A l'hôpital de Johannesburg, les malades souffrent des effets de la grève

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JOHANNESBURG (AFP)

A l'hôpital public de Johannesburg, Patrice Cawe se tord de douleur.Les mains brûlées, il attend depuis des heures qu'on le soigne.Mais le personnel, en grève depuis deux semaines, a déserté les lieux et seuls les étudiants en médecine assurent le minimum.

"Ce qui se passe est très pénible.J'ai mal, je devrais recevoir des soins mais personne ne m'aide", lance Patrice, brûlé au troisième degré dans l'explosion d'une bouteille de gaz.

"Nous avons été rapidement pris en charge lors de notre première visite il y a deux semaines mais les choses ont empiré au fur et à mesure de la grève" des fonctionnaires, explique le jeune homme de 26 ans.

Dans la salle d'attente d'habitude très propre, une forte odeur d'urine s'échappe des toilettes.Dans le couloir gisent des brancards tâchés de sang.

L'hôpital public du centre de Johannesburg, véritable ruche en temps normal, est désert.Seuls quelques malades, poussés dans des fauteuils roulants par leur famille, des étudiants en médecine et des infirmiers en formation arpentent l'établissement de 1.088 lits.

"On ne peut pas être partout en même temps.La semaine dernière, j'ai travaillé plus de douze heures par jour.C'est horrible!", s'emporte une élève infirmière, sous couvert d'anonymat.

Des bénévoles tentent de soulager le travail des jeunes étudiants.L'armée, mobilisée dans 58 autres hôpitaux du pays pour faire face aux plus grosses urgences, n'a pas été déployée à "Jo'Burg Gen".

Malgré une décision de justice leur interdisant de faire grève, médecins et surtout infirmiers suivent le mouvement social lancé le 18 août pour obtenir de meilleurs salaires dans le secteur public qui emploie 1,3 million de fonctionnaires.Des négociations sont en cours entre gouvernement et syndicats.

Selon les médias locaux, trois bébés sont décédés depuis le début de la grève à Johannesburg, faute de personnel pour assurer les soins dans les hôpitaux publics dont dépendent plus de 80% des 48 millions de Sud-africains.

Les patients dans un état grave et les prématurés ont été transférés dans des établissements privés où les soins sont réputés coûteux mais de bonne qualité.

A l'entrée de l'hôpital de Johannesburg, des agents de sécurité surveillent étroitement les arrivées alors que du personnel hospitalier, en t-shirt aux couleurs des syndicats, tient un piquet de grève.

Dans d'autres établissements comme l'hôpital Chris Hani Baragwanath à Soweto, l'immense township au sud de la capitale économique, soldats et policiers montent la garde pour éviter tout conflit entre grévistes et non grévistes.

Et les patients atteints de maladies chroniques souffrent: "La semaine dernière, j'ai dû rentrer à la maison sans aucun soin.C'est terrible ce qui se passe", s'ennerve Mangi Khathide, tuberculeux comme nombre de ses compatriotes pauvres.

"Je n'ai plus de médicaments.Il faut que je prenne mon traitement, alors aujourd'hui, j'espère que quelqu'un va m'aider", lance-t-il, désespéré, à l'entrée du plus grand hôpital d'Afrique du Sud.

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