La Centrafrique est "au bord du génocide", s'est alarmé dimanche l'archevêque sud-africain Desmond Tutu, appelant ses habitants à pardonner pour "réapprendre à vivre ensemble".
"Le pays est au bord du génocide, certains diront même qu'il a déjà commencé", a déclaré M. Tutu, notant qu'"au cours des 13 derniers mois, les luttes visiblement incessantes pour le pouvoir politique et les ressources ont dégénéré en anarchie, haine et nettoyage ethnique".
"Les habitants de la République centrafricaine détiennent la clef pour une paix durable.Les habitants doivent réapprendre à vivre ensemble", a souligné le prix Nobel de la paix dans un communiqué transmis par sa fondation.
L'annonce par l'ONU du prochain déploiement d'une force de maintien de la paix est un "énorme soulagement", car elle aidera la France et l'Union africaine à "restaurer les systèmes brisés, comme le maintien de l'ordre et la justice", a noté le prélat anglican officiellement retraité.
Les propos de Mgr Tutu interviennent alors que Pretoria --dont le régime de Jacob Zuma est critiqué par le prélat --a récemment annoncé n'avoir pas l'intention d'envoyer des troupes en Centrafrique pour y ramener la paix.
M. Tutu dit ajouter sa voix à celle du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon pour inciter le peuple centrafricain et ses dirigeants à "faire revivre l'esprit de tolérance et de respect mutuel".
L'un des plus grands dons de Dieu, que ce soit pour les chrétiens, les musulmans, les animistes ou les athées, "est la capacité de distinguer le bien du mal, de raisonner et de faire avec les différences", a-t-il relevé à l'occasion des fêtes de Pâques.
"Quand nous pardonnons, nous nous libérons et semons la graine d'un nouveau départ.Cela a un effet multiplicateur puissant", a ajouté Desmond Tutu.
La Centrafrique, l'un des pays les plus pauvres du monde, traverse depuis plus d'un an une crise sans précédent qui a fait des milliers de morts et près d'un million de déplacés.
Sur une grande partie de son territoire, l'ancienne colonie française s'est enfoncée dans un cycle de tueries interreligieuses, après des mois d'exactions perpétrées par les combattants de la coalition Séléka qui avaient pris le pouvoir en mars 2013, avant de devoir le quitter en janvier dernier.
Depuis la fin du règne des Séléka et leur désarmement par les forces françaises et africaines, les musulmans, souvent associés aux ex-rebelles et désormais sans défense, font l'objet des pires représailles et fuient le pays par dizaines de milliers.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a autorisé le 10 avril le déploiement en septembre d'environ 12.000 Casques bleus en Centrafrique.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.