Un pétrolier battant pavillon nord-coréen a été arraisonné lundi alors qu'il tentait de quitter les eaux libyennes avec à son bord une cargaison de pétrole "illégale" achetée aux rebelles qui bloquent depuis des mois les terminaux du pays, a annoncé le Congrès.
"Les forces de la marine et les révolutionnaires contrôlent le pétrolier Morning Glory et le conduisent vers un port contrôlé par l'Etat", a annoncé le Congrès général national (CGN, Parlement) sur son site internet.
Un membre du comité de crise formé par les autorités a affirmé à l'AFP que le navire, d'une capacité de 350.000 barils, avait eu le temps de charger 234.000 barils avant d'être stoppé.
Walid al-Tarhouni, le porte-parole des gardes des installations pétrolières, a indiqué à la chaîne de télévision Al-Nabaa que le navire serait probablement conduit vers le port de Zawiyah, à 50 km à l'ouest de Tripoli, afin qu'il vide sa cargaison.
L'agence Lana a affirmé de son côté que le navire serait escorté jusqu'au port de Misrata, à 200 km à l'est de Tripoli.
Auparavant, le président du CGN avait annoncé la création d'une force armée chargée spécifiquement de lever le blocage des sites pétroliers, contrôlés depuis l'été par des rebelles autonomistes.
Une opération militaire sous le commandement du chef d'état-major devrait être lancée dans un délai d'une semaine, a précisé le porte-parole du CGN, Omar Hmidan.
Des hommes armés, qui faisaient partie des gardes des installations pétrolières libyennes, se sont rebellés contre les autorités de transition et bloquent les terminaux depuis juillet 2013, pour réclamer l'autonomie de la région orientale de la Libye.
En suspendant de fait les exportations de brut, ils ont privé le pays de sa principale source de revenus, et provoqué une chute de la production à 250.000 barils par jour, contre près de 1,5 million b/j auparavant.
Le Morning Glory, arrivé samedi matin dans le port d'al-Sedra, était le premier bateau à avoir reçu une cargaison des rebelles.Le procureur général libyen avait immédiatement ordonné l'arrestation du navire, et de son équipage.
- Menace de bombardement -
En réaction, les autorités avaient annoncé dimanche le déploiement au large du port de forces de la marine libyenne, appuyées par d'ex-rebelles, pour empêcher le navire de repartir avec sa cargaison, faisant craindre un conflit armé en cas d'attaque contre le navire ou contre les autonomistes.
D'autant que le Premier ministre Ali Zeidan avait menacé de bombarder le pétrolier, tout en mettant en garde contre une possible "catastrophe naturelle" en Méditerranée.
Depuis juillet 2013, les autonomistes de l'est libyen bloquent des sites pétroliers de cette région.Leur chef, Ibrahim Jodhrane, autoproclamé en août président du bureau politique de la Cyrénaïque, avait justifié ces blocages en accusant le gouvernement de corruption.
Le gouvernement avait réfuté ces accusations, mais néanmoins ouvert une enquête.
Les protestataires ont cependant rapidement affiché leurs véritables intentions en réclamant l'autonomie de la Cyrénaïque, et en annonçant la formation d'un gouvernement local, d'une banque et d'une Compagnie fédérale de pétrole.
Après l'échec des médiations entreprises par des tribus et des responsables locaux, le gouvernement a menacé à plusieurs reprises de recourir à la force pour libérer les sites, sans jamais passer à l'action.
Les partisans du fédéralisme affirment agir sur la base de la Constitution de 1951, qui divisait le pays en trois régions: la Cyrénaïque, la Tripolitaine (ouest) et le Fezzane (sud), avant la suppression du système fédéral en 1963.
"Nous n'�?uvrons pas à une partition du pays", a assuré samedi Abd-Rabbo al-Barassi, président du bureau exécutif de la Cyrénaïque, équivalent de Premier ministre d'un gouvernement local."Les revenus du pétrole seront répartis sur les trois régions", a-t-il dit, promettant la transparence des transactions.
Depuis la chute du régime du colonel Mouammar Kadhafi en 2011, après une rébellion de huit mois, la Libye est confrontée à une forte instabilité politique, à des tendances séparatistes et à des violences incontrôlées dans un contexte de prolifération des armes, qui empêchent tout essor économique.
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