Le président François Hollande était vendredi à Bangui pour afficher son soutien aux soldats français engagés en Centrafrique qui sont confrontés selon Paris à des "difficultés considérables" pour enrayer les violences interreligieuses attisées par un climat de haine.
Il s'agit de la deuxième visite à Bangui du président français depuis le déclenchement le 5 décembre de l'opération Sangaris, qui n'a pas permis jusque présent de mettre fin aux troubles dans un pays dévasté par une crise humanitaire sans précédent.
Lors de son séjour d'une journée, M. Hollande va également s'entretenir avec la présidente centrafricaine de transition Catherine Samba Panza de l'avenir politique de la Centrafrique, où des élections générales doivent en principe être organisées au plus tard en février 2015.
Dès son arrivée, François Hollande s'est rendu à la base de l'opération Sangaris, située dans l'enceinte de l'aéroport de Bangui où il a passé les troupes en revue et fait un point de la situation avec le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, et le commandant de l'opération Sangaris, le général Francisco Soriano, selon les journalistes sur place."L'enjeu de cette visite est de faire le point de ce qui a été accompli depuis trois mois et de fixer les prochaines missions" de Sangaris, a-t-il déclaré.
Face à la persistance des violences, la France a dû réviser les objectifs initiaux de son intervention dans son ancienne colonie."François Hollande pensait que la mission des militaires de Sangaris allait s'achever au bout de quelques mois.Erreur", titrait d'ailleurs vendredi Le quotidien de Bangui.
La mission des 1.600 soldats de Sangaris devait à l'origine être brève.Mardi le Parlement français l'a prolongée, le gouvernement reconnaissant que les troupes étaient confrontées à des "difficultés considérables sur le terrain".
Paris ne voulait pas augmenter ses effectifs en Centrafrique mais, le 14 février, la présidence a dû se résoudre à envoyer 400 soldats en renfort, arrivés jeudi à Bangui.
La France souhaitait également la tenue au plus vite d'élections générales, avant la fin 2014.Cet objectif apparaît désormais irréalisable.
- Un an de chaos -
Outre ses entretiens avec les militaires français et Mme Samba Panza, François Hollande va rencontrer les dirigeants religieux centrafricains, qui tentent depuis des mois d'arrêter la spirale meurtrière des violences entre chrétiens et musulmans.
Cela fait bientôt un an que la Centrafrique a basculé dans le chaos, avec le renversement en mars 2013 du régime de François Bozizé par la coalition rebelle à dominante musulmane de la Séléka.
Des mois d'exactions perpétrées en toute impunité par des combattants Séléka contre la population majoritairement chrétienne ont abouti à la formation de milices d'auto-défense anti-balaka, déclenchant un cycle infernal de violences interconfessionnelles.
Ces violences ont provoqué une crise humanitaire sans précédent avec des centaines de milliers de déplacés et entraîné l'exode de dizaines de milliers de civils musulmans terrorisés.
Jeudi, le commandant de Sangaris, le général Francisco Soriano, avait souligné que les Centrafricains ne pouvaient pas "tout attendre de la communauté internationale" pour pacifier leur pays.
"Les Centrafricains doivent participer à la reconstruction de leur pays.Nous faisons déjà beaucoup.Maintenant, on est passé dans des opérations de sécurité intérieure où il faut qu'on implique davantage la gendarmerie et la police centrafricaines", a-t-il expliqué, en reconnaissant que les membres des forces de sécurité centrafricaines n'étaient pas payés.
"C'est important de remettre en place l'autorité de l'Etat", alors que les administrations ne fonctionnent plus depuis des mois et ont totalement disparu de zones entières du pays, a-t-il souligné.
Les soldats français, qui ont perdu trois hommes depuis décembre, et les 5.700 miliaires de la force africaine (Misca) - 19 tués depuis décembre - ne parviennent pas à mettre fin aux violences.
Si une apparente normalité est revenue dans un bonne partie de la capitale depuis les tueries massives de décembre, les violences et les assassinats sont encore quotidiens dans certains quartiers et les 400.000 déplacés de Bangui - la moitié de la population de la capitale - restent toujours entassés dans des camps de fortune.Et en province, des zones entières restent sous la coupe de bandes armées.
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