Interview exclusive du Président Alpha Condé sur Africa N°1

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Le Président de la République de Guinée, Le Professeur Alpha Condé est l'invité spécial du Débat Africa N°1/ BBC Afrique, une émission enregistrée à Conakry, dans la résidence du Chef de l'Etat, le jeudi 3 octobre dernier . L'entretien est réalisé par Liliane Nyatcha et Francis Laloupo.. Au moment de l'enregistrement , la CENI n'a pas fini le dépouillement du scrutin législatif. Voici les principaux passages de l'entretien. Vous pouvez également écouter la totalité de l'émission en podcast�?�Sur la fonction présidentielle J'ai hérité du pays et non pas d'un Etat, la situation était catastrophique. Avant de prêter serment, j'ai demandé un bilan économique au Fond Monétaire International (FMI) qui a été également catastrophique. On m'a demandé de réduire le déficit budgétaire de 12% à 2%, une première ! J'ai donc dû faire face à une situation économique difficile. J'ai succédé à une période de mauvaise gestion avec une corruption généralisée.Sur le retard dans l'annonce des résultats des législatives Il faut comprendre que nous avons demandé le comptage à la main. La CENI nous avait proposé un logiciel de scan des résultats mais l'opposition a refusé. Dans ces conditions, impossible de tenir le délai de 72 heures. (�?�) Mais il n'y a pas de démocratie sans Parlement, c'est donc quelques chose que nous attendons avec hâte. Sur l'apaisement social en GuinéeMoi ce qui m'intéresse c'est de rétablir la démocratie et changer les conditions de vie en Guinée,. Récupérer nos richesses minières, agricoles, etc�?� Mon problème c'est d'amener la Guinée à la place qui doit être la sienne en Afrique. Nous avons déjà avancé sur de nombreux chantiers : amélioration de l'aéroport, des hôtels, des routes, de l'agriculture, création du code minier. Nous travaillons aujourd'hui à une meilleure distribution électrique. Sur l'apaisement, je voudrais dire que je n'ai jamais arrêté d'opposant ou de journaliste. Sur l'exploitation minière et agricoleLa Guinée est un scandale géologique et agricole. A la fin de la période coloniale, nous exportions prés de 200 000 tonnes de bananes, 40 000 tonnes d'ananas, 40 000 tonnes de café. Aujourd'hui nous n'exportons plus de bananes, à peine 5000 tonnes d'ananas et 3000 tonnes de café. J'ai fait un code minier et j'ai récupéré 800 permis d'exploitation dont les propriétaires ne se servaient pas. Ma politique c'est du gagnant-gagnant pour développer la Guinée. Du côté de l'agriculture, j'ai fais un pacte avec les agriculteurs guinéens. Ils s'engagent à produire et je m'engage à les soutenir. Nous avons fourni à moitié prix les engrais et les herbicides. Sur l'intervention de l'EtatRegardez la crise économique de 2008, qui a financé les banques ? Qui a nationalisé ? Partout l'Etat intervient. Nous sommes une société préindustrielle, une société agricole. Dans ce type de société nous devons être interventionnistes. C'est exactement ce qu'a fait la France sous Napoléon par exemple. Sur la jeunesseJe dit souvent que nous sommes assis sur une bombe à retardement. 70% des africains ont moins de 25 ans. Ils vont sur internet, ils voient ce qu'il se passe dans le monde. Si nous ne résolvons pas le problème du chômage, c'est une bombe qui va nous faire sauter. Heureusement, nous commençons à comprendre et au dernier sommet de l'UA, la jeunesse était présente et a pu donner son point de vue.Sur la politique étrangère guinéenne (Coopération, diplomatie)Nous voulons collaborer avec tous les pays qui le souhaitent. Nous sommes ouverts à la coopération sud-sud mais aussi avec les pays du nord et notamment la France. Dès le départ, François Hollande s'est opposé à la politique de la Francafrique et je suis convaincu qu'il tournera le dos à l'ancienne politique pour avoir une véritable politique de coopération qui respecte les africains. Pour la diplomatie, la Guinée n'avait plus de diplomatie, aujourd'hui nous somme présents car, notamment, j'ai rattrapé les arriérés de paiement de nos traites dans les différents institutions. Sur l'Union AfricaineNous nous battons pour qu'elle puisse jouer son rôle. Il est évident que si la France n'était pas intervenue au Mali cela aurait été la catastrophe, mais 50 ans après les indépendances, que la France soit obligée d'intervenir, c'est une honte pour l'Afrique. Nous voulons que l'Afrique prenne son destin en main et donc nous voulons nous doter d'une force d'intervention pour que les problèmes africains soient résolus par les africains. Sur la CEDEAONous devons tirer les leçons de l'échec au Mali. Mais n'oublions pas que la plupart de nos pays ont aussi leurs difficultés. Mais il y a eu une prise de conscience avec le cas Malien. Nous ne voulons plus que cela arrive. Et surtout que ce ne soit plus un pays extérieur, même ami, qui intervienne, comme l'a fait la France. Sur la CPIJe suis contre l'impunité. C'est important que les chefs d'Etat répondent de leurs actes. Mais il ne faut pas une CPI qui soit borgne et qui ne voit que l'Afrique. Il y a beaucoup de chefs d'Etat qui méritent de passer devant la CPI et qui n'y passent pas. Aujourd'hui les africains sont excédés par cette façon unilatérale de ne poursuivre que les Chefs d'Etat africains. La Guinée est membre de l'Union Africaine, si celle-ci décide qu'il faut se retirer de la CPI, nous le ferons. Sur le MaliPour nous il n'est pas question de ne pas maintenir l'unité du Mali. Il peut y avoir une certaine décentralisation, mais ça, c'est aux Maliens d'en juger. Vous savez le problème de fond c'est la pauvreté. Tant que nous ne résoudrons pas le problème de pauvreté en Afrique nous aurons toujours les mêmes problèmes. Les islamistes sont souvent près de la population pour résoudre les problèmes sociaux. �?a n'en fait pas de bons gouvernants pour autant. Mais nous devons améliorer les conditions de vie des populations, sinon ils continueront à se tourner vers eux.

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