La France a annoncé mardi qu'elle reportait de "quelques semaines" le redéploiement prévu de son dispositif militaire au Sahel, prolongeant d'autant l'opération Serval au Mali où de nouvelles violences ont éclaté ce week-end dans le Nord.
"Compte tenu des circonstances de ces dernières 48 heures, l'opération de bascule du dispositif Serval vers le dispositif des forces françaises en bande sahélo-saharienne doit être décalée de quelques semaines", a indiqué mardi l'entourage du ministre de la Défense.
Le nouveau dispositif, fort de 3.000 hommes répartis notamment au Mali, au Tchad et au Niger, devait être officiellement inauguré par le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian lors d'une visite prévue au Mali et au Tchad du 25 au 27 mai, et qui a été du même coup annulée.
Les combats qui ont fait officiellement 36 morts samedi à Kidal, fief de la rébellion touareg dans l'extrême nord-est du Mali, ont opposé des groupes armés - Touareg indépendantistes et jihadistes, selon le gouvernement malien - à des soldats maliens, le jour d'une visite du Premier ministre Moussa Mara.
A l'issue des combats, le gouvernorat de Kidal avait été attaqué et deux civils et six officiels maliens assassinés, selon la Mission de l'ONU au Mali (Minusma).
Ces violences ont suscité à Bamako et dans plusieurs villes du Mali des réactions d'hostilité envers les soldats français et onusiens, accusés de passivité vis-à-vis des rebelles touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA).
Ce groupe rebelle avait déclenché en janvier 2012 une offensive contre les forces maliennes dans le nord du Mali, s'alliant à des groupes armés liés à Al-Qaïda qui l'avaient ensuite évincé.Le MNLA était revenu à Kidal à la faveur de l'intervention militaire internationale lancée par la France en janvier 2013, qui a chassé les jihadistes des grandes villes du Nord.
Le contingent français à Kidal devait être légèrement renforcé dans la journée de mardi.Selon l'état-major des armées, une trentaine de soldats supplémentaires rejoindront le détachement en place, portant leur effectif total à "un peu moins d'une centaine d'hommes".
"On envoie du monde pour avoir plus de souplesse", a indiqué le porte-parole de l'état-major, le colonel Gilles Jaron.Il s'agit d'"avoir des capacités qui permettent de réagir" en cas de besoin dans cette période de tension.
Outre la détérioration de la situation au Mali, le ministère français de la Défense a justifié le changement de calendrier par l'adoption, lors du sommet sur le Nigeria qui s'est tenu samedi à Paris, "de mesures visant à renforcer la coopération internationale contre le groupe islamiste Boko Haram" et "l'engagement de la France à apporter son soutien à ces mesures, notamment à partir de son dispositif régional en cours de mise en place au Tchad".
Rôle "déterminant" de l'Algérie
Paris discute depuis plusieurs mois avec les pays de la région et ses principaux alliés de la réorganisation de son dispositif militaire au Sahel pour renforcer l'efficacité de ses forces dans la lutte contre les groupes jihadistes qui opèrent dans cette zone immense.
Il s'agit notamment de rapprocher les forces de la zone où elles sont le plus susceptibles d'intervenir et d'éviter la reconstitution de groupes jihadistes dont les combattants chassés du Mali se sont dispersés dans la région.
A terme, le nombre de soldats français au Mali doit être ramené de 1.600 actuellement à un millier, mais aucune date n'a été fixée.Paris compte par ailleurs déjà un millier d'hommes au Tchad.Un poste de commandement du dispositif au Sahel a été mis en place à N'Djamena où, selon l'état-major, quelques spécialistes sont arrivés récemment.Deux drones Reaper, destinés à la surveillance de la bande sahélo-saharienne, ont également été installés fin décembre par l'armée française à Niamey avec leurs équipes de maintenance.
A ces forces conventionnelles s'ajoutent plusieurs centaines d'hommes des Forces spéciales déployés dans la région, les premières à intervenir en cas de coup dur, sur lesquelles la Défense ne communique pas.
L'annonce du report du basculement du dispositif français, qui doit marquer la fin de l'opération militaire Serval déclenchée en janvier 2013 pour chasser les groupes islamistes armés du nord du Mali, est intervenue le jour même de la visite de Jean-Yves Le Drian en Algérie.Un pays dont la coopération dans le cadre de la "lutte contre le terrorisme dans le nord du Mali" est qualifiée par le ministre français de "déterminante pour la stabilisation de cette région".
Mardi, un responsable des rebelles touareg maliens a affirmé à Rome que son mouvement n'avait "exécuté personne" à Kidal et trois organisations de défense des droits de l'Homme, ainsi que l'expert de l'ONU pour le Mali ont réclamé des enquêtes sur les assassinats commis le 17 mai à Kidal.
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