A 45 jours de la présidentielle en Algérie Abdelaziz Bouteflika s'est déplacé en personne lundi au Conseil constitutionnel pour déposer sa candidature à un 4e mandat, selon l'agence APS, alors que des critiques fusent sur sa capacité à gouverner.
Le reporter de l'APS sur place n'a pas fourni de détails sur ce déplacement, mais a précisé qu'avant l'arrivée de M. Bouteflika, qui a fêté dimanche ses 77 ans, les cartons des signatures nécessaires à sa candidature avaient été acheminés dans une dizaine de fourgons.
Le président, au pouvoir depuis 1999, est resté très affaibli par un AVC qui l'a immobilisé 80 jours en France dont il est rentré le 16 juillet dernier.
Depuis son retour, il a reçu quelques hôtes étrangers et tenu deux Conseils des ministres, en septembre puis en décembre.
Il n'a pas pris la parole en public depuis un discours à Sétif, ville de l'ouest algérien, en mai 2012.Et c'est son Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui a officiellement annoncé sa candidature.
Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des Travailleurs, elle-même candidate, a reproché à M. Sellal d'avoir annoncé la candidature du président, ce qui est "anormal", a-t-elle dit à sa sortie du Conseil constitutionnel dimanche.
"Sellal n'avait pas le droit de faire ça, c'est une déviation", a-t-elle assené, rappelant que M. Sellal est Premier ministre et président de la commission de préparation de l'élection.
La perspective d'un 4e mandat du président a généré des manifestations à travers le pays, dont une réprimée violemment samedi à Alger, et donné naissance à un mouvement, baptisé "Barakat", uniquement dédié à lutter contre cette candidature.
Les questions commencent à fuser, même parmi les moins opposés au président, sur sa capacité à continuer à gouverner et sur son état de santé.
L'ancien général à la retraite Hocine Benhadid déclarait récemment au quotidien El-Watan qu'un nouveau mandat lui paraissait "impossible" puisque "Bouteflika ne peut ni parler ni se mettre debout".
Le militant des droits de l'Homme, Ali Yahia Abdenour, cité par Liberté, a lui demandé que le président soumette un certificat médical au Conseil constitutionnel attestant "que son état physique lui permet d'assurer sa fonction".
- Appel à faire tomber le régime "dans le calme" -
Les candidats ont jusqu'au 4 mars à minuit pour déposer leur candidature, puis le Conseil Constitutionnel aura dix jours pour annoncer la liste des candidats retenus, et la campagne officielle s'ouvrira le 23 mars.
L'ancien chef du gouvernement Ali Benflis, considéré comme le principal challenger de Bouteflika, doit déposer mardi matin sa candidature.
Un autre ancien chef de gouvernement, Mouloud Hamrouche, a de son côté appelé à faire tomber le régime de Bouteflika "dans le calme", avec l'aide de l'armée, estimant, lui aussi, qu'il n'était plus en mesure de diriger le pays.
Opposant et ancien secrétaire général du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD, centre-gauche) Said Sadi, a affirmé ironiquement que cette candidature ne le gênait pas "puisqu'on a levé la limitation des mandats", rappelant l'amendement à la Constitution voté en 2008 pour permettre à Bouteflika de passer outre la limitation à deux mandats et se faire réélire en 2009.
Le RCD et les deux mouvements islamistes Mouvement pour la société et la paix (MSP)et Ennahda, ont appelé les candidats déclarés à "se retirer de cette tromperie électorale".
Deux candidats à la candidature, Ahmed Benbitour, ancien Premier ministre, et le général à la retraite Mohand Tahar Yala ont annoncé lundi leur "retrait", affirmant qu'ils sont désormais face à une élection aux résultats "truqués".
Dans le camps présidentiel, l'atmosphère est à l'assurance sur l'état de santé de M. Bouteflika, M. Sellal et d'autres proches répétant à l'envie qu'il "va bien".
Le Premier ministre l'a réitéré lundi, rappelant que la campagne "débutera dans les délais fixés par la loi", le 23 mars avec "des surprises", cité par l'agence APS.
Amara Benyounes, président du Mouvement populaire algérien et ministre de l'Industrie, a tenu samedi un rassemblement à Alger au cours duquel il a affirmé que "c'est avec sa tête qu'il va gérer et non avec ses pieds".
Dimanche, le dernier message aux Algériens du président a de nouveau été lu par quelqu'un d'autre, cette fois-ci par son ministre de la Justice, Tayeb Louh.M. Bouteflika y pressait "tous les citoyens à participer massivement" à la présidentielle.
Car la grande question soulevée par les observateurs en Algérie ne porte pas tant sur la victoire de M. Bouteflika, que sur le taux de participation à ce scrutin le 17 avril.
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