Le virus Ebola qui touchait jusqu'à maintenant le sud de la Guinée a atteint jeudi la capitale, Conakry (nord-ouest), quatre cas ayant été détectés dans cette ville insalubre de plus de deux millions d'habitants.
Les malades ont immédiatement été placés dans des centres d'isolement d'un grand hôpital de Conakry pour éviter la propagation de ce virus extrêmement contagieux et le plus souvent mortel, selon des sources médicales interrogées par l'AFP.
Ces cas sont différents des trois cas de fièvre hémorragique, dont deux mortels, qui avaient été enregistrés dimanche dans la capitale, mais qui, après analyses à l'institut Pasteur de Dakar, s'étaient avérés ne pas avoir été provoqués par l'Ebola.
Dans un communiqué diffusé tard jeudi soir, le gouvernement guinéen a indiqué que les services de santé et leurs partenaires avaient "notifié au total 103 cas suspects cumulés de fièvre hémorragique dont 66 décès" depuis le mois de janvier, essentiellement dans le Sud.
Le précédent bilan était de 88 cas dont 63 mortels.
La ville de Guéckédou est la plus affectée avec 47 décès sur 69 cas, suivie des villes de Macenta (12 décès sur 21 cas), Kissidougou (cinq décès sur sept cas) et Kankan (avec un seul cas mortel).A Conakry, cinq cas dont un décès ont été enregistrés, d'après le gouvernement, qui ne se prononce pas sur les cas de virus Ebola signalés à l'AFP par des sources médicales."Une investigation est en cours à Conakry pour des informations complémentaires", indique-t-il simplement.
Les tests effectués sur des échantillons analysés dans des instituts spécialisés d'Europe et à Dakar ont établi qu'au moins onze des cas de fièvre hémorragique avaient été provoqués par le virus Ebola.Aucune indication n'a, à ce jour, été fournie sur l'origine des autres cas de fièvre.
Depuis l'annonce, il y a une semaine, de l'épidémie, les autorités sanitaires guinéennes et les organisations internationales présentes en Guinée, au premier rang desquelles l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et Médecins sans frontières (MSF), ont multiplié les actions pour circonscrire l'épidémie et ont renforcé leurs équipes sur le terrain.
Il n'existe aucun vaccin ni remède contre le virus Ebola, et seules des mesures préventives peuvent permettre de maîtriser l'expansion de l'épidémie, comme l'installation de centres d'isolement des malades et la désinfection systématique des domiciles des personnes atteintes.
Plusieurs tonnes de matériel, dont des "kits d'hygiène" qui doivent permettre aux habitants de la région de se protéger, ont été expédiées dans le sud de la Guinée et les campagnes d'information et de sensibilisation, via les médias et le "porte-à-porte" - y compris dans les villages les plus reculés -, montent en puissance.
Le Dr Sakoba Keïta, responsable des services de prévention au ministère guinéen de la Santé, a dit mercredi qu'il pensait que "le pic" de l'épidémie était dépassé, ce qui n'a pas été confirmé par des sources sanitaires internationales.
- Eviter la transmission transfrontalière -
La vigilance est maximale dans les six pays frontaliers de la Guinée, six cas suspects dont cinq mortels ayant été répertoriés au Liberia et deux, dont un mortel, en Sierra Leone, les deux pays les plus proches du sud de la Guinée, foyer de l'épidémie.
Aucun autre cas n'a pour l'instant été détecté dans les quatre autres Etats frontaliers que sont la Côte d'Ivoire, le Mali, le Sénégal et la Guinée-Bissau.
Tous ont cependant renforcé leurs systèmes d'alerte épidémiologique et leurs contrôles sanitaires aux frontières, de même que des pays plus éloignés comme le Togo, le Bénin et la Mauritanie.
Le délai d'incubation de la maladie provoquée par Ebola (de deux à 21 jours) ne permet pas d'écarter la présence d'individus contaminés dans les pays voisins.
Selon les autorités sanitaires de Guinée, le virus Ebola, mortel dans neuf cas sur dix, a été véhiculé par des chauves-souris dans ce pays.Il peut aussi l'être par des chimpanzés, des gorilles, des antilopes, etc.
Il se transmet ensuite entre humains par contact direct avec le sang, les liquides biologiques ou les tissus des sujets infectés.
Le virus Ebola tire son nom d'une rivière du nord de la République démocratique du Congo où il a été repéré pour la première fois en 1976.
Il a fait 1.200 mots pour 1.850 cas avérés pendant les épidémies les plus graves qui ont touché l'Afrique centrale, mais c'est la première fois qu'une épidémie de l'ampleur de celle qui touche la Guinée se produit en Afrique de l'Ouest.
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