Le parquet égyptien a produit mardi des enregistrements inaudibles présentés comme de nouvelles preuves dans le procès de journalistes de la chaîne qatarie Al-Jazeera accusés d'avoir soutenu les islamistes en Egypte.
Lors de l'audience précédente de ce procès qui a déclenché un tollé international, le parquet avait cherché à prouver que les journalistes manipulaient les images de leurs reportages en produisant des vidéos sans lien avec leur travail.
Au total, 20 personnes sont poursuivies, dont 12 par contumace dans cette affaire: 16 Egyptiens sont accusés d'appartenir à une "organisation terroriste" --les Frères musulmans-- et quatre étrangers de leur avoir fourni "argent, équipements et informations" pour "diffuser de fausses nouvelles" et faire croire à une "guerre civile".
L'Egypte et le Qatar sont à couteaux tirés depuis la destitution du président islamiste Mohamed Morsi par l'armée.
Le Caire reproche à Doha de soutenir les Frères musulmans, en particulier via sa chaîne très regardée dans le monde arabe, tandis que le petit émirat gazier dénonce la violente répression qui s'est abattue sur les pro-Morsi --1.400 morts et plus de 15.000 arrestations.
Parmi les accusés figurent trois journalistes de l'antenne anglophone d'Al-Jazeera, détenus depuis près de quatre mois: le directeur égypto-canadien du bureau de la chaîne au Caire Mohamed Fadel Fahmy, l'Australien Peter Greste et l'Egyptien Baher Mohamed.
Mardi, lors de la sixième audience du procès, le parquet a produit des enregistrements audios contre trois autres accusés, poursuivis pour avoir fourni des vidéos de manifestations pro-Morsi à l'antenne égyptienne de la chaîne qatarie, Al-Jazeera Mubashir Misr.
"Si quelqu'un comprend quelque chose, qu'il nous le dise", a lancé un des avocats de la défense."J'entends très bien de mon côté", a répliqué l'un des juges.
Les journalistes dans la salle d'audience, dont celui de l'AFP, ont eux aussi eu des difficultés à entendre ce qui était dit sur ces enregistrements.
Al-Jazeera affirme que seuls neuf des accusés sont ses employés, dont cinq journalistes, et Al-Jazeera English répète que les accusations contre ses journalistes sont absurdes.
M. Fahmy, blessé à une épaule avant sa détention, a demandé une nouvelle fois à la cour une libération sous caution pour raison de santé, alors que le parquet a versé au dossier un CD contenant, selon lui, des preuves contre le journaliste.
Dans une autre affaire, les parents d'Abdallah al-Chami, un journaliste travaillant pour l'antenne arabophone d'Al-Jazeera, ont réclamé mardi sa libération, après 250 jours en détention sans qu'aucune accusation ne lui ait été notifiées, selon un communiqué de la chaîne, qui assure que M. Chami est en grève de la faim depuis plus de 90 jours.
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