Les mineurs sud-africains du groupe britannique Lonmin ont débrayé mardi, interrompant la production de platine à la mine de Marikana près de Rustenburg (nord), en pleine tension sociale après l'annonce de licenciements dans un autre grand groupe minier et l'assassinat d'un syndicaliste.
"Les activités de Lonmin sont suspendues ce matin (mardi) en raison d'un débrayage illégal", a déclaré Sue Vey, porte-parole du groupe Lonmin, implanté dans la "ceinture du platine" à une centaine de kilomètres au nord de Johannesburg.
Marikana a été le théâtre en août dernier d'une longue grève meurtrière qui a fait tâche d'huile et perturbé pendant quatre mois la plupart des mines, secteur clé de l'économie sud-africaine.
"Les raisons exactes de cet arrêt de travail ne sont pas connues", a ajouté Mme Vey, en précisant que les 13 puits de Lonmin étaient à l'arrêt: "Les salariés se sont présentés au travail mais ne sont pas descendus sous terre."
"Nous sommes en train de chanter et nous rendre à la colline" proche de la mine de Marikana où la police avait abattu 34 grévistes le 16 août 2012, a indiqué à l'AFP Molisi Phele, un mineur en grève joint par téléphone.
Selon lui, les mineurs sont furieux que leur entreprise continue de tenir compte du Syndicat national des mineurs (NUM, historiquement proche de l'ANC) alors qu'il a été supplanté par Amcu, un syndicat plus récent et plus radical.
Selon un pointage rendu public par la direction jeudi, Amcu représente désormais 70% des mineurs de Lonmin, contre 20% pour le NUM.
"Les travailleurs ne redescendront pas sous terre tant qu'ils n'auront pas une réponse correcte ou que les bureaux du NUM n'auront pas été fermés", a précisé Molisi Phele.
"Il y a de la violence et des intimidations.Ils chantent et dansent, et ont bloqué des routes.Les voitures doivent faire demi-tour, ça ne sent pas bon", a indiqué Mxhasi Sithethi, coordinateur du NUM dans la région de Rustenburg."Ils font du bruit pour demander que les bureaux du NUM soient fermés et manifestent près des bureaux du NUM", a-t-il ajouté.
Selon le quotidien économique Business Day, les syndicalistes d'Amcu se plaignent aussi d'avoir été tenus à l'écart des discussions concernant le plan social annoncé vendredi par le numéro un mondial du platine Anglo American Platinum (Amplats).Ce plan prévoit la suppression de 6.000 emplois, essentiellement dans le bassin de Rustenburg à une quarantaine de kilomètres de Marikana.
Au cours du week-end, le coordinateur régional d'Amcu Mawethu Steven, dit aussi "Steve", a été abattu par des inconnus alors qu'il regardait un match de foot dans une taverne, et deux autres hommes ont été tué par balles par des individus disant rechercher un autre syndicaliste appartenant au NUM.
Le syndicaliste abattu devait témoigner devant la commission d'enquête sur les violences de l'an dernier, qui poursuit ses auditions depuis plusieurs mois à Rustenburg pour faire la lumière sur les circonstances de la tuerie de Marikana.
Le 16 août 2012, la police a ouvert le feu et abattu 34 mineurs en grève devant l'enceinte du groupe Lonmin dont les foreurs s'étaient mis en grève pour obtenir de meilleurs salaires, la pire fusillade policière depuis la fin de l'apartheid.
Lundi, Amcu avait lancé un appel au calme alors que la tension est vive depuis samedi dans la région.Des heurts ont opposé la police à des habitants d'un bidonville aux portes de la mine de Marikana dimanche soir.
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