Le gaspillage d'argent public lors des travaux de sécurité de Nkandla, la maison du président sud-africain Jacob Zuma avait transpiré dès 2009 mais la facture a gonflé, les travaux ont continué et jeudi, son parti s'employait à calmer l'opinion avant les élections du 7 mai.
"L'ANC n'entend pas ignorer le rapport (publié mercredi ndlr) de la médiatrice de la République ni le discréditer", a clamé devant la presse son secrétaire général Gwede Mantashe, regrettant tout au plus le "timing" de sa publication en pleine campagne pour les élections du 7 mai.
Emboîtant le pas aux journaux qui demandent que "des têtes tombent maintenant", il a demandé que "ceux qui ont manqué à leurs devoirs subissent les conséquences, qu'ils soient fonctionnaires du gouvernement, ministres ou ex-ministres".
"Tous les responsables publics, fonctionnaires et entreprises privées impliqués dans une quelconque mauvaise gestion doivent aller en justice et tous les fonds acquis de façon inappropriée être récupérés", a insisté M. Mantashe.
"Quand je dit tous, je veux dire tous", a-t-il souligné, ajoutant que "l'ANC pouvait demander des comptes à M. Zuma" tout en invitant les médias et l'opinion à "ne pas se laisser aveugler par l'émotion" et assurant que le président n'avait pas menti au Parlement lorsqu'il a dû se justifier sur ces travaux en 2012.
Il a aussi suggéré que l'architecte, Minenhle Makhanya, payé au pourcentage et qui a gagné 16,5 millions de rands (plus d'un million d'euros), puisse être arrêté.La facture totale du chantier a grimpé à 246 millions de rands (16,5 millions d'euros).
"Ce qui est important pour nous, est de savoir qui a abdiqué ses responsabilités face à cet architecte", a-t-il poursuivi.
Une tactique défensive soigneusement étudiée face à l'avalanche d'ajouts sans rapport avec la sécurité présidentielle que M. Zuma est prié de rembourser: piscine, enclos à bétail, amphithéâtre, centre d'accueil pour visiteurs.
"La mise en oeuvre du projet Nkandla donne l'impression d'une sécurité excessive et déraisonnable, +Rolls Royce+, constituant un îlot dans un océan de pauvreté où les infrastructures publiques sont rares", a jugé la médiatrice de la République Thuli Madonsela.
Au lieu de défier Mme Madonsela, dont le travail avait été par avance entravé et critiqué, M. Zuma et son gouvernement ont choisi de faire profil bas, promettant de s'amender et de punir les mauvaises élèves.
Une promesse facile à sept semaines d'un scrutin qui amènera de toute façon à changer l'équipe au pouvoir, quand bien même l'ANC a peu de chances de perdre, compte tenu de l'attachement viscéral de l'électorat noir au parti crédité d'avoir renversé l'apartheid.
- "Zuma doit payer" -
Le rapport sur le scandale de Nkandla "ne fera perdre les élections ni à lui (M.Zuma) ni à son parti", observait le quotidien Business Day."Mais lui et ses collègues sont suffisamment inquiets des conséquences de Nkandla pour ressentir le besoin d'être perçus comme prenant des mesures là-dessus -des mesures épargnant le président".
La majorité de la presse sud-africaine était néanmoins déchaînée jeudi, taxant M. Zuma de pilleur et de menteur.
"Cette désolante saga est encore pire quand on sait que les irrégularités et les excès du projet ont transpiré dès 2009, quand seulement 69 millions de rands avait été dépensés.Il était de la responsabilité de M. Zuma (...) de stopper ça et d'ouvrir une enquête: il ne l'a pas fait", s'indignait The Star.
"Les quatre grands mensonges de Zuma!", titrait en Une le quotidien de Soweto, The Sowetan."Le droit au pillage", dénonçait la couverture de l'hebdomadaire Mail&Guardian.
Même le tabloïd Daily Sun, abonné aux faits divers sordides et loin de la politique, titrait "Zuma +doit payer+", tout comme le Times "Tu nous dois de l'argent".
Une vignette du caricaturiste Sifiso Yalo dans le Sowetan montrait un écolier remerciant le contribuable, un maigre verre d'eau à la main, et M. Zuma, remerciant lui aussi, un cocktail à la main devant sa piscine construite au frais de l'Etat.
A côté, l'éditorialiste se demandait avec pessimisme si c'était pour en arriver là que les fondateurs de l'ANC, à commencer par Nelson Mandela ou M. Zuma lui-même, emprisonné dix ans avec lui au bagne de Robben Island, s'étaient battus plus d'un siècle.
"Parlez-nous des problèmes, pas de Mandela", a répondu M. Mantashe pour l'ANC.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.