Centrafrique: plusieurs morts et des blessés dans les tirs à Bangui

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Bangui (AFP)

Les tirs à l'arme automatique jeudi matin à Bangui ont fait "plusieurs morts et des blessés", a décaré à l'AFP le chef de la mission de Médecins sans Frontières (MSF) en Centrafrique, Sylvain Groulx.

"Il y a des morts et des blessés", qui ont été conduits à l'hôpital communautaire de Bangui, où MSF a dépêché une équipe médicale et chirurgicale, a indiqué M. Groulx, disant ne pas pouvoir donner de bilan précis dans l'immédiat.

Selon le chef de mission, il y a des "blessés par balle, par arme blanche" et des "polytraumatisés", probablement des personnes qui ont lourdement chuté en fuyant leurs quartiers dans la panique.

Des tirs d'armes automatiques et des détonations d'armes lourdes ont éclaté jeudi avant l'aube dans plusieurs quartiers de Bangui.Les tirs ont débuté dans la zone du PK-12, dans le nord de la ville, puis se sont étendus à d'autres quartiers, notamment non loin du centre, dans la zone du fleuve.

Au fil des heures, les tirs ont nettement diminué d'intensité, même si à 11H00 (10H00 GMT) des détonations épisodiques d'armes lourdes étaient encore audibles.

Comme les jours précédents, les militaires français du détachement stationné à l'aéroport ont mené des patrouilles dans la ville.Une de ces patrouilles, composée de deux véhicules légers et d'un blindé, est passée au centre-ville, a constaté un journaliste de l'AFP.

Des habitants joints par l'AFP dans différents quartiers de la capitale ont fait état de pillages de maisons par des hommes armés, sans pouvoir donner plus détails, chacun se terrant chez soi.

Selon un officier supérieur de la force africaine (Misca) joint par l'AFP, les tirs ont commencé après que des ex-rebelles Séléka, intégrés dans les nouvelles de sécurité, eurent détecté des "inflitrations" de membres de milices d'autodéfense "anti-balaka", hostiles au régime, dans le quartier de Boy-Rabe, près de l'aéroport.

Selon des habitants du quartier de Boy-Rabe, une partie de la population, affolée, a cherché refuge dans une église tandis que les autres se terraient dans leurs maisons.

Tous les commerces fermés

Les artères du centre-ville étaient totalement désertes jeudi matin.Aucun véhicule civil ne circulaient.Tous les commerces étaient fermés.

Circulant à bord de pick-up surchargés, armés de mitrailleuses lourdes, des Séléka intégrés à l'armée levaient le poing en guise de victoire et patrouillaient les rues à vive allure, sortant et rentrant du camp militaire situé près du palais présidentiel, au PK-0.

Les milices anti-balaka (anti-machettes) ont émergé depuis septembre dans le nord-ouest du pays, en réaction aux nombreuses exactions d'hommes armés issus des rangs de la coalition rebelle de la Séléka - depuis dissoute - dirigée par Michel Djotodia qui a renversé en mars le président François Bozizé.

Ce regain de tension survient alors qu'une résolution proposée par Paris, qui préside actuellement le Conseil de sécurité, doit être adoptée dans la journée à l'unanimité des 15 membres du Conseil, selon des diplomates.

Elle donne mandat à la force de l'Union africaine en RCA (Misca), déjà présente, de se déployer "pour une période de douze mois", avec une clause de révision à six mois.

Sa mission sera de "protéger les civils, rétablir l'ordre et la sécurité, stabiliser le pays" et faciliter l'acheminement des secours dont la population centrafricaine a un besoin urgent. 

Le texte autorise surtout aussi les forces françaises en RCA à "prendre toutes les mesures nécessaires pour soutenir la Misca dans l'accomplissement de son mandat".

 "Autour de 1.200" soldats seront déployés et l'intervention débutera "dans les jours qui viennent", entre le vote de la résolution à l'ONU et la date que choisira le président François Hollande, a déclaré jeudi le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius.

 La Misca doit compter jusqu'à 3.600 hommes mais n'en rassemble pour l'instant que 2.500, mal équipés et mal entraînés.Selon la résolution, sa montée en puissance sera financée par un fonds géré par l'ONU et alimenté par des contributions volontaires des Etats.

Le contingent français, qui compte déjà plus de 600 hommes, sera chargé notamment de sécuriser l'aéroport de Bangui et les principaux axes par où transiteront les convois humanitaires.

"Dès que le président de la République aura donné le top, les choses vont aller très vite", a souligné M. Fabius.

"Ca tombe bien puisque nous avons entre aujourd'hui et samedi à Paris à la fois tous les Etats africains, plus le secrétaire général des Nations unies, plus le président de l'Union européenne", a-t-il rappelé.

Un sommet franco-africain sur la paix et la sécurité en Afrique s'ouvre vendredi à Paris, avec une réunion prévue samedi sur la Centrafrique.

Le vote de l'ONU intervient aussi après un nouveau massacre près de Bangui où au moins 12 civils, des éleveurs peuls musulmans, ont été tués à la machette par des milices formées essentiellement de chrétiens dans la nuit de lundi à mardi.

"Ces attaques contre la population civile de Centrafrique prouvent qu'il y a urgence", a souligné mercredi l'ambassadeur français à l'ONU Gérard Araud."Il nous fallait une résolution, nous allons l'avoir demain".

Schéma déjà appliqué pour le Mali

La résolution est placée sous le chapitre 7 de la Charte de l'ONU qui prévoit le recours à la force, la situation en RCA "représentant une menace à la paix et la sécurité internationales".

Elle demande au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon des recommandations dans les trois mois pour "une transformation éventuelle de la Misca en opération de maintien de la paix de l'ONU" si les conditions politiques et la sécurité le permettent.

Suivant un schéma déjà appliqué pour le Mali, cette transformation demandera une nouvelle décision du Conseil dont certains membres du Conseil rechignaient à lancer d'emblée l'ONU dans une nouvelle opération complexe et dangereuse en Afrique, quelques mois après le déploiement de 6.000 Casques bleus au Mali.

La résolution prévoit également une commission d'enquête sur les droits de l'homme ainsi qu'un embargo sur les armes à destination de la RCA. 

Le Conseil brandit la menace de sanctions contre les responsables d'exactions et ceux qui tenteraient de violer l'embargo, ou de bloquer la transition politique en RCA, ou encore d'en piller les ressources naturelles comme les diamants.

Le Conseil exige enfin des autorités de transition de Bangui qu'elles accélèrent l'organisation d'élections législatives et présidentielle "libres et équitables", qui doivent en principe se tenir avant février 2015.

 

 

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