L'armée égyptienne a déployé de nombreux blindés dimanche au Caire où les partisans du président islamiste déchu Mohamed Morsi ont appelé à manifester, à l'occasion du 40e anniversaire de la guerre israélo-arabe de 1973, malgré la répression sanglante de leurs rassemblements depuis août.
Au même moment, les anti-Morsi ont demandé aux Egyptiens de descendre massivement dans la rue pour soutenir l'armée et les autorités, ce qui laisse redouter de nouvelles violences.Vendredi, au moins quatre personnes ont été tuées dans des heurts entre pro et anti-Morsi au Caire, sans que l'on connaisse les circonstances de leur mort, tuées par les forces de l'ordre ou dans des affrontements entre manifestants rivaux.
M. Morsi, premier chef de l'Etat égyptien élu démocratiquement, a été destitué et arrêté le 3 juillet par l'armée, qui a promis des élections pour 2014 et dirige de facto le gouvernement intérimaire qu'elle a mis en place.
Comme chaque jour depuis sa destitution, les pro-Morsi --notamment l'influente confrérie islamiste des Frères musulmans-- ont appelé à manifester à l'occasion dimanche de la commémoration de la guerre du Kippour, que l'Egypte considère comme une "victoire" contre Israël, dont elle avait réussi à enfoncer les défenses durant plusieurs jours.
Depuis le 14 août, militaires et policiers ont tué des centaines de manifestants pro-Morsi, arrêté plus de 2.000 Frères musulmans, dont la quasi-totalité de leurs leaders, interdit leurs activités et gelé les avoir de la confrérie qui avait pourtant remporté haut la main les législatives fin 2011.
Et depuis la mi-août, policiers et militaires ont carte blanche pour ouvrir le feu sur tout manifestant qui s'en prend à des biens publics, ce qui laisse libre cours à la plus large interprétation.
Alors que quelques centaines d'anti-Morsi convergeaient dimanche matin vers la place Tahrir, emblématique pour la révolte populaire qui a renversé le président Hosni Moubarak début 2011, une bonne dizaine d'avions de chasse de l'armée égyptienne a survolé la capitale en formation et à très basse altitude pour entamer la commémoration de la guerre de 1973, selon des journalistes de l'AFP.
Aux entrées de la place, de nombreux militaires et policiers les fouillaient consciencieusement à l'aide de détecteurs de métaux, au travers de check-points encadrés par des chars d'assaut et autres blindés.
Symbole de la toute puissance de l'armée au coeur du nouveau pouvoir, ces manifestants brandissaient de nombreux portraits non pas du président ou du Premier ministre mais du général Abdel Fattah al-Sissi, chef d'état-major, vice-premier ministre et ministre de la Défense, considéré comme le nouvel homme fort de l'Egypte et dont les photos ornent désormais la plupart des rues, boutiques et administrations du pays.
Alors que le pays est sous état d'urgence depuis le 14 août et que la capitale est soumise à un couvre-feu nocturne et parsemée de check-points de militaires équipés de blindés, le déploiement des troupes était encore plus impressionnant dimanche que d'ordinaire.
Le mouvement Tamarrod, à l'origine de manifestations monstres le 30 juin pour réclamer le départ de M. Morsi et sur lesquelles s'est appuyée l'armée pour le déposer, a lui aussi lancé un appel à la mobilisation dimanche "sur toutes les places d'Egypte" pour défendre la révolution de 2011, celle qui renversa M. Moubarak.
"Le ministère affirme sa détermination à faire face avec fermeté à toute violence et infraction à la loi de la part des partisans des Frères musulmans au cours de leurs manifestations", a menacé samedi le ministère de l'Intérieur à l'adresse des manifestants islamistes.
Depuis le 14 août, les Frères musulmans, dont les rangs des militants les plus actifs ont été décimés et dont les dirigeants sont quasiment tous sous les verrous, peinaient à mobiliser dans la rue mais les violences de vendredi laissent à nouveau redouter le pire.
Selon des experts, s'ils font preuve de jusqu'au-boutisme, l'armée ne se privera pas de les réprimer encore plus durement dans la mesure où la grande majorité de la population soutient les militaires dont l'aura est revenue au zénith et où la communauté internationale, qui a échoué dans ses multiples tentatives de médiation, a été incapable d'amadouer les autorités dans leur stratégie de répression.
"Les Frères musulmans vont essayer de montrer que l'armée d'aujourd'hui n'est pas l'armée de tous les Egyptiens", a expliqué à l'AFP Hassan Nafaa, professeur de sciences politiques à l'Université du Caire."Mais ce message ne passera pas bien", assène-t-il.
S'il y a des violences dimanche, les Frères musulmans seront les perdants", assure-t-il.
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