Les islamistes au pouvoir en Tunisie et les opposants doivent lancer mercredi un mois de négociations pour enfin résoudre une profonde crise politique et le Premier ministre est censé à cette occasion annoncer son engagement à démissionner.
Parallèlement, deux manifestations rivales sont prévues avenue Bourguiba à Tunis, haut lieu de la révolution de janvier 2011, l'une à 11H00 GMT (12H00 locale) organisée par l'opposition pour maintenir la pression sur les islamistes d'Ennahda, accusés de s'accrocher au pouvoir, l'autre dans la matinée à l'appel de la Ligue de protection de la révolution pour défendre "la légitimité" des dirigeants tunisiens actuels.
La police a déployé dès l'aube des renforts sur cet axe et bloqué en partie la circulation pour prévenir tout débordement.
Le Premier ministre, l'islamiste Ali Larayedh doit pour sa part présider un conseil des ministres extraordinaire et selon son service de presse s'exprimer vers 13H30 GMT (14H30 locale).
D'après le président de l'Assemblée nationale constituante (ANC), Mustapha Ben Jaafar, le chef du gouvernement s'engagera à démissionner pour permettre l'ouverture dans l'après-midi du "dialogue national" pour trouver une issue à la crise qui paralyse le pays depuis le 25 juillet et l'assassinat du député Mohamed Brahmi, attribué à la mouvance jihadiste.
"En principe, le gouvernement va annoncer son engagement à respecter la feuille de route (des négociations) et après quelques semaines sa démission", a-t-il indiqué dans un entretien télévisé mardi soir.
La soixantaine de députés d'opposition boycottant l'ANC depuis trois mois ont aussi annoncé avoir été informés que M. Larayedh formulera "un engagement franc" à démissionner.
La promesse de démission du gouvernement est la première étape d'un calendrier d'un mois rédigé par quatre médiateurs, dont le puissant syndicat UGTT, qui prévoit que la classe politique s'accorde sur l'ensemble des dossiers bloquant la mise en place d'institutions pérennes près de trois ans après la révolution.
Les négociateurs auront trois semaines pour s'accorder sur la composition d'un gouvernement de technocrates.Parallèlement, ils auront un mois pour faire adopter la Constitution, en cours d'élaboration depuis deux ans, une loi électorale ainsi qu'un calendrier pour les prochaines élections.
Le lancement du "dialogue national" coïncide avec le deuxième anniversaire de l'élection de la Constituante, premier scrutin libre de l'histoire tunisienne qui avait porté les islamistes d'Ennahda au pouvoir.
Ce parti, sévèrement réprimé sous le régime déchu de Zine El Abidine Ben Ali, a été considérablement affaibli ces derniers mois par l'essor d'une mouvance jihadiste armée, une économie anémique ainsi que des accusations de laxisme vis-à-vis des islamistes radicaux et d'atteintes aux libertés publiques.
Après trois mois de crise, de promesses de compromis non-tenues et un premier lancement avorté des négociations le 5 octobre, les journaux tunisiens se montraient très sévères mercredi pour la classe politique.
"Un dialogue national démarre le jour d'un anniversaire symbolique mais il part hypothéqué par la prédominance de la suspicion, de la duplicité de langage et l'ambiguïté des positions", assène le journal Le Temps dans son éditorial.
Le Quotidien relève pour sa part que "l'heure de vérité approche à pas de géant" pour la Tunisie qui risque de basculer vers "un avenir encore plus incertain et plus chaotique".
L'opposition reproche avant tout à la coalition tripartite dirigée par Ennahda d'avoir laissé émerger des groupes armés jihadistes responsables notamment de l'assassinat de deux opposants cette année et d'attaques contre les forces de l'ordre.
Les islamistes rejettent ces accusations, assurant être "en guerre contre le terrorisme".Ainsi, la semaine dernière une opération armée déclenchée après que deux gendarmes ont été tués s'est soldée par la mort de neuf combattants clandestins.
Mais le gouvernement est aussi face à une fronde au sein des forces de l'ordre, qui estiment être sous-équipées et mal protégées pour lutter contre les jihadistes.
Des syndicats de policiers ont ainsi chassé vendredi le président Moncef Marzouki et le Premier ministre d'une cérémonie à la mémoire des gendarmes tués.
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