Au Nigeria, le nouvel attentat d'Abuja inquiète, à quelques jours du Davos africain

Infos. ...

Abuja (AFP)

A quelques jours d'un forum économique international dans la capitale du Nigeria, un nouvel attentat meurtrier a frappé une importante gare routière d'Abuja, déjà visée par le groupe islamiste Boko Haram il y a trois semaines, alors que Washington met en garde contre la menace d'un nouvel attentat.

Une voiture piégée a explosé jeudi vers 20h00 (19h00 GMT) dans la gare routière de Nyanya, en périphérie d'Abuja, faisant au moins 19 morts et 80 blessés. 

La déflagration a eu lieu à 50 mètres à peine du lieu de l'attentat du 14 avril, qui avait fait au moins 75 morts, l'attaque la plus meurtrière que la capitale nigériane ait jamais connue. 

Selon le porte-parole de la police Frank Mba, le bilan provisoire est de 19 morts  et selon Manzo Ezekiel, porte-parole de l'agence nigériane de gestion des situations d'urgence (NEMA), il y aurait 80 blessés.

Trois engins artisanaux n'ayant pas explosé ont été découverts sur place selon M. Mba.

Un vendeur d'oranges dans la gare, Babangida Bello, a raconté à l'AFP qu'il a "entendu, soudainement, une énorme explosion"."Tout le monde était désorienté" et un vendeur de boissons qui courait pour se mettre à l'abri est mort sous ses yeux, touché à la tête par un éclat d'obus, a-t-il rapporté.

Ce second attentat à quelques kilomètres du siège du gouvernement intervient moins d'une semaine avant le Forum économique mondial pour l'Afrique, qui doit réunir à Abuja des décideurs du monde entier, dont le Premier ministre chinois Li Keqiang.

Or, "des groupes associés au terrorisme" pourraient mener une attaque contre un hôtel de luxe à Lagos, a averti vendredi soir le consulat général américain dans une note diffusée par courrier électronique.

Selon des informations "des groupes associés au terrorisme sont soupçonnés de planifier une attaque contre un hôtel Sheraton à Lagos", selon cette note du consulat qui conseille aux ressortissants américains d'éviter ces hôtels - Lagos en compte deux -.

La note ne donne aucune information sur le type d'attaque envisagée ni la date d'un éventuel attentat.

Après l'attaque du 14 avril, les organisateurs du Forum avaient promis de déployer un dispositif de sécurité inédit pour une réunion internationale au Nigeria qui est la première économie africaine et le premier producteur de pétrole du continent.

Le Forum économique mondial (WEF) a assuré vendredi que la rencontre des 7-9 mai était maintenue, malgré l'attentat.

"Les mesures de sécurité existantes sont fiables" et "il n'est pas envisagé de procéder à un quelconque changement du programme", selon un communiqué du WEF.

Le centre-ville d'Abuja, où se trouvent les ministères, les bâtiments administratifs, les grands hôtels et les sièges d'entreprises étrangères, est déjà sous haute surveillance, le dispositif de sécurité ayant été renforcé après l'attentat contre le siège des Nations Unies en août 2011.

Les forces de l'ordre nigérianes s'étaient engagées à renforcer la sécurité dans les quartiers plus vulnérables, après l'attentat du 14 avril, mais cette nouvelle attaque prouve que cela n'a pas été fait, notamment à Nyanya.

 

- 'Message clair au gouvernement' -

 

 

L'attentat de jeudi n'a pas été revendiqué mais les soupçons se portent sur Boko Haram, dont les attaques ont fait des milliers de morts depuis le début de l'insurrection lancée par ce groupe radical il y a cinq ans dans le nord du pays, à majorité musulmane.

Le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, considéré comme un "terroriste" par les Etats-Unis, avait revendiqué l'attentat du 14 avril dans une vidéo.

Pour le professeur Shehu Sani, spécialiste de Boko Haram, les deux attentats d'Abuja sont "un message clair adressé au gouvernement nigérian".

Les islamistes veulent prouver "qu'ils peuvent frapper à n'importe quel moment à l'endroit de leur choix", estime-t-il."Ils veulent montrer à quel point les forces de l'ordre sont faibles et incompétentes".

Boko Haram, dont les violences ont déjà fait plus de 1.500 morts cette année, selon Amnesty International, a concentré la plupart de ses attaques dans ses fiefs historiques du nord-est du pays jusqu'à l'attentat du 14 avril.

Mais "les insurgés ont prévu depuis longtemps de mener des attaques en dehors" de cette région, selon M. Sani.

Boko Haram, qui revendique la création d'un Etat islamique dans le nord du pays , a déjà pris pour cible des écoles, des églises, des mosquées et des symboles de l'Etat depuis 2009.

Le président Goodluck Jonathan est très critiqué pour l'impuissance des autorités à empêcher des atrocités malgré une vaste opération militaire dans le Nord-Est, placé en état d'urgence depuis un an.

- Près de 200 jeunes filles enlevées par les Islamistes -

 

 

Ce nouvel attentat intervient dans un contexte de mobilisation croissante de l'opinion après l'attaque la plus choquante jamais perpétrée par Boko Haram: l'enlèvement le 14 avril de 100 à 200 adolescentes de 12 à 17 ans dans leur lycée de l'Etat de Borno.Selon la directrice, 187 sont toujours retenues.La police nigérianne, elle, estime désormais leur nombre à 223, sur les 276 jeunes filles enlevées initialement. 

Ces adolescentes auraient été emmenées au Cameroun et au Tchad voisins pour y être vendues à des insurgés de Boko Haram et mariées de force, selon des informations recueillies par le chef du conseil des anciens de la localité, non confirmées auprès de sources sécuritaires.

 

 

Newsletter

Restez informé ! Recevez des alertes pour être au courant de toutes les dernières actualités.
Réagir à cet article

L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.

En direct
Les rendez-vous santé
Nos applications
Facebook
Twitter
Instagram
Au Nigeria, le nouvel attentat d'Abuja inquiète, à quelques jours du Davos africain