Soudan du Sud: une émissaire de l'ONU à Juba, incertitude sur la reprise des négociations

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Juba (AFP)

La Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme Navi Pillay, chargée d'enquêter sur les massacres accompagnant le conflit au Soudan du Sud, est arrivée lundi à Juba, tandis qu'à Addis Abeba les pourparlers entre belligérants, suspendus depuis début avril, ont repris.

Mme Pillay "est arrivée à Juba", a déclaré à l'AFP Joe Contreras, un porte-parole de la Mission de l'ONU au Soudan du Sud (Minuss) où l'armée gouvernementale, fidèle au président Salva Kiir, affronte depuis mi-décembre les troupes loyales à son ancien vice-président Riek Machar, sur fond de rivalité politique entre les deux hommes au sein du régime.

Le conflit a pris une tournure ethnique, MM.Kiir et Machar étant issus des deux principaux peuples du pays, les Dinka et les Nuer, que divisent de vieux antagonismes plongeant pour partie leurs racines dans la guerre - une des plus longues du continent africain - ayant opposé entre 1983 et 2005 Khartoum à la rébellion sudiste, désormais au pouvoir à Juba.

Des massacres et exactions contre les civils, sur des bases ethniques, ont été attribués aux deux camps et ont chassé plus d'un million de Sud-Soudanais de chez eux.

Mme Pillay, accompagnée d'Adama Dieng, conseiller spécial sur la prévention du génocide auprès du secrétaire général de l'ONU, doit rester deux jours au Soudan du Sud et rencontrer le président Kiir et de hauts responsables.

Elle devrait également se rendre mardi à l'intérieur du pays, notamment dans une zone tenue par les forces de M. Machar.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a menacé le 24 avril de sanctions ciblées les responsables des deux camps, après l'attaque mi-avril à Bor (est) d'une base de l'ONU abritant des milliers de réfugiés dont une cinquantaine ont été tués, puis le massacre de plusieurs centaines de civils à Bentiu (nord), attribué par l'ONU aux forces pro-Machar ayant repris la localité.

Dans une intervention d'une rare virulence, le Conseil a dénoncé "le ciblage systématique des civils sur une base ethnique" et chargé Mme Pillay d'une enquête au Soudan du Sud, qui a replongé dans la guerre trois ans à peine après son indépendance, proclamée en juillet 2011.

Il a également appelé les responsables des deux camps à "faire cesser les violences" contre les civils et faire rendre des comptes aux coupables.

- Médiateurs en réunion -

Lundi, Médecins sans Frontières (MSF) a dénoncé des "actes de violence indicibles" à Bentiu."La violence au Soudan du Sud a pris un tour particulièrement affreux, dépouillant les gens de leur plus élémentaire dignité", a déploré le chef de mission de MSF dans le pays, Raphael Gorgeu.

A Addis Abeba, les pourparlers destinés à trouver une issue politique au conflit qui ravage le Soudan du Sud, suspendus depuis début avril, ont repris dans la capitale éthiopienne, a annoncé la médiation dans un communiqué.

"Les médiateurs ont rencontré les deux délégations séparément (...) Ils devaient les amener à se rencontrer, mais je ne peux pas confirmer que cela (un face-à-face) ait déjà eu lieu", a déclaré à l'AFP Brazille Musumba, un porte-parole de l'Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad), organisation sous-régionale est-africaine qui assure la médiation, interrogé à Nairobi.

Selon un porte-parole de l'Igad à Nairobi, Brazille Musumba, la délégation du gouvernement sud-soudanais du président Salva Kiir et celle de la rébellion menée par son ancien vice-président Riek Machar se sont rencontrées lundi, en présence des médiateurs.

"Les pourparlers ont repris aujourd'hui entre les deux délégations", a-t-il expliqué.

Ce deuxième cycle de négociations, ouvert mi-février, avait été suspendu une première fois début mars.Rouvert fin mars, il avait à nouveau été suspendu une dizaine de jours plus tard, après s'être réduit à des querelles entre délégations, dans des hôtels de luxe de la capitale éthiopienne, sur les modalités des discussions.

Le premier cycle de discussions à Addis Abeba avait péniblement accouché le 23 janvier d'un accord de cessez-le-feu qui n'a jamais été respecté.

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