Un haut responsable du parti islamiste Ennahda, au pouvoir en Tunisie, a accusé mardi l'opposition de chercher à "détruire" les négociations devant débuter mercredi pour résoudre une interminable crise politique en appelant à une manifestation contre le gouvernement.
"Il y a de la part d'Ennahda et d'autres partis des préparatifs positifs (en vue du dialogue), et il y a des préparatifs négatifs qui visent à détruire le consensus: ils appellent d'une part au dialogue et d'autre part à la manifestation", a déclaré Noureddine Aarbaoui, vice-président du bureau politique d'Ennahda à l'antenne de la radio Shems-FM.
Une coalition d'opposition tunisienne appelle ses partisans à manifester mercredi à Tunis pour réclamer que le gouvernement s'engage à démissionner dès le début du "dialogue national" pour sortir le pays de la crise politique déclenchée par l'assassinat d'un député d'opposition le 25 juillet.
"Il faut une démarche claire de dialogue et cela nécessite une trêve politique, sociale et médiatique", a jugé M. Aarbaoui, appelant le parrain des négociations, le syndicat UGTT, à "soit dénoncer les appels à manifester, soit convaincre les partis (d'opposition) de renoncer" à leur rassemblement.
Si le début des négociations est prévu mercredi, ni l'heure ni le lieu de la rencontre n'avaient encore été annoncés mardi midi.
L'opposition, qui avait réuni en août plusieurs dizaines de milliers de personnes, a depuis vu la mobilisation faiblir mais espère que son rassemblement mercredi après-midi sur l'avenue Habib Bourguiba sera un succès.
La Ligue de protection de la révolution, un groupe pro-pouvoir aux méthodes brutales, a pour sa part appelé à une manifestation dès le matin au même endroit.
Dans ce contexte, les journaux tunisiens étaient dubitatifs sur les chances de réussite des pourparlers et sur la sincérité des différents partis.
Le Quotidien relevait mardi matin que ces dernières semaines avaient été marquées par des "manoeuvres alliant pressions, diversions, double langage, sans parler d'accrochages et d'autres coups bas".
"Les Tunisiens veulent avoir affaire à des acteurs politiques sincères, honnêtes, engagés et croyant à leur projet", lançait le journal La Presse, appelant l'ensemble de la classe politique à renoncer à "toute tendance à la cachotterie, au double langage ou au maquillage des intentions".
Après un premier lancement avorté le 5 octobre, le "dialogue national" doit débuter mercredi et aboutir en un mois à la mise en place d'un gouvernement de technocrates ainsi qu'à l'adoption d'une Constitution et d'un calendrier électoral.
Si une feuille de route prévoit que ces questions soient traitées en parallèle lors des négociations, Ennahda a d'ores et déjà indiqué que le gouvernement ne cèderait la place qu'après l'adoption de la Constitution.A l'inverse, l'opposition considère le départ du cabinet comme un préalable.
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