L'ex-président ivoirien Henri Konan Bédié, réélu dimanche avec près de 93,3% des suffrages à la tête du Parti démocratique de la Côte d'Ivoire (PDCI-majorité), a assuré qu'il y aurait un candidat de son mouvement à l'élection présidentielle de 2015.
"Il est évident qu'en tant que parti politique, nous ne pouvons pas ne pas avoir de candidat" en 2015, a affirmé M. Bédié, ajoutant qu'"une convention" serait convoquée "en temps opportun" pour "répondre à cette question".
Pourra-t-il être ce candidat, lui qui aura 81 ans en 2015 et qui affirmait en octobre 2010, lors de la précédente élection présidentielle, que "s'il (était) élu, ce serait son dernier mandat" ?
Chassé du pouvoir le 24 décembre 1999 par un putsch militaire - le premier de l'histoire ivoirienne -, Henri Konan Bédié, dernier chef de l'�?tat issu du PDCI, n'a jamais dissimulé son intention de revenir au pouvoir.
Pour cette élection interne de son parti, qu'il dirige depuis 20 ans, il a fait changer la règle relative à la limite d'âge, jusqu'alors fixée à 75 ans, qui l'interdisaient d'être candidat à sa propre succession.
�?gé de 79 ans, M. Bédié a ainsi été réélu avec une marge plus que confortable : 93,29% des voix pour lui, contre respectivement 3,29% et 3,07% des suffrages pour ses adversaires Alphonse Djédjé Mady, le numéro 2 du PDCI, et Kouadio Konan Bertin ("KKB"), le président de la jeunesse du parti.
Deux hommes qui l'avaient fortement critiqué en amont du 12e congrès du PDCI, qui s'est ouvert jeudi et s'est terminé dimanche à Treichville (une commune d'Abidjan) et au terme duquel le vote s'est tenu.
Le "sphinx de Daoukro" (son fief du centre-est), ainsi surnommé en raison de son naturel taiseux, est pourtant enfermé dans une alliance avec l'actuel président Alassane Ouattara datant de 2005.
Les deux hommes s'étaient alors alliés au sein du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP).L'accord électoral avait permis à M. Ouattara de battre Laurent Gbagbo en novembre 2010.
Selon plusieurs observateurs et analystes, Henri Konan Bédié n'est toutefois pas enclin à ce qu'un membre de son parti s'oppose au président en exercice.
Alassane Ouattara, qui s'est déjà déclaré candidat à sa propre succession, aura besoin d'un allié solide à ses côtés, de préférence dès le premier tour, pour garantir son second mandat.
L'entourage du chef de l'�?tat se disait jusqu'alors confiant que le PDCI "ne présenterait pas de candidat" en 2015.
"A l'avenir, il sera impossible à un seul parti politique d'exercer (le) pouvoir.L'alliance avec des formations politiques qui partagent les mêmes points de vue devient l'unique moyen d'acquérir ce pouvoir", estimait jeudi Henri Konan Bédié, qui appelait à des "réglages nécessaires" au sein du RHDP.
Si M. Bédié, père de l'"Ivoirité", une idéologie identitaire dont les dérives ont provoqué la crise politico-sécuritaire de la dernière décennie en Côte d'Ivoire, n'est pas candidat à l'élection de 2015, reste à imaginer quel membre du PDCI pourrait l'être.
"Je tends amicalement la main à mes adversaires", KKB et Alphonse Djédjé Mady, qui "seront considérés comme des membres" du PDCI, a-t-il avancé après son sacre.
Dimanche soir, Valérie Adahi, une jeune militante du PDCI, dans le discours de clôture du congrès, a qualifié son parti de "rajeuni, renouvelé, composé des hommes qu'il faut à la place qu'il faut".
Et d'ajouter, à l'intention d'Henri Konan Bédié : "le PDCI se tient en ordre de bataille derrière vous."
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