Les Guinéens ont voté samedi pour les premières élections parlementaires depuis plus de dix ans dans leur pays, un scrutin à tour unique organisé dans un contexte tendu après des violences pré-électorales, avec l'espoir de sortir d'une transition agitée.
Les bureaux ont commencé à fermer progressivement à partir de 18H00 (locales et GMT) à Conakry et dans les régions.Aucun incident violent n'était immédiatement signalé, selon des journalistes de l'AFP et des habitants de ces zones.
Le dépouillement des bulletins a commencé aussitôt après en certains endroits de la capitale, comme à Sandervalia (centre-ville).
Les résultats provisoires doivent être proclamés par la commission électorale dans les 72 heures suivant le scrutin, donc mardi au plus tard.
Une grande mobilisation des électeurs a été constatée tant à Conakry que dans des villes de l'intérieur, d'après diverses sources.La Commission électorale nationale indépendante (Céni) a fait état d'un taux global de participation de 40% à la mi-journée.
Des problèmes ont été signalés par endroits à Conakry et en province, notamment l'absence d'encre indélébile, des bureaux de vote ou cartes électorales introuvables.Des électeurs ont aussi dénoncé la qualité de l'encre utilisée, qui n'était pas toujours indélébile, ouvrant la voie selon certains à des possibilités de vote multiple pour un même électeur.
"Après avoir voté, j'ai frotté mon doigt contre le mur et je suis parvenue à effacer l'encre", a ainsi indiqué Mme Manfrein Bangoura, une électrice de la banlieue de Conakry.
Plus de cinq millions d'électeurs étaient appelés aux urnes pour ces législatives, les premières depuis celles de 2002.Elles devaient être organisées dans les six mois suivant l'investiture, en décembre 2010, d'Alpha Condé, devenu le premier président démocratiquement élu de Guinée, après deux ans de transition agitée sous la coupe de militaires putschistes.
Le scrutin a été repoussé plusieurs fois, en raison d'absence de consensus entre pouvoir et opposition, notamment sur le fichier électoral.Le processus électoral a été grippé pendant plusieurs mois par un bras de fer entre les deux camps, qui a parfois conduit à des manifestations marquées par des violences meurtrières.
"Je souhaite que le peuple de Guinée vote massivement et en paix et je (lui) dis de ne rien craindre.Tout se passera bien.La Guinée va aller de l'avant", a déclaré le président Alpha Condé, après avoir voté dans le centre-ville.
"A partir de maintenant, l'Etat exercera ses responsabilités et le pays sera tranquille", a-t-il assuré, souhaitant "que tout se passe bien et que l'expression du peuple guinéen soit respectée".
"Nous n'accepterons pas des résultats tronqués"
L'opposant Cellou Dalein Diallo, principal adversaire politique du président Condé, a de son côté affirmé avoir noté "une grande mobilisation des électeurs", tout en regrettant des anomalies ayant empêché des militants de l'opposition de voter.
Il a mis en garde contre toute tentative de fraude, ce qu'a également fait Sidya Touré, autre chef de l'opposition."Nous sommes déterminés à aller aux élections dans la paix, mais nous n'accepterons pas des résultats tronqués.Toute la Guinée sera dans la rue si jamais nous constatons que les résultats donnés ne sont pas conformes à la réalité", a averti M. Touré.
Au total 1.714 candidats - parmi une trentaine de listes - ont participé à ces élections visant à désigner 114 députés.
En dépit de la multitude des candidatures, le scrutin se résume pour l'essentiel à une confrontation entre les deux coalitions constituées autour du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG, tendance socialiste) du président Condé, et de l'Union des forces démocratique de Guinée (UFDG, tendance libérale) de Cellou Dalein Diallo.
Un des points fondamentaux de désaccord entre les deux camps était le fichier électoral, que l'opposition soupçonnait d'avoir été "gonflé" en faveur du pouvoir dans les zones considérées comme pro-Condé et réduit dans des zones réputées fiefs des opposants.Autre point de désaccord: la Céni, jugée partiale par les opposants.
La contestation politique a été marquée ces derniers mois par plusieurs manifestations qui ont dégénéré en débordements meurtriers.
Les récents heurts entre militants du pouvoir et de l'opposition, les 22 et 23 septembre (un mort, plus de 70 blessés) ont fait craindre de nouvelles violences.
Alseyni Sylla, un quinquagénaire au chômage, se dit impatient de "tourner la page de ces législatives", expliquant: "Tout est suspendu à ces élections et chaque fois que tu veux faire quelque chose à Conakry, on te demande d'attendre que les élections passent".
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.