L'armée congolaise a pris mercredi après-midi le contrôle de Bunagana, dernière place forte et fief politique du M23, dans l'est de la République démocratique du Congo, poussant les rebelles à se réfugier dans les collines alentours ou en Ouganda.
Depuis 14H00 GMT environ, "Bunagana est totalement sous notre contrôle", a déclaré à l'AFP Lambert Mende, porte-parole du gouvernement congolais.
Les circonstances de la prise de la ville restent floues.M. Mende a affirmé que l'armée avait commencé à combattre tôt le matin, alors que le général Carlos Alberto Dos Santos Cruz, chef de la force militaire de la Mission de l'ONU pour la stabilisation de la RDC (Monusco), avait indiqué en fin de matinée que le situation était "calme" sur ce front.
Bunagana est située à la frontière avec l'Ouganda, à un peu plus de 80 km au nord de Goma, capitale du Nord-Kivu, riche province aux ressources minières et agricoles convoitées.
Quand la localité est tombée, les rebelles "ont décroché et certains se sont repliés sur les collines de Mbuzi et Chanzu, d'autres sont partis en Ouganda", a précisé M. Mende.
Après Bunagana, l'armée devrait s'attaquer aux derniers bastions du M23, situés à quelques kilomètres dans les collines verdoyantes de Chanzu, Mbuzi et Runyoni, à environ 2.000 mètres d'altitude.De là était partie en mai 2012 la rébellion dont, selon divers témoignages, quelques centaines de combattants s'y regroupent depuis mardi et semblaient consolider leurs positions mercredi après-midi.
Le lieutenant-colonel Olivier Hamuli, porte-parole de l'armée pour le Nord-Kivu, avait expliqué en matinée que le commandement comptait "établir l'attaque sur Chanzu" à partir de Rutshuru (80 km au nord de Goma), ville reprise dimanche à la rébellion et où se regroupaient des chars de combat.
En attendant l'assaut, les Forces armées de la RDC (FARDC) affinaient "toujours leur dispositif", d'après un officier de la Monusco, qui fournit aux troupes gouvernementales un soutien en matière de renseignement, d'observation et de planification.
La RDC pas à Kampala "pour faire des concessions"
Effrayés par les préparatifs militaires, "environ 3.000 réfugiés ont traversé la frontière" lundi et mardi, "et encore environ 2.000 ce (mercredi) matin", a déclaré Lucy Beck, porte-parole du Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) dans le sud-ouest de l'Ouganda.
Près de Goma, différentes sources humanitaires ont enregistré quelque 22.500 nouveaux déplacés ayant fui de chez eux depuis vendredi, jour de la reprise des combats entre l'armée et le M23, dont on ignore les bilans en termes de blessés et de vies perdues.
Le M23 est né en avril 2012 d'une mutinerie d'anciens rebelles, essentiellement tutsi, intégrés dans l'armée en 2009 après un accord de paix.L'ONU et Kinshasa accusent régulièrement l'Ouganda et le Rwanda de le soutenir, ce que réfutent Kigali et Kampala.
Le chef de la branche politique des rebelles, Bertrand Bisimwa, qui occupait une maison littéralement collée à la frontière à Bunagana, est passé en Ouganda.
"On lui a envoyé un hélicoptère pour le ramener à Kampala, et il est ici pour faciliter les négociations de paix", a indiqué le colonel ougandais Paddy Ankunda, porte-parole du ministre ougandais de la Défense Crispus Kiyonga.
M. Kiyonga est le médiateur des pourparlers qui ont lieu dans la capitale ougandaise entre le M23 et Kinshasa.En dépit de la suspension de ces négociations le 21 octobre, les deux parties maintiennent à Kampala des délégations "techniques".
Selon Roger Lumbala, chef adjoint de la délégation du M23, des discussions devaient avoir lieu dans l'après-midi."Je crois que (...) demain ou après-demain, il y aura la signature d'(un)accord", a ajouté M. Lumbala.
Côté gouvernemental, on se montre bien plus réservé."Si (...) ce que nous avons mis sur la table est accepté par le M23, avec ou sans pression, je pense que les choses vont aller de l'avant", a dit à l'AFP François Muamba, l'un des négociateurs congolais.
"Mais on ne peut pas s'attendre à ce que la République démocratique du Congo soit restée à Kampala pour faire des concessions", a-t-il insisté.
Un accord pourrait néanmoins intervenir."Une simple victoire militaire ne peut pas être la panacée", a souligné M. Mende, le porte-parole du gouvernement."Nous voulons consolider la victoire militaire avec l'action politique et diplomatique".
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