Ebola: après la Guinée, des cas suspects au Liberia et en Sierra Leone

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Conakry (AFP)

Les pays voisins de la Guinée, en pleine bataille contre le virus tueur Ebola, étaient mardi en état d'alerte, redoutant une propagation de la fièvre hémorragique après la découverte de  cas suspects en Sierra Leone et au Liberia.

Au total, ce sont 95 cas de fièvre hémorragique - provoqués en partie par le virus Ebola - qui ont été détectés depuis le début de l'année dans trois pays d'Afrique de l'Ouest, ayant entraîné la mort de 67 personnes, principalement en Guinée.

"Hier (lundi), nous avons été informés de cas suspects dans le district de Kambia (nord), à la frontière avec la Guinée", et également à Kono (est), mais non encore confirmés, a déclaré à la presse à Freetown Brima Kargbo, responsable au ministère sierra-léonais de la Santé.

Selon lui, le premier cas est celui d'un garçon de 14 ans, probablement mort il y a deux semaines en Guinée et dont le corps a ensuite été ramené dans son village de la zone de Kono.Le second cas a été recensé près de Kambia, mais est en vie.

L'épidémie de fièvre hémorragique s'est déclarée dans des régions du sud de la Guinée proches des frontières avec la Côte d'Ivoire, le Liberia et la Sierra Leone.

Elle s'est d'abord propagée à Conakry, la capitale guinéenne située dans le nord-ouest, où deux personnes sur trois cas détectés sont mortes, victimes d'un virus qui n'est pas Ebola, selon le ministère guinéen de la Santé qui n'avait toujours pas précisé  mardi l'origine des fièvres mortelles.

Lundi, l'épidémie a franchi la frontière avec le Liberia où six cas de fièvre hémorragique suspectée d'avoir été provoquée par Ebola ont été détectés dans le nord du pays, dont cinq mortels, sur des personnes qui revenaient de Guinée.

A des milliers de kilomètres, dans l'ouest du Canada, une personne développant les symptômes d'une fièvre hémorragique a été hospitalisée peu après son retour d'Afrique de l'Ouest.Mais un test a prouvé qu'elle n'était pas touchée par Ebola.

De janvier au 23 mars, au moins 61 personnes sont mortes en Guinée de fièvre hémorragique, plusieurs des 87 cas identifiés ayant été confirmés comme étant dus au virus Ebola, l'un des plus mortels et des plus contagieux pour lequel il n'existe aucun vaccin ou remède.

Sur 45 échantillons prélevés sur des malades et des cas suspects analysés jusqu'alors par les instituts Pasteur de Lyon (France) et de Dakar, treize se sont révélés être des cas d'Ebola, selon les autorités sanitaires guinéennes et leurs partenaires internationaux qui n'ont cependant pas précisé quelle était la nature des autres virus détectés.

La lutte contre cette maladie, mortelle dans neuf cas sur dix, est difficile pour deux raisons: le temps d'incubation du virus, qui est de deux à 21 jours (et retarde d'autant le diagnostic et l'isolement des patients atteints), et par le fait qu'il existe d'autres fièvres hémorragiques, aux symptômes similaires.

 

- "L'agent vecteur est la chauve-souris" -

 

Le virus Ebola est apparu pour la première fois en République démocratique du Congo en 1976 et a, depuis, tué 1.200 personnes pour 1.850 cas avérés lors de plusieurs épidémies en Afrique centrale.

L'infection intervient notamment après manipulation ou consommation d'animaux morts ou infectés dans la forêt tropicale.Le virus se propage ensuite entre les personnes à la suite de contacts directs avec le sang, les sécrétions, les organes ou les liquides biologiques de malades infectés.

En visite mardi dans le sud de la Guinée où la majorité des cas ont été détectés, le ministre guinéen de la Santé, le colonel Rémy Lamah, un médecin, a déclaré à la presse locale que "l'agent vecteur est la chauve-souris", actuellement en migration dans cette zone."J'ai formellement interdit la consommation de la chauve-souris dans la région", a-t-il ajouté.

Selon Médecins sans frontières (MSF), qui dispose en Guinée d'une équipe d'une trentaine de personnes, "la priorité, c'est d'identifier les personnes ayant été en contact avec les cas suspects ou confirmés, pour les suivre et les isoler si elles présentent des symptômes".

Les pays ayant une frontière avec la Guinée ont réactivé leurs systèmes de surveillance épidémiologique.

"Nous sommes inquiets.La maladie peut facilement voyager.Les animaux (qui véhiculent le virus) ne connaissent pas de frontière", a observé Simplice Dagnan, le directeur général de l'Institut national d'hygiène publique de Côte d'Ivoire, en rappelant que le taux de létalité des fièvres hémorragiques peut atteindre 90%.

Le seul moyen de lutter contre la propagation de l'épidémie est de conjuguer la prévention, l'information des populations et le  confinement des malades.

Selon MSF, il est également essentiel de pouvoir analyser les nouveaux échantillons sur place sans avoir à les envoyer à l'étranger afin d'être plus rapide dans le diagnostic et des laboratoires mobiles sont en train d'arriver en Guinée.

 

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