Afrique du Sud: l'ANC, tiraillé, débat de la nationalisation des mines

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JOHANNESBURG (AFP)

Tiraillé entre ses alliés de gauche et ses partenaires économiques, le parti au pouvoir en Afrique du Sud a ouvert cette semaine du bout des lèvres le débat sur l'éventuelle nationalisation des mines du pays.

Le Congrès national africain (ANC), dont 2.200 militants sont réunis à Durban (est) jusqu'à vendredi, s'est dit prêt lundi pour la première fois à débattre "des moyens concrets" de nationaliser les mines, dans un document de travail.

Depuis plus d'un an, la bouillant leader de la Ligue de la jeunesse de l'ANC, Julius Malema, réclame à corps et à cri ce transfert de propriété, arguant que les richesses minières de l'Afrique du Sud - premier producteur mondial de platine, 4e d'or et de diamants - devraient profiter à tous.

Ces appels ont comme souvent en Afrique du Sud une connotation raciale, puisque seuls 8,9% des mines sont passés aux mains de propriétaires noirs seize ans après la chute du régime ségrégationniste d'apartheid.

"Le débat est plus politique qu'économique", estime Dirk Kotze professeur à l'université d'Afrique du Sud (Unisa): "Julius Malema cherche à s'attirer les sympathies parce qu'il pense que cela plaît la majorité".

Le président Jacob Zuma, arrivé au pouvoir avec le soutien appuyé du jeune homme, a longtemps freiné ses ardeurs, répétant à Londres et à Johannesburg que "la nationalisation des mines n'était pas la politique du gouvernement".

"Le gouvernement est très nerveux, il ne veut pas qu'une politique radicale effraie les investisseurs étrangers", explique Dirk Kotze.

Mais la puissante confédération syndicale Cosatu, partenaire de l'ANC au gouvernement, s'est ralliée récemment aux appels de la Ligue de la jeunesse.

L'ANC, soucieuse de ménager ses partenaires, a donc cédé."La nationalisation fait partie des sujets qui seront débattus" à huis clos, cette semaine à Durban, a confirmé lundi le secrétaire général du parti, Gwede Mantashe.

Toutefois, il s'est empressé de minimiser la portée des discussions."Ce qui sortira des débats sera renvoyé à la conférence politique et élective de 2012", a-t-il dit.Et d'ajouter: "Nous allons en parler, mais je conseille aux médias de ne pas confondre propositions et politiques".

Pour rassurer les milieux économiques, le président Zuma est allé mercredi à leur rencontre, serrant les mains et donnant l'accolade aux dizaines de chefs d'entreprise représentée au congrès de l'ANC.

Evoquant les relations "merveilleuses" entre son parti et le monde des affaires, il a assuré que "la politique et les affaires fonctionnaient ensemble."

"Peut-être que le secteur minier sera davantage régulé, mais une nationalisation pure n'est pas rééllement une option", en conclut Dirk Kotze, en rappelant que les minerais sont déjà propriété de l'Etat et que les groupes miniers paient des royalties pour les exploiter.

Le débat sur les mines illustre selon lui, le fait que "l'ANC est pris entre deux feux" sur le plan économique.Il lui faut à la fois "maintenir une forte croissance" et donc ménager les investisseurs, mais aussi mener des programmes sociaux pour corriger les inégalités héritées du passé.

L'Afrique du Sud est la première puissance économique du continent, mais plus de 40% de sa population vit sous le seuil de pauvreté et le chômage est estimé entre 25 et 40% selon les définitions.

Un autre débat se profile sur ce schéma: le Cosatu réclame une baisse des taux directeurs, pour stimuler la croissance même si cela fait repartir l'inflation.Il souhaite aussi une réforme du contrôle des changes pour booster les exportations avec une devise plus faible.

Pour l'instant, il s'est vu opposé une fin de non recevoir.

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