Le journaliste Ali Anouzla, présenté mardi soir à un juge d'instruction pour la publication d'un lien renvoyant vers une vidéo d'Al-Qaïda sur le Maroc, a été officiellement inculpé, pour "aide matérielle", "apologie" et "incitation au terrorisme", ont indiqué mercredi ses avocats.
Directeur de la version arabophone du site d'informations Lakome, M. Anouzla a été arrêté le 17 septembre à Rabat "à la suite de la diffusion (...) d'une vidéo d'Aqmi incitant à commettre des actes terroristes", selon le procureur général du roi.
Gardé à vue durant une semaine dans les locaux de la police judiciaire, il a été présenté mardi soir à un juge d'instruction près la cour d'appel de Rabat, chargé d'enquêter pour "assistance matérielle", "apologie" et "incitation à l'exécution d'actes terroristes", d'après la même source.
Contactés mercredi matin par l'AFP, deux des avocats du journaliste ont indiqué que leur client avait à cette occasion été officiellement "inculpé" par le juge d'instruction sur la base de ces accusations.
"Il est officiellement poursuivi et se trouve en détention préventive", a déclaré Me Omar Benjelloun.
Ali Anouzla est incarcéré à la prison de Salé, près de Rabat, où sont détenues les personnes impliquées dans des affaires de terrorisme.
Le juge d'instruction dispose désormais de cinq mois pour poursuivre l'enquête, selon Me Benjelloun.
Dans une récente vidéo d'une quarantaine de minutes intitulée "Maroc: le royaume de la corruption et du despotisme", Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) cible exclusivement ce pays, une première.Il appelle au jihad et fustige la monarchie marocaine.
Dans un article en arabe qui lui était consacré, Lakome, un média indépendant, avait renvoyé vers le site internet du journal El Pais, où la vidéo était disponible.Rabat a également annoncé vouloir poursuivre le quotidien espagnol.
Les autorités marocaines et les principaux partis du royaume accusent M. Anouzla et Lakome d'avoir offert une tribune à Aqmi.Le site a rétorqué avoir précisé d'emblée qu'il s'agissait d'une vidéo "de propagande".
Reporters sans frontières (RSF), Amnesty International et Human Rights Watch (HRW) ont dénoncé l'arrestation de cet "éminent journaliste", connu pour ses prises de position critiques envers le pouvoir et qui a déjà fait l'objet de poursuites par le passé.
Le ministère de la Communication a critiqué les prises de position des ONG, et exprimé "son désaccord profond" avec leur évaluation "de la situation actuelle de la liberté de la presse au Maroc".
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