Le président soudanais Omar el-Béchir s'entretenait mardi à Juba, capitale du Soudan du Sud, avec son homologue sud-soudanais Salva Kiir des sujets de discorde persistants entre les deux voisins.
Les tensions actuelles autour de la zone frontalière d'Abyei, revendiquée par les deux pays, devraient dominer leurs discussions, qui porteront également sur le pétrole et les accusations mutuelles de soutien à divers groupes armés, questions qui continuent d'empoisonner leurs relations plus de deux ans après la partition du Soudan en juillet 2011.
Les deux présidents, anciens ennemis des deux décennies de guerre civile meurtrière ayant opposé le régime de Khartoum à la rébellion sudiste, se sont donnés l'accolade sur le tarmac de l'aéroport de Juba.
Après celle d'avril dernier, c'est la deuxième visite au Soudan du Sud de M. Béchir depuis les cérémonies de proclamation de l'indépendance du pays.Une délégation d'une cinquantaine de personnes l'accompagne.
"La réunion porte sur la construction des relations entre nos pays, afin de renforcer nos liens", a déclaré à la presse le ministre sud-soudanais des Affaires étrangères, Barnaba Marial Benjamin.
"Abyei est l'un des principaux sujets sur la table", a expliqué M. Benjamin.
Le statut de la région d'Abyei, grande comme le Liban et coincée entre le Soudan et le Soudan du Sud, est l'un des principaux litiges non résolus par l'Accord de paix global qui a mis fin en 2005 à la guerre civile soudanaise et débouché sur l'indépendance du Soudan du Sud.
La communauté autochtone Ngok Dinka, population sédentaire de la région d'Abyei et branche de l'ethnie Dinka majoritaire au Soudan du Sud, a annoncé vendredi vouloir organiser son propre référendum d'autodétermination.
Une telle décision, si elle était mise en oeuvre, risque d'attiser les tensions localement avec la communauté arabophone et semi-nomade Misseriya, proche de Khartoum, qui va et vient entre le Soudan et Abyei avec ses troupeaux, mais aussi entre Juba et Khartoum, craignent l'Union africaine (UA) et l'ONU, avec à la clé un possible nouveau conflit.
Un référendum d'auto-détermination à Abyei, prévu par l'Accord de paix global, a sans cesse été repoussé depuis, notamment en raison d'un désaccord entre Khartoum et Juba sur le corps électoral.
Tensions chroniques
Lundi, le Conseil de paix et de sécurité de l'UA a appelé "les parties à s'abstenir de toute action unilatérale".Le ministre soudanais des Affaires étrangères, Ali Ahmed Karti, cité par l'agence officielle soudanaise Suna, s'est voulu rassurant mardi, estimant que "les entretiens entre les deux présidents suffisaient à éloigner les craintes" sur "le dossier Abyei".
Mais selon un diplomate occidental, "il n'y aucune solution en vue à long terme" sur Abyei, où patrouillent quelque 4.000 Casques bleus.
Au menu des discussions de Juba figurent également l'ouverture des postes-frontière pour permettre le passage des habitants et commerçants, le transport du pétrole sud-soudanais dans les oléducs du Nord - indispensables à son exportation -, les échanges commerciaux entre les deux pays et les questions de sécurité, selon M. Benjamin.
Les sujets de friction non résolus par l'Accord de paix global de 2005 ont alimenté depuis les tensions, qui ont atteint leur paroxysme en mars 2012 avec des combats frontaliers et conduit les deux pays au bord de la guerre ouverte.
Khartoum et Juba ont signé en septembre 2012 une série d'accords renforçant leur coopération dans divers domaines et instaurant une zone-tampon à leur frontière.Si les relations sont plus apaisées aujourd'hui, des accès de tension subsistent.
Début septembre, il avait fallu la visite de M. Kiir à Khartoum pour que le Soudan renonce à interrompre le flux de pétrole sud-soudanais dans ses oléoducs, comme il en menaçait Juba en l'accusant de soutenir des groupes armés sur son territoire.Juba formule des accusations similaires contre le Soudan.
Lors de cette visite, M. Kiir avait émis le voeu que les deux pays cessent d'être sur le pied de guerre: entre janvier 2012 et avril 2013, une interruption de la production sud-soudanaise de pétrole avait coûté des millions de dollars vitaux aux économies en difficulté des deux pays.
Le Soudan du Sud a récupéré depuis son indépendance 75% de la production de brut du Soudan pré-partition, mais dépend des oléoducs soudanais pour l'exporter.
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