Le nombre de Tunisiennes enrôlées dans le "jihad du sexe" pour assouvir en Syrie les besoins des combattants islamistes est très limité, a confié à l'AFP un haut responsable du ministère de l'Intérieur semblant minimiser les déclarations précédentes du gouvernement.
"Au maximum une quinzaine de Tunisiennes sont allées en Syrie, la majorité dans le but de soigner des combattants ou de mener des actions sociales", a expliqué ce responsable sous couvert de l'anonymat.
Mais certaines d'entre elles, une fois sur place, ont été forcées à avoir des relations sexuelles avec les combattants islamistes : "quatre d'entre elles sont revenues de Syrie, et l'une est enceinte", a-t-il expliqué.
"Celle qui est enceinte a dit qu'elle apportait des soins aux combattants et qu'elle a dû avoir des rapports sexuels avec eux", a poursuivi la source.
"Il y a d'autres femmes qui font le jihad du sexe qui viennent de Tchétchénie, d'Egypte, d'Irak, de quelques pays du Maghreb.Il y a aussi des musulmanes venues de France ou d'Allemagne", a-t-il néanmoins ajouté.
"Elles ont été la cible d'un endoctrinement sur internet et à travers des cheikhs étrangers", selon ce responsable du ministère disant se baser sur les témoignages des Tunisiennes rentrées dans leur pays.
Ces propos semblent minimiser l'ampleur du phénomène décrit par le ministre de l'Intérieur Lotfi Ben Jeddou devant les députés de l'Assemblée nationale constituante le 19 septembre.
"Elles ont des relations sexuelles avec 20, 30, 100" jihadistes, avait-il déclaré, "après ces rapports sexuels qu'elles ont au nom du jihad al-nikah ("la guerre sainte du sexe", ndlr), elles reviennent enceintes", avait encore dit M. Ben Jeddou sans jamais donner de chiffres.
Ce discours allait dans le sens des rumeurs circulant en Tunisie depuis des mois, si bien que le ministère de la Femme, sans être capable non plus d'estimer l'ampleur du phénomène, avait annoncé la mise de place d'une cellule de crise et la préparation de campagnes d'informations.
Par ailleurs, les organisations non gouvernementales ont interpellé le gouvernement pour qu'il combatte les réseaux de recrutement de jeunes filles.
Le jihad al-nikah, permettant des rapports sexuels hors mariage avec des partenaires multiples, est considéré par certains dignitaires salafistes comme une forme légitime de guerre sainte.
Le ministère de l'Intérieur a récemment admis avoir renforcé les contrôles dans les aéroports pour entraver le départ de femmes et d'hommes suspectés de vouloir rejoindre la Syrie.Il estime que 6.000 Tunisiens ont été empêchés d'aller combattre les troupes de Bachar Al-Assad depuis le mois de mars.
Le président de l'Association de secours aux Tunisiens à l'étranger, Badis Koubakji affirme pour sa part avoir établi que "des dizaines de Tunisiennes sont revenues" après avoir effectué le "jihad al-nikah" de Syrie et que "des centaines" d'autres s'y trouvent encore.
M. Koubakji a assuré qu'un camp dédié existait dans la province syrienne d'Idleb (nord-ouest).
"C'est tout un réseau et le ministère de l'Intérieur n'est pas transparent sur cette question", poursuit-il.
Il a ajouté que ces jeunes femmes âgées de 17 à 30 ans n'allaient pas témoigner : "Leurs familles ne veulent pas pour éviter le scandale et préserver leur honneur", dit-il.
Plusieurs médias tunisiens ont publié des témoignages anonymes de jeunes femmes disant revenir de Syrie, mais l'AFP n'a pas pu en établir leur véracité.
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