La Tunisie en attente d'une promesse de départ du gouvernement

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Tunis (AFP)

Islamistes au pouvoir en Tunisie et opposants doivent lancer mercredi un mois de négociations pour enfin résoudre une profonde crise politique et le Premier ministre est censé à cette occasion annoncer son engagement à démissionner.

Pour maintenir la pression sur les islamistes d'Ennahda, des centaines de manifestants d'opposition étaient rassemblés en début d'après-midi avenue Bourguiba à Tunis, haut lieu de la révolution de janvier 2011.Un dispositif très important de la police a été déployée pour prévenir tout débordement.

Les protestataires scandaient notamment "le peuple veut la chute du régime", "dégage" ou encore "gouvernement de traîtres démissionne!".

Vers 12H00 GMT (13H00 locale), cette mobilisation était cependant nettement moins importante que les dizaines de milliers d'opposants qui manifestaient en août contre le gouvernement.

Par ailleurs, une manifestation pro-pouvoir sur la même avenue n'a finalement pas eu lieu.

Le Premier ministre, l'islamiste Ali Larayedh, doit pour sa part présider un conseil des ministres extraordinaire et, selon son service de presse, s'exprimer vers 13H30 GMT (14H30 locale).

D'après le président de l'Assemblée nationale constituante (ANC), Mustapha Ben Jaafar, le chef du gouvernement s'engagera à démissionner pour permettre l'ouverture dans l'après-midi du "dialogue national" pour trouver une issue à la crise qui paralyse le pays depuis le 25 juillet et l'assassinat du député Mohamed Brahmi, attribué à la mouvance jihadiste.

"En principe, le gouvernement va annoncer son engagement à respecter la feuille de route (des négociations) et après quelques semaines sa démission", a-t-il indiqué dans un entretien télévisé mardi soir.

La soixantaine de députés d'opposition boycottant l'ANC depuis trois mois ont aussi annoncé avoir été informés que M. Larayedh formulera "un engagement franc" à démissionner.

La promesse de démission du gouvernement est la première étape d'un calendrier d'un mois rédigé par quatre médiateurs, dont le puissant syndicat UGTT, qui prévoit que la classe politique s'accorde sur l'ensemble des dossiers bloquant la mise en place d'institutions pérennes près de trois ans après la révolution.

Heure de vérité

Les rivaux politiques, qui se réuniront pour la première fois mercredi après-midi, auront trois semaines pour s'accorder sur la composition d'un gouvernement de technocrates.Parallèlement, ils auront un mois pour faire adopter la Constitution, en cours d'élaboration depuis deux ans, une loi électorale ainsi qu'un calendrier pour les prochaines élections.

Le lancement du "dialogue national" coïncide avec le deuxième anniversaire de l'élection de la Constituante, premier scrutin libre de l'histoire tunisienne qui avait porté les islamistes d'Ennahda au pouvoir.

Ce parti, sévèrement réprimé sous le régime déchu de Zine El Abidine Ben Ali, a été considérablement affaibli ces derniers mois par l'essor d'une mouvance jihadiste armée, une économie anémique ainsi que des accusations de laxisme vis-à-vis des islamistes radicaux et d'atteintes aux libertés publiques.

Après trois mois de crise, de promesses de compromis non-tenues et un premier lancement avorté des négociations le 5 octobre, les journaux tunisiens se montraient très sévères mercredi pour la classe politique.

"Un dialogue national démarre le jour d'un anniversaire symbolique mais il part hypothéqué par la prédominance de la suspicion, de la duplicité de langage et l'ambiguïté des positions", assène Le Temps dans son éditorial.

Le Quotidien relève pour sa part que "l'heure de vérité approche à pas de géant" pour la Tunisie qui risque de basculer vers "un avenir encore plus incertain et plus chaotique".

L'opposition reproche avant tout à la coalition tripartite dirigée par Ennahda d'avoir laissé émerger des groupes armés jihadistes responsables notamment de l'assassinat de deux opposants cette année et d'attaques contre les forces de l'ordre.

Les islamistes rejettent ces accusations, assurant être "en guerre contre le terrorisme".Ainsi, la semaine dernière une opération armée déclenchée après que deux gendarmes ont été tués s'est soldée par la mort de neuf combattants clandestins.

Mais le gouvernement se retrouve aussi face à une fronde au sein des forces de l'ordre qui estiment être sous-équipées et mal protégées pour lutter contre les jihadistes.

Des syndicats de policiers ont ainsi chassé vendredi le président Moncef Marzouki et le Premier ministre d'une cérémonie à la mémoire des gendarmes tués. 

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