Michel Thierry Atangana, libéré lundi après 17 ans de prison au Cameroun, a atterri vendredi vers 6h30 à l'aéroport parisien de Roissy-Charles-de-Gaulle, a confirmé une source aéroportuaire à l'AFP.
A sa sortie de l'avion, ce Français d'origine camerounaise, âgé de 49 ans, devait être accueilli par sa famille et ses deux fils, les membres de son comité de soutien et la ministre déléguée aux Français de l'étranger Hélène Conway-Mouret.
Il a quitté Yaoundé jeudi soir, trois jours après sa remise en liberté suite à un décret signé le 18 février par le président Paul Biya.Il était incarcéré depuis 1997 pour des détournements de fonds publics qu'il a toujours niés.
Il devait ensuite participer avec ses avocats à un point presse prévu au pavillon de réception de l'aéroport.
"L'attente a été très longue.On a l'impression de vivre un mirage.Je suis très ému pour lui", avait déclaré son avocat Jean-Bernard Kéou, juste avant le départ de l'avion de Yaoundé.
Michel Atangana "est un peu perdu.Il essaye de prendre ses repères.Dix-sept ans, ce n'est pas 17 jours", a déclaré à l'AFP un autre de ses avocats, Me Charles Tchoungang, à propos de son client qui ne s'est pas exprimé publiquement depuis sa libération.
Michel Thierry Atangana avait été interpellé en 1997, peu après l'arrestation d'un des hommes les plus puissants du régime du président camerounais Paul Biya, Titus Edzoa - lui aussi libéré lundi soir - qui venait de rompre publiquement avec le pouvoir, et que l'on présente comme l'un de ses proches.
- 'Kafkaïen' -
Envoyé au Cameroun par son employeur en 1994 pour des projets routiers, il avait été condamné à 15 ans de prison en octobre 1997 pour détournement et tentative de détournement.Dans des conditions jugées scandaleuses par la défense, il avait de nouveau été condamné à 20 ans en octobre 2012.Une situation ubuesque pour ses avocats qui dénonçaient deux condamnations pour les mêmes faits.
Sa remise en liberté, qui fait suite à un décret de remises de peines collectives, a mis fin à un long combat pour celui qui a toujours nié les faits dont on l'accuse au Cameroun.Ce décret "ordonne une remise totale de la peine restant à purger" pour les personnes condamnées pour détournement de fonds publics et "dont la détention a été supérieure à 10 ans".
En 2013, ce Français, naturalisé après son mariage, a reçu plusieurs soutiens qui ont pu accélérer sa libération.En mai, l'affaire a pris une tournure plus diplomatique après les propos du président François Hollande, qui jugeait "inadmissible" la durée de sa détention.
Quelques mois plus tard, le Haut Commissariat aux droits de l'Homme de l'ONU dénonçait "les conditions inhumaines" de détention de M. Atangana et réclamait une "indemnisation" pour le préjudice subi. "Toutes les instances judiciaires intervenues dans (sa) très longue privation de liberté" ont "manqué d'impartialité" et "il a été jugé deux fois pour les mêmes faits", relevait l'agence de l'ONU.
En décembre, ses avocats français ont déposé une plainte contre trois ministres camerounais pour détention arbitraire, et l'un de ses conseils récemment entré dans l'équipe de défense, Me Dupond-Moretti, pointait son sort "kafkaïen" et demandait qu'il "ne tombe pas dans l'oubli".
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