Soudan du Sud : intenses échanges de tirs autour d'une caserne de Juba

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Juba (AFP)

La capitale du Soudan du Sud a été le théâtre de tirs intenses mercredi matin aux abords d'une caserne, signe de fortes tensions persistantes au sein de l'armée près de trois mois après le début d'un conflit sanglant dans le pays.

Selon un correspondant de l'AFP et des témoins, d'intenses tirs ont été entendus pendant environ deux heures mercredi matin autour de la caserne Giyada, située près de l'université de Juba.

Le gouvernement sud-soudanais a minimisé l'incident, parlant de "malentendu" au sujet du paiement des soldes."Il est malheureux que ce matin des affrontements aient eu lieu entre unités au sujet des soldes", a estimé Malak Ayuen, un porte-parole de l'armée, déplorant cinq morts parmi les soldats.

"C'est seulement une histoire d'argent", a renchéri un soldat interrogé sur place."Hier, on nous a dit d'attendre jusqu'à aujourd'hui et quand nous sommes venus (aujourd'hui), on a encore dit à certains d'entre nous d'attendre.C'est pour cela que les affrontements ont commencé.Mais c'est fini maintenant".

Cette histoire de soldes non payées semblait être l'explication privilégiée par la majeure partie des personnes interrogées par l'AFP.Même si certains cherchaient tout de même à savoir si les affrontements ne cachaient pas d'autres dissensions au sein de l'appareil militaire sud-soudanais.

"Le problème majeur semble être un problème salarial de soldes non payées mais il n'est pas impossible qu'il y ait également d'autres explications", a indiqué une source diplomatique occidentale à l'AFP.

Des médias locaux ont aussi évoqué la possibilité de heurts entre la garde présidentielle et une unité commando menée par un important général sud-soudanais.

Des centaines d'habitants effrayés par ces nouveaux affrontements dans la capitale sud-soudanaise se sont immédiatement rué mercredi matin dans une église située à proximité de la caserne.L'ambassade des Etats-Unis à Juba a elle demandé à ses ressortissants de ne pas sortir.

Mais en début d'après-midi, la situation était de retour à la normale dans le quartier où sont restés circonscrits les combats.Le reste de la capitale aussi était calme.

 

- Près de trois mois de conflit -

 

Le Soudan du Sud est en proie depuis le 15 décembre à de violents combats entre des soldats loyaux au gouvernement du président Salva Kiir et des forces -- soldats mutins, milices -- fidèles à l'ancien vice-président, Riek Machar, limogé à l'été 2013.

Les affrontements avaient débuté il y a près de trois mois dans la capitale Juba avant de s'étendre à d'autres Etats-clés du pays.Ils ont déjà fait des milliers de morts et quelque 900.000 déplacés.

Le conflit s'articule autour d'une rivalité politique entre le président et son ex-vice président.

Le premier accuse le second et ses alliés d'avoir tenté un coup d'Etat mi-décembre.Riek Machar nie en bloc, reprochant en retour à son adversaire politique de vouloir évincer toute compétition au sein du SPLM à l'approche d'importantes échéances électorales en 2015.

Parti aujourd'hui au pouvoir, le SPLM est issu de l'ex-rébellion sudiste qui a combattu les forces de Khartoum pendant la guerre civile soudanaise (1983-2005) qui a débouché sur l'indépendance du Soudan du Sud en juillet 2011.

Les affrontements ont aussi très vite pris une tournure ethnique, avec des massacres entre les deux principales ethnies du pays -- les Dinka de Salva Kiir et les Nuer de Riek Machar.

Depuis le début, le conflit sud-soudanais fait l'objet d'une forte mobilisation internationale: les Etats-Unis, parrains de l'indépendance sud-soudanaise, l'ONU et surtout les pays d'Afrique de l'Est réunis au sein de l'organisation Igad sont à pied d'oeuvre pour tenter d'enrayer une crise à haut risque pour toute la région.

L'Igad était parvenue à faire signer aux deux camps un cessez-le-feu fin janvier à Addis Abeba.Mais aucune solution de fond à la crise politique n'a été apportée et la trêve n'a depuis cessé d'être violée.

Les médiateurs poursuivent depuis leurs efforts dans la capitale éthiopienne, mais un deuxième cycle de négociations a été ajourné lundi, jusqu'au 20 mars, sans accord sur le document-cadre des pourparlers qui doit notamment définir les questions à l'ordre du jour.

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