Egypte: les islamistes relancent la mobilisation malgré les menaces

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Le Caire (AFP)

Le ministère égyptien de l'Intérieur a appelé jeudi les manifestants islamistes à se disperser en échange d'une "sortie sécurisée", tandis que la police se préparait à intervenir, déclenchant des appels internationaux à la retenue.

Le gouvernement a donné mercredi son "feu vert" à la police pour mettre fin aux sit-in des partisans du président déchu Mohamed Morsi, qui ont appelé à une nouvelle mobilisation massive vendredi "contre le coup d'�?tat", relançant le bras de fer entre pro-Morsi et nouvelles autorités.

Alors que s'aggrave la polarisation du pays, qui a déjà conduit à la mort de plus de 250 personnes en marge de manifestations rivales depuis plus d'un mois, le ministre allemand des Affaires étrangères Guido Westerwelle et l'envoyé spécial de l'Union européenne au Moyen-Orient Bernardino Leon sont arrivés pour tenter de mener une médiation et rencontrer gouvernement et opposition.

Les islamistes, dont des milliers de partisans campent depuis un mois sur deux places du Caire, Rabaa al-Adawiya (nord-est) et Al-Nahda (près de l'université), affirment qu'ils ne lèveront leurs sit-in qu'au moment où M. Morsi, destitué le 3 juillet par l'armée après des manifestations massives réclamant son départ, retrouvera son poste.

Jeudi, sans surpris, ils ont rejeté l'appel du ministère de l'Intérieur à "partir rapidement" en échange "d'une sortie sécurisée et d'une protection totale".

"Nous allons poursuivre nos sit-in et nos manifestations pacifiques", a déclaré à l'AFP une de leur porte-paroles Ala Mostafa.

De leur côté, les autorités de transition, dont l'homme fort est le chef des armées le général Abdel Fattah al-Sissi, semblent déterminées à en finir avec les rassemblements pro-Morsi au Caire, théâtre d'épisodes particulièrement meurtriers ces dernières semaines.

Le gouvernement a affirmé agir contre une "menace pour la sécurité nationale" et fait valoir que des masses de manifestants étaient descendus le 26 juillet dans les rues à l'appel de l'armée pour lui donner "mandat" afin de mettre fin au "terrorisme".

Faire lever les sit-in

Le ministre de l'Industrie et du Commerce, Mounir Fakhry Abdelnour, a accusé les pro-Morsi d'être armés et a dit espérer que l'intervention de la police se ferait "avec le moins de pertes humaines possibles", alors que 82 personnes ont péri samedi aux abords d'un rassemblement pro-Morsi.

Dans la matinée, les chefs de la police se sont réunis pour étudier la stratégie à adopter pour faire lever les sit-in, tandis que des appels à la retenue s'élevaient dans le monde.

"Une manifestation pacifique n'est PAS une +menace pour la sécurité nationale+", a ainsi écrit sur Twitter un responsable de Human Rights Watch, Kenneth Roth.

Washington a appelé à "respecter le droit aux rassemblements pacifiques" et Londres a demandé "une fin immédiate de l'effusion de sang" lors d'un appel téléphonique au vice-Président par intérim Mohamed ElBaradei.

Les appels se multipliaient aussi pour une transition "inclusive" à laquelle participeraient également les Frères musulmans, la puissante confrérie longtemps interdite dans le pays et dont est issu M. Morsi.

M. Westerwelle doit ainsi rencontrer le président par intérim Adly Mansour et des représentants de différentes forces politiques, dont les Frères musulmans, afin arméede les "encourager (...) à ouvrir le dialogue".

Plaidant pour "un retour à la démocratie", il a dit espérer "un nouveau départ" pour les �?gyptiens lors d'une conférence de presse au Caire avec son homologue égyptien Nabil Fahmy.

La semaine prochaine, le président américain Barack Obama va dépêcher au Caire deux influents sénateurs, Lindsey Graham et John McCain, pour presser l'armée d'organiser des élections et d'accélérer un retour au pouvoir civil.

Outre la menace qui pèse encore un peu plus sur leurs partisans dans les rues, la justice a porté un coup dur aux Frères musulmans en annonçant que leur Guide suprême Mohamed Badie, actuellement recherché, et d'autres dirigeants dont certains déjà emprisonnés seraient jugés pour "incitation au meurtre".

M. Morsi est lui-même sous le coup d'une demande de mise en détention préventive et est détenu au secret depuis un mois.Depuis mardi, il a pu rencontrer la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton et une mission de l'Union africaine.

Dans la péninsule du Sinaï, particulièrement instable depuis juin, des hommes armés ont tué un policier, le sixième membre des forces de l'ordre à trouver la mort dans cette région en quatre jours.

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