles avaient pris place, la nef étant pleine à l'occasion de la première messe célébrée dans cette église, tout juste terminée.Le nonce apostolique en Tanzanie, l'archevêque Mgr Francisco Montecillo Padilla, était présent dans l'église mais n'a pas été blessé.
Ni les autorités ni la police n'ont pour l'heure fourni d'indication sur les mobiles envisagés de l'attentat.
Tensions religieuses croissantes
Les tensions religieuses vont néanmoins croissant depuis plusieurs mois dans ce pays où cohabitaient jusqu'ici pacifiquement chrétiens et musulmans.
Le recensement officiel en Tanzanie ne recueille aucune donnée d'ordre religieux, rendant difficile le chiffrage de la répartition des cultes au sein de la population, divergeant selon les sources.Les chrétiens sont estimés représenter environ la moitié des quelque 43 millions d'habitants et les musulmans un tiers.
En octobre, le chef de Jumuiya ya wa Islamu - la Communauté de l'Islam -, organisation non reconnue par les autorités, et plusieurs de ses partisans avaient été arrêtés et accusés d'avoir saccagé plusieurs églises à Dar es Salaam, après une rumeur selon laquelle un enfant chrétien avait uriné sur le Coran d'un camarade musulman.
En février une cinquantaine d'autres partisans de cette organisation avaient été arrêtés, accusés d'avoir provoqué des émeutes pour réclamer la libération de leur chef.
Les plus récentes tensions sont survenues en début d'année dans la région de Mwanza, à environ 500 km à l'ouest d'Arusha, autour d'un conflit entre chrétiens et musulmans sur l'abattage du bétail de boucherie, traditionnellement réservé aux musulmans.
Début avril, la police avait également été contrainte de disperser quelque 200 chrétiens qui tentaient d'incendier une mosquée dans l'extrême sud du pays, dans le cadre d'un conflit similaire.
Les faits les plus graves étaient jusqu'ici survenus à Zanzibar, archipel autonome tanzanien, quasi-exclusivement musulman: un prêtre a été blessé par balles le jour de Noël et un autre assassiné par balles en février.Une église avait été incendiée 48 heures plus tard.
Des tracts, distribués en début d'année et attribués à une organisation musulmane locale dont les chefs sont sous les verrous pour incitations à la violence, incitaient les musulmans à attaquer les églises.
Le président Kikwete a à plusieurs reprises ces derniers mois appelé les fidèles de toutes les religions au calme et avait fin avril dû démentir que le gouvernement favorise l'une ou l'autre des religions.
Le Kenya voisin a été la cible de nombreux attentats récents sur son sol, visant notamment des églises, des attaques attribuées par les autorités à des sympathisants des islamistes somaliens shebab, que l'armée kényane combat depuis octobre 2011 en Somalie.
La Tanzanie n'intervient pas en Somalie, mais des experts de l'ONU ont averti dans un rapport de juin 2012 de la présence sur son sol de groupes islamistes radicaux, dont le Ansaar Muslim Youth Center (AMYC), présumé lié à Al-Qaïda et accusé de recruter en Tanzanie pour les shebab.
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