Le gouvernement libyen a appelé les habitants de Benghazi au calme lundi après de violents affrontements entre l'armée et le groupe jihadiste Ansar Ashariaa ayant fait au moins huit morts et une cinquantaine de blessés.
Dans un communiqué, le gouvernement a également invité les habitants de Benghazi à collaborer avec les forces régulières, assurant que les autorités avaient pris toutes les dispositions pour rétablir l'ordre dans cette ville de l'Est libyen.
Selon le gouvernement, les heurts ont fait 9 morts et 49 blessés parmi les forces de l'ordre et les civils.Un porte-parole du ministère de la Santé joint plus tard par l'AFP a fait état de son côté de 8 morts et 51 blessés.
On ignore pour le moment le nombre des victimes du côté d'Ansar Ashariaa, qui soigne ses blessés dans une clinique sous son contrôle.
Les affrontements ont éclaté quand une patrouille des forces spéciales a été attaquée à proximité du quartier général d'Ansar Ashariaa, a expliqué à l'AFP le colonel Miloud al-Zwei, porte-parole des forces spéciales.
"L'armée a riposté, déclenchant des affrontements avec tous les types d'armes", les premiers du genre entre l'armée et ce puissant groupe islamiste, a ajouté cet officier.
D'autres heurts ont opposé par la suite les deux camps dans d'autres quartiers de la ville, a-t-il précisé.
Sur sa page Facebook, Ansar Ashariaa a accusé pour sa part une patrouille des forces spéciales d'avoir "provoqué" ses membres et d'avoir tiré en premier.
Des explosions et tirs nourris ont résonné jusqu'à la mi-journée dans plusieurs quartiers de Benghazi, selon un journaliste de l'AFP.
Locaux incendiés
Des habitants en colère ont incendié un des locaux du groupe salafiste à Benghazi, où les forces de l'ordre sont régulièrement la cible d'attaques attribuées aux groupes islamistes.
Mais dans l'après-midi, le calme régnait dans la ville, selon un journaliste de l'AFP, qui a constaté un début de retour à la normale.Des commerces avaient rouvert et la circulation des voitures et des piétons avait repris, tandis que les forces de l'ordre assuraient la sécurité.
Des tentatives de médiation menées par des dignitaires des tribus locales et des militants de la société civile étaient en cours pour apaiser les tensions entre les deux camps, selon des sources locales.
Ansar Ashariaa ("les partisans de la loi islamique", en arabe) a été créé après la chute du régime de Mouammar Kadhafi, et son bras militaire est composé d'anciens rebelles ayant combattu les forces loyalistes en 2011.
Ce groupe salafiste est soupçonné d'avoir attaqué des juges et des membres des forces de l'ordre, mais aussi d'être responsable de l'attaque contre le consulat des Etats-Unis à Benghazi, qui avait coûté la vie à quatre Américains, dont l'ambassadeur, en septembre 2012.Ansar Ashariaa a toutefois démenti toute implication.
L'organisation prône la charia comme seule et unique source de législation en Libye et exige que la justice applique immédiatement la loi islamique.
Profitant du vide sécuritaire après la chute de Mouammar Kadhafi, Ansar Ashariaa fait la loi en particulier dans l'est du pays, où le groupe contrôle des quartiers de Benghazi, de Syrte et de Derna, selon des sources locales.
A Benghazi par exemple, la Katiba (Brigade) d'Ansar Ashariaa contrôle toujours l'entrée ouest de la ville.
Experts libyens et étrangers attribuent régulièrement les attaques menées dans l'Est libyen à des groupes islamistes, dont Ansar Asharia, mais les autorités n'osent pas accuser directement ces groupes lourdement armés, par crainte de représailles, selon ces experts.
Récemment, Ansar Ashariaa a indiqué dans un communiqué qu'il ne reconnaissait pas les institutions de l'Etat ni ses services de sécurité, les qualifiant d'apostat et de "Taghout" (forces maléfiques au service de la tyrannie).
Le gouvernement intérimaire peine à mettre sur pied une armée et une police, et fait régulièrement appel aux ex-rebelles qui avaient combattu l'ancien régime pour rétablir l'ordre.
Les affrontements de Benghazi interviennent au moment où les autorités tentent de mettre à profit une grogne populaire contre les milices dans la capitale pour faire évacuer ces groupes armés.
Le 15 novembre, des violences déclenchées par les tirs d'une milice contre des manifestants pacifiques venus lui demander de quitter la capitale avaient fait 46 morts et plus de 500 blessées à Tripoli.
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