Sauf "circonstances exceptionnelles", le vice-président kényan William Ruto devra être présent à La Haye à son procès pour crimes contre l'humanité devant la Cour pénale internationale (CPI), a indiqué cette dernière vendredi.
La chambre d'appel estime que la décision de la chambre de première instance, qui avait autorisé en juillet le vice-président kényan à être absent de la majorité des audiences, "doit être infirmée", a déclaré le juge Sang-Hyun Song.
Tout comme les autres accusés, William Ruto pourra néanmoins, en cas "de circonstances exceptionnelles", demander à être dispensé, a-t-il indiqué.
A la lumière de cette décision, les juges de la chambre de première instance ont autorisé William Ruto à rentrer au Kenya jusqu'à jeudi matin, le président Uhuru Kenyatta devant se rendre au Rwanda pour plusieurs jours.
�?galement accusé par la cour de crimes contre l'humanité, Uhuru Kenyatta avait été autorisé à s'absenter de certaines parties de son procès, qui doit commencer le 12 novembre.
Le bureau du procureur a indiqué vouloir demander aux juges de reconsidérer cette décision ou de lui permettre d'interjeter appel étant donné les déclarations de la chambre d'appel.
William Ruto, qui a quitté la cour vendredi vers 16H00 (14H00 GMT) après une ultime prière avec ses partisans présents à La Haye, devrait être de retour jeudi.
Celui-ci avait déclaré récemment qu'il voulait que son procès soit ajourné, ou qu'il continue en son absence, pour lui permettre de gérer la crise dans son pays suite à l'attaque sanglante contre un centre commercial de Nairobi fin septembre.
L'attaque menée par un commando armé lié à Al-Qaïda avait coûté la vie à au moins 67 personnes.Fin septembre, les juges avaient ajourné le procès de M. Ruto pour une semaine afin de lui permettre de rentrer au pays.
Le procureur général du Kenya Githu Muigai a affirmé dans une interview à France24, à diffuser samedi, qu'obliger un dirigeant en fonction à être présent à l'ensemble de son procès est "une demande déraisonnable".
"La République du Kenya estime qu'il n'est pas désirable, voire contreproductif, de demander à un chef d'�?tat en fonction ou à son vice-président, tout deux des personnes très occupées à gérer l'�?tat, d'être dans cette sorte de situation", a-t-il ajouté.
L'accusé est un "participant actif"
William Ruto, 46 ans, est le plus haut dirigeant en fonction à être jugé, depuis le 10 septembre, par la CPI.
Lui et l'animateur de radio, Joshua Arap Sang, sont poursuivis pour leur rôle dans les violences post-électorales au Kenya fin 2007-début 2008 qui avaient fait plus de 1.000 morts et 600.000 déplacés.
Les juges avaient autorisé en juillet William Ruto à être absent de la majorité des audiences à cause de ses "fonctions exigeantes" en tant que vice-président, mais cette décision avait été suspendue suite à l'appel du procureur.
La cour est régulièrement sous le feu des critiques de l'Union africaine, qui a demandé à la mi-octobre l'ajournement des poursuites contre les deux têtes de l'exécutif kényan et l'immunité des chefs d'�?tat.
Le président kényan Uhuru Kenyatta, 52 ans samedi, avait alors qualifié la cour d'"impérialiste" et raciste.Il avait également assuré que le Kenya allait se tourner vers le Conseil de sécurité des Nations unies afin d'obtenir une suspension des procédures pendant un an au minimum.
Ses avocats, qui avaient déjà début octobre introduit une requête pour l'abandon des poursuites sur base d'intimidations présumées des témoins de la défense, ont demandé vendredi un report de l'ouverture du procès d'au moins trois mois.
Pour le juge Sang-Huyn Song, un accusé n'est "pas uniquement un observateur passif du procès mais un participant actif".
En première instance, les juges avaient interprété le Statut de Rome, traité fondateur de la CPI, "de manière trop large", a ajouté la chambre d'appel.
Toute absence doit donc être limitée "au strict nécessaire" et les juges doivent avoir exploré d'autres possibilités au préalable, comme une modification de l'horaire ou un ajournement des procédures.
"Toute absence devrait être considérée au cas par cas", a précisé le juge Sang-Huyn Song.
La décision de juillet a procuré au vice-président kényan "une dispense générale avant même que le procès ait commencé, transformant son absence en règle générale et sa présence en une exception", a-t-il ajouté.
Si les juges décident, de manière exceptionnelle, de lui permettre d'être absent, "il faut veiller à ce que les droits de l'accusé soient pleinement respectés", en particulier grâce à la présence de son avocat, Karim Khan.
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