Le Mali envoie des renforts à Kidal, où 30 fonctionnaires ont été libérés

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Bamako (AFP)

Le Mali a dépêché des renforts militaires pour tenter de reprendre le contrôle de Kidal, fief des rebelles touareg, qui y ont libéré lundi soir près de 30 fonctionnaires qu'ils retenaient depuis ce week-end.

"1.500 militaires maliens sont arrivés en renfort à Kidal les dernières 24 heures.Ils continuent d'arriver", a déclaré à l'AFP une source militaire étrangère, information confirmée par une source militaire malienne.Et ce chiffre "sera revu à la hausse dans les prochaines heures", selon cette source malienne.

Le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), rébellion touareg qui dispose d'hommes armés dans la ville, a libéré lundi soir une trentaine de fonctionnaires qu'il retenait depuis des combats avec l'armée malienne il y a trois jours.

Ils ont été remis à la mission de l'ONU au Mali (Minusma), selon un responsable de cette mission et un travailleur humanitaire.

De source militaire, l'envoi de renforts de soldats à Kidal est en cours depuis les accrochages de samedi. 

Le nombre de militaires auparavant déployés n'était pas connu.Mais fin avril, le Premier ministre avait affirmé que le Mali disposait "d'environ 8.300 hommes (...) sur le théâtre des opérations" dans le Nord, où ils travaillent "en partenariat" avec les soldats de l'opération française Serval et la Minusma, "en vue de surmonter les énormes difficultés de sécurisation du territoire".

D'après un autre responsable militaire, certains des soldats arrivés en renforts sont venus notamment de Gao (au sud de Kidal), d'autres d'Anéfis (entre Gao et Kidal).

Ils sont déployés alors que Bamako tente de renforcer la présence de l'Etat dans le Nord, englobant les régions de Tombouctou, Gao et Kidal, où le Premier ministre Moussa Mara a effectué jusqu'à dimanche sa première visite depuis sa prise de fonction.

A Kidal, en plein séjour de M. Mara, les soldats maliens qui sécurisaient la délégation officielle, ont affronté des groupes armés mêlant rebelles touareg et "terroristes", selon Bamako.

Au cours de ces combats, 36 personnes ont été tuées, dont huit militaires, d'après le gouvernement, qui avait aussi dénoncé les enlèvements.

Le MNLA a affirmé que ses hommes ont réagi pour "défendre leurs positions et opposer une légitime défense".Il a revendiqué "une dizaine de soldats maliens morts", en plus des 30 personnes retenues, qu'il avait qualifiées de "prisonniers de guerre".

Dimanche, la mission de l'ONU au Mali, la Minusma, avait fait état de "l'assassinat de deux civils et six officiels maliens", sans donner plus de détails.De sources officielles malienne et internationale, les six responsables tués sont deux préfets et quatre sous-préfets de la région de Kidal.

- Violences condamnées -

Les violences avaient été condamnées par plusieurs pays et organisations.Après la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest, l'Union africaine et les Etats-Unis dimanche, le Maroc, s'en est dit inquiet et a appelé au dialogue lundi, tandis que la France a exprimé sa solidarité au Mali "suite à l'assassinat de plusieurs représentants de l'Etat malien à Kidal" et dénoncé des "violences inacceptables".

La France a été le fer de lance d'une opération militaire internationale lancée en janvier 2013 - et toujours en cours - contre les jihadistes qui occupaient le nord du Mali.Ces islamistes ont été chassés des grandes villes mais demeurent actifs dans ces zones.

"Les terroristes ont déclaré la guerre au Mali, le Mali est donc en guerre contre ces terroristes", sans distinctions d'origine, a dénoncé dimanche le Premier ministre Moussa Mara.Selon lui, les forces maliennes "sont en train de se préparer à toutes les éventualités" à Kidal.

Le MNLA avait déclenché en janvier 2012 une offensive contre les forces maliennes dans le nord du Mali, s'alliant à des islamistes armés.Profitant d'un coup d'Etat militaire en mars 2012, ces groupes se sont emparés des régions de Tombouctou, Gao et Kidal, d'où les rebelles touareg avaient ensuite été évincés par les jihadistes liés à Al-Qaïda.

Le MNLA est revenu à Kidal à la faveur de l'opération militaire internationale.

En dépit de la présence sur place de soldats maliens, français et onusiens, cette zone échappe toujours au contrôle de l'Etat malien, en proie à l'anarchie et aux rivalités de groupes armés.

Elle a souvent été au coeur des rébellions touareg qu'a connues le Mali depuis 1960, la dernière en date, déclenchée entre fin 2011 et début 2012 par le MNLA, ayant ouvert la voie à la crise la plus grave de l'histoire du pays.

Les dernières violences de ce week-end ont suscité des réactions d'hostilité envers la force Serval et la Minusma, accusées de passivité face aux rebelles touareg.

Depuis samedi, des manifestations ont été organisées à Bamako et à Gao, où  ont été scandés des slogans comme "Libérez Kidal!", "Minusma, à bas!La France, à bas!".

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