"La première et la dernière fois que je verrai Mandela"

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Pretoria (AFP)

Son mari n'a aucun lien avec Nelson Mandela mais s'appelle Madiba, le nom de clan du géant de la liberté.Fière de son patronyme, Dipuo Madiba a tenu à être la première à s'incliner devant sa dépouille.

Mercredi, à 02H00 du matin, quand son réveil a sonné dans sa maison au sud de Johannesburg, elle a enfilé un maillot vert et or des Springboks -- l'équipe nationale de rugby chère à Mandela -- floqué d'une grande photo du héros de la lutte anti-apartheid, réveillé ses trois filles et pris la route de Pretoria.

Dès 05H00, la famille Madiba a pris place sur le campus de l'université de Pretoria dans l'attente des navettes qui devaient les emmener au siège du gouvernement, Union Buildings, où la dépouille du père de la démocratie doit être exposée pendant trois jours.

"Ce sera la première et la dernière fois que je le verrai.Je veux lui dire que son sacrifice vivra toujours en nous", confiait l'institutrice, alors que la file d'attente grossissait derrière elle à mesure que la journée avançait.

Et d'ajouter, confortablement installée dans une chaise de camping: "La queue aujourd'hui me rappelle celles de 1994".

Lors des premières élections démocratiques de l'histoire de leur pays, les Sud-Africains avaient patienté pendant de longues heures pour glisser leur bulletin de vote dans l'urne, pour la première fois pour la majorité noire.

"C'est vrai, en un sens, nous sommes aujourd'hui tous unis, comme en 1994", estime aussi Simon Mabe, 37 ans, en relevant la diversité des couleurs de peau et des origines dans la file d'attente."On oublie nos différences politiques, idéologiques..."

Et, il y a 20 ans, ajoute-t-il, "tout tournait déjà autour de Madiba".

Madiba le réconciliateur

Libéré en 1990 après 27 ans dans les prisons du régime ségrégationniste, Nelson Mandela menait la liste du Congrès national africain (ANC) lors de ce scrutin qui l'a conduit à la présidence.

"On était sûr de sa victoire.On était joyeux, il y avait des gens qui chantaient et dansaient comme aujourd'hui", relève le révérend Gabelou Houppelande, 51 ans alors que des chants de libération s'élèvent par intermittence parmi les centaines de personnes alignées sur la pelouse.

Mais, pour lui, la comparaison s'arrête là, car les enjeux étaient "beaucoup plus importants" en 1994.

"La situation était encore instable", rappelle-t-il en référence aux violences entre l'ANC et le parti zoulou Inkhata (IFP), et aux exactions d'extrémistes blancs opposés à la transition.

Dans ce contexte, "certains avaient encore des inquiétudes le jour du scrutin", relève Neil Taylor, 41 ans, qui, bien que Blanc, votait aussi pour la première fois."Mais les choses ont pris une tournure qui a dépassé nos espérances, grâce à Mandela", ajoute ce père de famille, venu avec sa mère et ses deux garçons rendre un dernier hommage au "réconciliateur Madiba".

Pendant sa présidence, Nelson Mandela n'a cessé de tendre la main à ses anciens oppresseurs, allant jusqu'à prendre le thé avec la veuve de l'architecte de l'apartheid Hendrik Verwoerd, ce qui lui vaut un immense respect dans la communauté blanche.

Sibongile Tshabalala, une étudiante de 21 ans, est trop jeune pour avoir vécu l'élection historique de 1994, mais elle fait aussi un parallèle avec l'actualité."On va voter dans un an et, dans ma génération, beaucoup de gens veulent s'abstenir", regrette-t-elle.Les hommages à Nelson Mandela vont, selon elle, "contribuer à leur rappeler que des gens se sont sacrifiés pour le droit de vote."

 

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