Le gouvernement libyen a engagé des négociations "indirectes" avec des rebelles autonomistes qui bloquent depuis huit mois des terminaux pétroliers dans l'Est, pour tenter de reprendre les exportations et mettre fin à une crise privant le pays de sa principale source de revenus.
Une délégation gouvernementale s'est rendue mercredi à Brega, fief des rebelles dans l'Est, selon Ali al-Hassi, un porte-parole du gouvernement autoproclamé de la Cyrénaïque (région orientale), bras politique des rebelles.
"Nous nous sommes réunis hier (mercredi) avec une délégation du gouvernement conduite par le ministre des Finances par intérim Marajaa Ghaith et nous nous sommes mis d'accord sur plusieurs points", a déclaré ce porte-parole à l'AFP.
Mais le gouvernement a démenti s'être engagé dans "des négociations directes".Dans un bref communiqué publié jeudi soir, il a affirmé ne pas avoir participé à ces pourparlers, qui se sont déroulés entre les rebelles et des dignitaires locaux et chefs tribaux faisant office de médiateurs.
"Le gouvernement a accueilli positivement les points que nous avons abordés", a ajouté de son côté M. Al-Hassi, affirmant que le blocage des terminaux pétroliers pourrait être levé en début de semaine prochaine.
Depuis juillet, des hommes armés qui faisaient partie des gardes des installations pétrolières bloquent ces sites dans l'Est, ce qui empêche les exportations de brut.
Le chef de ces rebelles, Ibrahim Jodhrane, autoproclamé en août président du bureau politique de la Cyrénaïque, a d'abord accusé le gouvernement de corruption, ce que les autorités ont réfuté tout en annonçant l'ouverture d'une enquête.
Mais les rebelles ont ensuite rapidement affiché leurs véritables intentions en réclamant l'autonomie de la Cyrénaïque, et en annonçant la mise en place d'un gouvernement local, ainsi que d'une banque et d'une compagnie de pétrole.
Début mars, ces rebelles ont tenté de vendre du brut pour leur compte.Mais le pétrolier chargé de cette cargaison a été arraisonné par la marine américaine, qui a remis aux autorités libyennes l'équipage du navire ainsi que trois rebelles se trouvant à bord.
Ces trois Libyens ont été libérés lundi, comme l'exigeaient les rebelles pour entamer les négociations avec les autorités.
Mercredi, le gouvernement a aussi annoncé le transfert du siège des gardes des installations pétrolières chez les rebelles à Brega, sans fournir d'explications.
Mais selon une source proche des négociations, cette décision a été imposée par les rebelles qui exigent également le versement de la totalité de leurs salaires --suspendus depuis le début de leur mouvement-- ainsi qu'un référendum sur l'autonomie de la Cyrénaïque.
-14 milliards de dollars-
Salah Al-Atyouch, le chef de la tribu d'Al-Magharba, dont est issu le chef rebelle Ibrahim Jodhrane, a affirmé jeudi que les négociations évoluaient "comme prévu", faisant état de "bonnes intentions" des deux côtés.
Selon lui, M. Jodhrane a dit avoir accepté une résolution de la crise "par le dialogue afin de couper court aux interventions étrangères".
Les rebelles "tentent de trouver une sortie à la crise qu'ils ont provoquée", a estimé un diplomate occidental à Tripoli, soulignant l'importance de l'échec de leur tentative d'exporter du brut et de la résolution adoptée le 19 mars par le Conseil de sécurité de l'ONU pour sanctionner l'exportation illégale du pétrole libyen.
Le blocage des ports pétroliers a provoqué une chute de la production à 250.000 barils par jour, voire moins, contre près de 1,5 million de barils par jour en temps normal.
Le président du Parlement Nouri Abou Sahmein a affirmé mercredi dans une interview que ce blocage avait provoqué des pertes estimées à plus de 14 milliards de dollars.
Ces derniers mois, le gouvernement libyen a plusieurs fois annoncé être proche d'un accord avec les rebelles, mais ses efforts sont restés vains jusqu'à présent.
Les autorités ont aussi menacé à plusieurs reprises de recourir à la force face aux rebelles, sans toutefois passer à l'action.
Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en octobre 2011, les autorités de transition ne parviennent pas à rétablir l'ordre dans le pays, confronté à une forte instabilité politique et aux violences.
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