Pistorius: la porte des WC a-t-elle claqué la nuit du meurtre?

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Pretoria (AFP)

Un claquement de porte pourrait coûter cher à Oscar Pistorius, jugé pour le meurtre de sa petite amie depuis le 3 mars et gêné lundi par des détails comme celui-ci, omis, modifiés ou contradictoires au fil de ses dépositions successives.

Soumis depuis mercredi au matraquage du procureur Gerrie Nel, le champion paralympique a narré pour la énième fois pourquoi il s'était rendu dans sa salle de bains, armé, craignant un cambriolage après avoir entendu la fenêtre de cette pièce s'ouvrir.

Brusquement, M. Nel l'interrompt: "Mais est-ce que vous n'oubliez pas quelque chose de très important.La porte (du WC) a claqué ?". 

Comme l'athlète rétorque que cette porte a claqué quand il avançait dans le couloir de la salle de bains, M. Nel le coince et demande pourquoi "ce bruit si important" n'était pas mentionné dans la toute première déposition lue par les avocats de Pistorius en 2013.

"Il n'y a pas un seul mot sur cette porte en train de se fermer et de claquer dans votre déposition pour la remise en liberté sous caution", insiste-t-il.

"Je ne sais pas.Demandez à mes avocats", objecte Pistorius. 

"Mais pourquoi?Je ne vais pas me contenter d'un je-ne-sais-pas", enchaîne le procureur."Je vous le dis, monsieur, c'est parce que vous changez votre version au fur et à mesure".

S'ensuit une nouvelle salve de questions pour établir s'il y a eu intention homicide.

Mais le champion double amputé nie.Non, il n'a "pas étendu le bras droit" avant de tirer sur la porte des WC où se trouvait son amie Reeva sans qu'il le sache.Il "essayait de comprendre la situation". 

"Votre ligne de défense a changé?"

Non, il n'a "pas visé la porte", c'est "son arme qui était pointée sur la porte".

"Avez-vous tiré sur ce que vous perceviez être un attaquant?", l'interroge encore le procureur."Non j'ai tiré sur la porte", répond Pistorius, refusant obstinément de dire qu'il a tiré pour tuer. 

"Donc votre ligne de défense a changé.Ce n'est plus la légitime défense ?", s'étonne le procureur, qui ajoute: "Même si c'était un cambrioleur, cela aurait été un accident ?"  

"Oui", répond Pistorius, écarlate lorsqu'il ajoute: "Je m'en veux d'avoir pris la vie de Reeva".

Barry Roux, l'avocat du sportif, assiste impavide aux échanges, et n'intervient que brièvement pour se plaindre de l'acharnement du procureur à reposer les mêmes questions.

Nul ne sait quand le procureur en aura fini avec cette confrontation brutale avec Pistorius: "Ecoutez les question!Ne contestez pas!Pourquoi toute cette émotion?"

L'audience est suspendue plusieurs fois quand Pistorius ne semble plus en état de parler, notamment quand il s'écrie qu'il a sommé le présumé cambrioleur de sortir de chez lui avant de tirer.

"Tu dégages de ma putain de maison!", a-t-il glapi à la barre comme revivant cette nuit dramatique de Saint-Valentin 2013, banalement commencée par un dîner autour d'un sauté de poulet, quelques coups de fil et un couple qui s'endort fatigué selon Pistorius.

Présumé innocent jusqu'au jugement, le champion risque la perpétuité, soit 25 ans de réclusion incompressible.Il comparaît libre. 

Depuis plusieurs jours, des fans viennent le soutenir, assistant aux débats ou l'attendant devant le tribunal, avec des fleurs, des ballons avec écrit dessus "Oscar" ou "Love".

Soudé, le clan Pistorius est assis au premier rang.Sa soeur Aimée, qui vient le conforter dans son box à chaque interruption d'audience, a l'air d'assister à un enterrement.

La famille Steenkamp, à laquelle Pistorius a demandé publiquement pardon la semaine dernière, occupe la même rangée.

La semaine dernière, le procureur a multiplié les perches pour pousser un Pistorius assailli de remords à soulager sa conscience.Il a disséqué les textos du couple qui gardent la trace de plusieurs querelles entre Pistorius et sa victime.

"M.Pistorius, votre version est si improbable qu'elle ne peut raisonnablement pas être vraie", a-t-il à nouveau déclaré lundi à la reprise de l'audience.

"Elle voulait s'en aller et vous n'étiez pas en train de dormir, vous étiez tous les deux réveillés", a affirmé le procureur."C'est inexact, madame le juge, ce n'est pas vrai", a répondu le jeune homme."Et il y a eu une dispute", a ajouté M. Nel.

 

 

 

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