Otages au Sahel: la France cherche à entrer en contact avec Al-Qaïda

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PARIS (AFP)

Le ministre de la Défense Hervé Morin a déclaré jeudi que la France espérait "pouvoir entrer en contact avec Al-Qaïda", ouvrant la porte à une forme de négociation avec les ravisseurs au Niger de sept personnes dont cinq Français.

"Pour l'instant, notre souci c'est de pouvoir entrer en contact avec Al-Qaïda, d'avoir des revendications que nous n'avons pas", a affirmé le ministre sur la radio privée RTL.

Dans la nuit du 15 au 16 septembre, cinq Français, un Togolais et un Malgache, pour la plupart des collaborateurs des sociétés françaises Areva et Satom (groupe Vinci), ont été enlevés à leur domicile à Arlit, dans le nord du Niger.

"Ce que nous souhaitons, c'est qu'Al-Qaïda puisse à moment ou à un autre nous mettre au moins des revendications sur la table", a ajouté M. Morin."Dans d'autres cas, ils ont négocié", a-t-il poursuivi.

Le ministre de la Défense a indiqué que la France avait "toute raison de penser" que les otages étaient encore en vie.

Interrogé par l'AFP, le ministère des Affaires étrangères a refusé de commenter les déclarations d'Hervé Morin.

"Tous les services de l'Etat sont pleinement mobilisés pour obtenir la libération des otages.Je ne souhaite pas en dire plus car, dans de telles situations, la discrétion est une condition de l'efficacité de notre action", a indiqué de son côté Romain Nadal, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

L'enlèvement a été revendiqué mardi par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) qui a précisé qu'elle ferait parvenir ultérieurement des "demandes légitimes".La France a authentifié cette revendication et estime que les otages se trouvent actuellement dans le nord du Mali.

La déclaration du ministre de la Défense tranche avec les discours récents des autorités françaises.Le Premier ministre François Fillon avait évoqué fin juillet une véritable "guerre contre Al-Qaïda".

Et fin août, le président Nicolas Sarkozy avait implicitement critiqué la libération controversée de deux otages espagnols retenus aussi au Sahel par Aqmi, qui aurait été obtenue en échange du versement d'une rançon.

"La seule stratégie ne doit pas consister à payer des rançons et à accepter de libérer des prisonniers en échange de malheureux innocents", avait-il déclaré.

La France n'est pas pour autant systématiquement opposée au principe d'une négociation, au moins indirecte.Un otage français enlevé au Mali, Pierre Camatte, avait ainsi été relâché fin février par Aqmi qui avait obtenu la remise en liberté de quatre islamistes détenus au Mali.

Mais Aqmi avait annoncé avoir exécuté fin juillet un autre otage Français, Michel Germaneau, en représailles à un raid franco-mauritanien au Mali au cours duquel sept djihadistes avaient été tués.

"Nous mettons en garde (le gouvernement français) contre les conséquences d'une nouvelle action stupide, parce qu'elle est condamnée à échouer et qu'ils en paieront certainement un prix élevé", a d'ailleurs prévenu mardi Aqmi.

Interrogé pour savoir si la France allait intervenir militairement pour libérer les otages, une action complexe dans une région de massifs rocheux difficiles d'accès, où vivent des clans locaux depuis toujours rétifs à toute autorité, le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, a répondu "Non!A ce stade, non".

Avec l'adoption, le 14 septembre, d'une loi interdisant le voile islamique intégral dans l'espace public, la présence d'un contingent français en Afghanistan, l'attaque franco-mauritanienne d'une base d'Aqmi, les griefs potentiels des extrémistes musulmans contre Paris ne manquent pas.

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