Le Parlement mozambicain a été saisi mercredi d'un projet de loi durcissant les sanctions contre les braconniers, alors que le rythme du massacre des rhinocéros s'est encore accéléré dans l'Afrique du Sud voisine.
"Il y a une pression accrue des braconniers dont les cibles principales sont les éléphants d'Afrique et les rhinocéros", a résumé devant les députés le ministre mozambicain du Tourisme Carvalho Muaria.
Maputo était sommée d'agir depuis plusieurs années par de nombreux défenseurs de l'environnement et la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (Cites).
Alors que le braconnage n'est jusqu'à présent pas considéré comme un délit au Mozambique, les braconniers pris sur le fait risqueront selon le projet de loi douze ans de prison et 90.000 dollars d'amende, tandis que le transport illégal d'espèces protégées sera puni d'amendes pouvant aller jusqu'à 88.000 dollars.
Les éléphants du nord du Mozambique sont décimés par les braconniers, tandis que les rhinocéros ont déjà disparu du pays.
Mais la quasi totalité des braconniers agissant dans le célèbre parc national Kruger, au nord-est de l'Afrique du Sud, frontalier du Mozambique, viennent de ce pays.
Pretoria, qui hésite toujours à reconstruire la clôture électrifiée le long de la frontière --démantelée au début des années 2000 pour laisser passer les animaux--, a annoncé la signature le 17 avril un protocole d'accord entre les deux gouvernements visant à protéger la biodiversité dans la région.
Le ministre sud-africain de l'Environnement a noté mercredi que 277 rhinocéros avaient été tués depuis le début de l'année dans le pays, dont 166 dans le seul parc Kruger malgré le déploiement de l'armée.
Après la disparition de leurs voisins mozambicains, les rhinocéros sud-africains sont de plus en plus victimes des braconniers depuis quelques années, la progression du massacre s'expliquant par la vente à prix d'or des cornes en Asie, en particulier au Vietnam, où elles sont recherchées dans la médecine traditionnelle.La corne des rhinocéros est pourtant exclusivement composée de kératine, la même matière que les ongles humains.
Les campagnes de prévention étant visiblement plus médiatiques qu'efficaces, les chiffres officiels montrent une impressionnante progression du braconnage ces dernières années: 1.004 rhinocéros ont été tués par des braconniers en Afrique du Sud en 2013, contre 668 en 2012, 448 en 2011, 333 en 2010, 122 en 2009, 83 en 2008 et seulement 13 en 2007.
La population de rhinocéros d'Afrique du Sud commencera à décliner vers 2016 si le rythme actuel du braconnage se poursuit, selon les estimations inquiètes du gouvernement sud-africain.Avec environ 20.000 spécimens, le pays abrite 70 à 80% de la population mondiale.
Des organisateurs de safaris ont annoncé en février qu'ils voulaient transférer une centaine de rhinocéros sud-africains au Botswana l'an prochain pour les protéger.
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