Le secrétaire-général de l'ONU Ban Ki-moon devait rencontrer mercredi à Kigali le président rwandais Paul Kagame, qui menace de retirer ses soldats des forces internationales de paix au Soudan en protestation contre un rapport accusant son armée de crimes graves en RD Congo.
En visite impromptue de moins de 24 heures à Kigali, M. Ban Ki-moon a rencontré dès son arrivée mardi soir la ministre des Affaires étrangères Louise Mushikiwabo, sans apparemment apaiser à ce stade la colère rwandaise.
"Il ne fait pas le moindre doute que, si ce rapport était publié comme nous l'avons vu dans une version préliminaire, avec ses fausses accusations, et sans parler aux parties intéressées, le Rwanda retirera immédiatement ses troupes" des opérations de paix des Nations Unies au Soudan, a prévenu Mme Mushikiwabo dans un entretien téléphonique avec l'AFP mercredi matin.
Le Rwanda met aujourd'hui à disposition de l'ONU 3.550 soldats pour deux missions distinctes au Soudan.
"Le secrétaire-général a décidé de visiter Kigali pour parler directement au président rwandais et à d'autres officiels du gouvernement de l'inquiétude concernant le rapport sur la République démocratique du Congo préparé par le bureau du Haut commissaire aux droits de l'Homme", a indiqué mardi soir le porte-parole adjoint de l'ONU.
La presse a divulgué à la fin du mois dernier un projet de rapport de l'ONU accusant l'armée rwandaise de possibles crimes de génocide commis lors de la première guerre en République démocratique du Congo (1996-1998) à l'encontre des Hutu rwandais réfugiés dans ce pays.
Selon ce texte du Haut commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, "les attaques systématiques et généralisées --contre des Hutu réfugiés en RDC après le génocide de 1994 contre les Tutsi-- révèlent plusieurs éléments accablants qui, s'ils sont prouvés devant un tribunal compétent, pourraient être qualifiés de crimes de génocide".
Le nombre de victimes s'élève à "probablement plusieurs dizaines de milliers" selon le rapport.
Plus d'un million de Hutu rwandais s'étaient réfugiés chez le voisin congolais par crainte de représailles après la prise de pouvoir au Rwanda en juillet 1994 de la guérilla du Front patriotique rwandais (FPR), à majorité tutsi, qui a mis un terme au génocide perpetré contre la minorité tutsi de ce pays.
Environ 800.000 personnes ont été tuées dans le génocide anti-Tutsi perpétré par le régime extrémiste hutu jusque-là au pouvoir à Kigali.
Le régime du président Paul Kagame, issu du FPR, a très vivement réagi à la publication par la presse de ce rapport et menacé de retirer ses contingents mis à disposition de l'ONU au Soudan.
Le Rwanda compte 3.300 militaires au sein de la mission de paix ONU/Union africaine (Minuad), et 256 au sein de la Mission des Nations Unies au Soudan l'Unmis.
L'ONU a fait savoir quelques jours après ces protestations qu'elle repoussait au 1er octobre la publication de la version finale du rapport contesté, afin de laisser le temps aux "Etats concernés" de faire des commentaires qui seront ajoutés au document.
Un porte-parole de l'ONU avait ensuite démenti les affirmations du quotidien français Le Monde, à l'origine de la publication du texte, selon lesquelles M. Ban Ki-moon aurait fait pression sur le Haut commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme pour que ce dernier ôte le terme de "génocide" du texte.
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